On lui avait dit qu'il était sans doute mort mais on n'avait même pas trouvé son corps
Pas de tombe pour le pleurer, pas de sépulture pour l'abriter : sans doute Mort...
Alors chaque jour depuis des années maintenant elle mettait son couvert
On aurait dit même qu'à certains moments elle le regardait, le pleurait
Il était là, dans son coeur, dans son esprit, et soudain elle le voyait
Et passait de son temps, avec lui, pour lui, tous les jours
Bien sûr qu'elle ne se taisait pas, c'eut été faire injure à son homme
C'eut été faire injure à son homme que de ne plus lui parler
De ne plus mettre son rond de serviette à table, tant que son coeur battrait
Celui de son homme battrait aussi et elle le regarderait partir au champ
La faux sur l'épaule...
Avait elle mis quelque tranches de saucisson dans son casse-croute ?
Tous les jours...Pas une minute
Pardon pas une minute sans penser à lui et à ce qu'il aurait fait si...
Ainsi ces hommes déchiquetés ne mourraient ils pas, jamais
Et peut être même qu'en un 11 Novembre on allait les voir
Leurs noms sur cette pierre. Pas une minute, non, la journée
On allait y déjeuner, et Georgette de parler de son homme à Paulette
Et peut être qu'on y repensait encore et encore, tous les jours...
Pas Une Minute...
Pas Une minute, mais penser à eux tout le temps
Ainsi sans doute survivaient ces âmes résistantes
Présentes encore dans la folie de ces millions de minutes restantes
Pas une minute elles ne se taisaient en fait
Et sans fracas pourtant elles restaient dans nos têtes
Qu'auraient elles fait d'une minute d'inaction de silence
Ces âmes, tandis qu'on s'habituerait à leur absence
Comme si oubliées par ailleurs
Sans elles nous vivions nos bonheurs ?