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Billet de blog 15 mai 2023

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La défaite d'Emmanuel Macron

Et si E Macron et la majorité présidentielle avaient perdu la bataille des retraites ? Et si, derrière l'apparente "violence du 49-3", il y avait en filigrame la vraie faiblesse d'un gouvernement et d'une majorité aux aboies ?

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Evidemment la défaite d'E Macron n'apparait pas à la première analyse et mon idée semble saugrenue. 

Pourtant à bien y regarder la réforme des retraites voulue et "imposée" par les autorités publiques pose plus de questions qu'elle ne résoud de problèmes.
Au niveau des entreprises et des administrations d'abord : que faire de ce personnel vieillissant  forcément de moins en moins performant au moment même ou la performance au travail semble être devenue l'alpha et l'oméga de l'emploi salarié ? Combien de temps les entreprises vont elles mettre à intégrer ou réintégrer ces milliers de personnes qu'elles avaient pris l'habitude de mettre à la casse avec la bénédiction et les subsides de "Papa Etat" ?
Mine de rien la réforme des retraites, rien qu'à ce niveau, va déjà imposer aux entreprises une véritable révolution copernicienne. Imaginez : il va falloir qu'elles réintègrent "les vieux" et mieux encore qu'elles les remettent au travail !
Ce patronat, si prompt à attribuer des bons points en matière de gestion budgétaire, va t-il voir d'un bon oeil le fait qu'on lui attribue, ou non, des bons points en matière de gestion sociale ? 
Ouf, fini le bon vieu temps des pré retraites !
Et on est là qu'au tout début de la difficulté, parce qu'une fois que les anciens candidats à la retraite vont rester en poste plus longtemps il faudra bien à un moment donné réorganiser les tâches et imaginer qu'on ne peut plus occuper à 60 ans les mêmes boulots qu'à 20 ans, surtout dans les secteurs d'exécution ou nombre de salariés sont déjà considérés comme "inaptes" à occuper leur ancien poste
Le monde du travail contraint de se réinventer : rien que çà ! 
Vous avez voulu la réforme des retraites ? 
Il va vous falloir reconstruire vos chaines de montage, il va vous falloir "mesdames les entreprises" repenser vos organisations, et peut être même réfléchir à d'autres formes de travail ! 
Et çà n'est pas fini. 
Parce que mine de rien, s'il y a réforme, il faudra bien à un moment donné que l'emploi, lui aussi, "s'adapte". Autrement dit que les entreprises (au sens large) changent leur manière de recruter et imaginent de ramener "les vieux" vers le travail. Fini le confortable chômage des 55 ans et plus !
Au boulot, certes, mais avec un travail, un vrai, et une véritable rémunération !    
Combien de DRH et de petit patrons vont devoir se creuser les méninges pour apporter du crédit à cette réforme des retraites ?
Comment les organisations internes des entreprises vont elles être obligées de s'adapter ? 
Et puis, et puis disons le : comment le monde économique va t-il accepter de devoir payer plus cher une main d'oeuvre vieillissante du fait de son expérience, alors qu'elle avait pris l'habitude de remplacer cette dernière à bas coût par des jeunes subventionnés par Papa Etat ? 
Sans compter enfin, le fait que : "des vieux" c'est souvent plus malades, plus fragiles que des jeunes en pleine possession de leurs moyens. Alors va t-il falloir doter tous les opérateurs d'exo squelettes pour qu'ils puissent simplement exécuter leurs tâches ? Et à quel coût ?
En fait, et excusez moi cette familiarité : on n'a pas cessé de rigoler, et ce d'autant plus que ces quelques questions remettent en jeu la crédibilité du politique. 
Si les entreprises rechignent à employer les "cheveux gris" ; si elles cantonnent ces derniers dans des tâches sans intérêt "en attendant que" ; et pire encore si la proportion de chômeurs de plus de 55 ans ne baisse pas drastiquement ; que deviendra la "réforme des retraites" ?
Continuera t-elle d'être le symbole "du sérieux budgétaire français", ou bien plus gravement : l'emblème d'une répression sociale qui n'a pas voulu dire son nom ( une revanche sur 1981)? 
Continuera t-elle de constituer un progrès économique ou deviendra t-elle, avec le temps : un frein à l'amélioration de la productivité ? 
"Travailler encore" disait déjà l'artiste à la fin des années 80, pourquoi pas ? 
Mais en 2023 n'est il pas temps de répondre en coeur à cet appel qui a pu constituer un espoir, en demandant en retour au monde économique et se faisant à E Macron qui semble agir en son nom, s'ils sont vraiment prêts à relever le défi ? 
En d'autres termes l'idée d'une responsabilité sociale des entreprises ne va t-elle pas enfin s'imposer, au point que ces dernières soient amenées à rendre des comptes sur leur gestion sociale et environnementale, et ce en contre partie d'un recul des salariés sur la question des retraites.  
Et ce faisant, cette réforme, tant souhaitée,  ne va  t-elle pas leur coûter bien plus cher que ce qu'elles espéraient économiser ?
En effet, la réforme des retraites  apparait déjà au niveau politique comme un "oukaze" auprès de certains milieux syndicaux qui remettent en cause le fonctionnement de notre démocratie. Alors une telle réforme et surtout la manière dont elle a été conduite ne va t-elle pas tout simp:ement faire le jeu des "aquoibonistes" ? 
C'est dire si l'enjeu dépasse et de loin les quelques milliards qu'il faut mettre de côté
En fait, avec le temps, cette apparente victoire des gouvernants pourrait se transformer en véritable déroute pour l'équipe au pouvoir, dans la mesure où : non seulement elle n'aurait pas rééquilibré les comptes sociaux, mais en plus elle aurait fait le lit d'une Extrême droite qui n'attend qu'un faux pas de sa part pour pouvoir s'imposer...
Un désastre, en fait...

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