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Billet de blog 15 décembre 2018

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il n'y a pas de vent révolutionnaire en France

Allez, çà ne valait pas le coup d'avoir peur, sinon pour s'offrir un petit frisson romantique. Il n'y a pas de vent révolutionnaire en France, et gageons que même la variation des prix de l'essence ne fera plus parler d'elle dans les mois à venir, tant elle est inscrite dans les esprits.

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Tout çà pour rien ? Tout çà pour un pschitt  monumentale ?

Je vous l'avais sans doute dit : il n'y a pas, en France de vent révolutionnaire. La question de l'essence n'était qu'un détail, qu'un petit sujet de fâcherie et personne n'est vraiment prêt au grand soir !

Il y a des motifs de colère, il y a des exigences à poser, il y a des résultats à obtenir et la colère des gilets jaunes était sans doute légitime. Mais qui est prêt à payer ?. Qui accepterait un véritable plan d'éradication de la misère et de la pauvreté sociale ?

Sans doute pas la classe moyenne : celle qui dirige, celle qui pèse de tout son poids dans l'urne ; celle qui a voté Macron justement !

Honnêtement elle, elle n'en a que faire du prix de l'essence, elle est sans doute même prête à payer du moment que ce nouveau trésor permet de limiter la circulation automobile pour  libérer un espace routier par trop étriqué !

Et d'ailleurs, la taxe carbone "abandonnée" réapparaitra sans aucun doute dans les comptes dans les mois à venir !

MAIS ON EN PARLERA PLUS !

Cà fait des années en fait que les classes moyennes décident des choses sans véritablement regarder ce qui gène, ou tout au moins en le traitant par le biais du moins disant. La baisse des charges sociales  sur les bas salaires ? Mais c'est juste un moyen de s'offrir une femme de ménage à moindre coût ! Le recul des impôts (directes bien sûr) ? Cà n'est rien d'autre qu'une manière d'appauvrir l'Etat en lui imposant une politique sociale au rabais ! Mieux : la modération salariale peut être garantie (pour elle) par une rente immobilière qui ne se dément pas et qui est alimentée depuis les années 1990 par une baisse continue des taux d'intérêt, c'est la garantie pour les classes populaires au contraire de ne plus pouvoir se loger, ou tout au moins de griller ses rares cartouches pour pouvoir le faire !

Alors les gilets jaunes ?

Bah ils font bien rire !

Rien que leur couleur apparait comme une hésitation, une forme de non manifeste : ni vert, ni rouge ! Jaune ! Quand on pense aux valeurs qui sont attachés à cette couleur, on est comme un peu désolé de ce choix !

Comment mieux dire que ces gens ne savent pas dire ce qu'ils ont encore à dire ? Ils se rassemblent, ils manifestent encore, mais on a l'impression qu'après s'être fait peur, ils n'oseront plus aller plus loin parce que même chez ces gens là (en fait) : on compte. Leur romantisme révolutionnaire ? Ils l'ont soldé à bon prix : 50 euros par mois et un moratoire sur le prix de l'essence !

On est loin des questions qui brulent les lèvres et qui pourraient mettre la Franee en émoi ! On est loin de la question sociale ! on est loin de la question urbaine ! On est loin de la question écologique, qui reste d'une actualité brulante pourtant !

Ces gilet jaunes qui capitulent maintenant savent ils seulement que leur essence va flamber, qu'ils le veuillent ou non ? 

Eh attention : mon but n'est pas de "casser plus pour gagner plus" mais bien de poser quelques questions sociales de base qui ont été passées sous silence ou vendues à bon prix , et le mouvement des gilets jaunes aurait dû se structurer sur ces questions. Le logement, l'emploi ? la place des handicapés dans la société ? le droit à vivre dignement ?

Rien n'a été proposé ou presque.

Au lieu de cela, le Jaune a, à nouveau (à mes yeux), conservé toute sa valeur, toute sa signification ouvrière de base. Les JAUNES de peur du ROUGE ont repris le "chemin de la sagesse " vendu leur révolte au prix de broutilles insignifiantes en passant à côté du vrai débat social. Comme effrayés par leur propre cacophonie les GJ ont remis leur casque d'ouvrier et de petit patron pour retourner au travail !

Trop sage, trop silencieux en fait, presque terrorisé par sa difformité et son effet de masse, le mouvement des gilets jaunes n'a pas osé, pire s'est effrayé, à l'idée que demain puisse avoir un sens...pour tout le monde. 

Tout çà pour çà ! Quel dommage !

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