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Billet de blog 17 septembre 2025

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télétravail : au coeur des inégalités

Et si le télé travail posait question ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je sais qu'en écrivant cette chronique je ne vais pas me faire que des copains. Nul doute que certains vont dénoncer mon aigreur, ma jalousie, et mettre mes propos sur le compte de...

Pourtant, cette belle révolution du télétravail me pose question !

A priori le télétravail c'est fait pour le travailleur. Le travailleur peut grâce à  cette nouvelle magie rester chez lui et télé travailler en toute sérénité, devant un ordinateur à la condition bien sur de bénéficier d'une bonne connexion réseau. Finies donc les "migrations pendulaires " si chronophages pour un grand nombre de salariés qui peuvent de loin, prendre des décisions, acter d'opérations financières ou techniques en fonction de leurs métiers.

On imagine sans peine la révolution que ce télétravail a induit dans nos vies, et sans doute que pour beaucoup il est désormais synonyme de flexibilité et peut être même de liberté ! A l'évidence pour peu qu'on sache s'organiser, faire cours sans quitter son domicile ; réaliser des réunions à distance, et même déjà opérer dans l'espace sans quitter sa chaise a quelque chose de magique et disons le aussi d'économique, surtout quand on pense aux prix des transports et à leurs éventuelles irrégularités !

Alors chapeau "monsieur Télétravail" on vous doit cette image irréelle de ce télétravailleur au soleil, le teint halé dégustant sa bière devant son ordinateur, avant d'aller piquer une tête après la télé réunion, dans le beau lagon bleu ! Un néologisme est même apparu pour qualifier ce nouveau "damné de la terre" : le "tracancier" ! Le travailleur en vacance ! 

Eh oui le travailleur en vacance, ou tout au moins le travailleur sans le poids direct du travail et ses contraintes !

Encore une fois c'est fantastique !

Reste quand même que cette rupture n'est pas sans conséquence au sein même du monde du travail !

En effet il y a les télétravailleurs, et les autres : ceux dont les taches ne sont pas "télé-travaillables" ! Nettoyer la rue avec une souris, ou. accureillir des enfants dans une crèche est assez difficile à réaliser à distance, convenez en ! En fait, je dirais qu'en dessous d'un certain seuil socio-professionnel le télé travail est une fiction, mieux : une interdiction !

J'enfonce sans doute des portes ouvertes en disant cela, mais qui se penche sur cette autre rupture occasionnée par le télé- travail. Si travailler c'est aussi, énormément même, "faire société", le télé travail induit une rupture sociale absolument radicale : pour caricaturer je dirais que les cadres ne sont plus là, et cette absence a, à mon sens, des conséquences extrêmement lourdes ! Pour la première fois dans son histoire : l'entreprise peut ne plus du tout faire société, ne plus constituer un groupe social plus ou moins homogène !

C'est connu : loin des yeux....

Je sais, le "tracancier" a de multiples raisons pour demander à télé travailler et je n'ai pas du tout dans l'idée que cette situation lui permet de se la couler douce ! Je pense même que certains télé-travailleurs (je pense surtout au télé-travailleuses d'ailleurs) ont des contraintes telles que la vie ne leur est pas plus facile qu'avant ! 

Reste que l'image a la vie dure et que si le télé travail a un tel succès c'est aussi, sans doute parce, qu'il est peut être moins souvent qu'on le croit synonyme de l'enfer sur terre !

Alors si le télé travail a tant d'avantages, comment faire avec les autres, tous les autres, tous ceux dont la tâche ne peut pas se résoudre simplement devant un écran, et qui, du fait de leurs déplacements quotidiens s'exposent aussi à de nombreux dangers souvent sous estimés, notamment les contaminations virales de toutes sortes ? 

En d'autres termes : que vaut la présence humaine, et peut on la dévaluer de cette manière sans créer parmi "les présents" un véritable mécontentement ? 

Peut on, à ce point, oublier ceux qui sont là et en accroitre paradoxalement l'invisibilité ?  

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