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Billet de blog 19 septembre 2018

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Télescopage mortel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En quelques jours des informations intéressantes se sont télescopées sans qu’on puisse faire une quelconque relation entre elles puisqu’elles ont été divulguées par des sources différentes.

La première émanant de notre bon pater patria nous annonçait qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail (tout au moins dans l’hotèlerie). Ainsi le moindre bar du coin, la moindre guinguette aurait été amen de fournir de quoi survivre à n’importe quel esprit entreprenant.

Dont acte.

Le problème c’est que dans le même temps la ville de Paris révélait qu’il devenait de plus en plus dangereux de…traverser la rue justement, et chiffre à l’appui elle soulignait une croissance inquiétante du nombre de piétons tués ou blessés dans les rues de la ville !

Si l’on en croit d'ailleurs le site legipermis Ce sont les piétons et les cyclistes qui ont connu la plus forte augmentation des décès sur la route avec 82 décès supplémentaires, soit des progressions de +15% (piétons) et +7% (cyclistes)en 2016 pire de 2008 à 2016 le nombre global de tués sur la route cachait mal que la part des piétons décédés sur la route était en augmentation ! D'où l'idée selon laquelle : traverser ne serait pas sans risque !

Voilà une donnée « capitale » que ne pouvait ignorer notre Président lorsqu’il a parlé du trottoir d’en face, donnée qui va contribuer à l’affaiblir encore, s’il en était besoin. Même si le fait reste quand même assez rare, on va pouvoir lui rétorquer maintenant l’idée selon laquelle : « traverser la rue : tue ! ».

Moi qui suis parfois tenant d’un certain humour noir je ne vous cacherai pas que j’ai bien pensé au fait que : « traverser la rue » pouvait être un excellent moyen de faire baisser le chômage. On pourrait ainsi accorder une nouvelle aura à nos voitures, si vilipendées par ailleurs, dans la mesure où elles oeuvreraient utilement à faire baisser l’exclusion et disons le aussi : à inverser la tendance lourde du vieillissement de la population !

Le nouveau slogan contre l’exclusion et le chômage pourrait ainsi se libeller cette manière :

« vous êtes sans emploi, ou retraité sans revenu ? Traversez la rue ! »…Oui sûr qu’à l’autre bout il y a une solution pour vous !

Et d’ailleurs sans aller jusqu’à cette extrémité là, le secteur automobile lui-même pourrait tirer parti de sa nouvelle position en se posant comme un secteur phare dans la lutte contre la pauvreté ! Je vois déjà la photo choc et le slogan qui tue :

La marque Quicircule : en tête dans la lutte contre la fracture sociale !

Ou mieux encore : puisque c'est à la mode on pourrait inventer un jeu dans lequel voitures et piétons se rencontreraient afin d'effectuer une pré-sélection "naturelle" des prétendants au monde du travail. Et d'ailleurs pourquoi pas téléviser l'ensemble, un peu comme les courses automobiles ou les pilotes sont des sortes de gladiateurs modernes ? 

Vous êtes choqué ?

Mais voyons, pensez à toutes ces économies qui pourraient ainsi être réalisées :

  • On pourrait d’emblée supprimer tous les feux aux carrefours (surtout dans les quartiers pauvres, bien sûr…)
  • Plus aucune commune n’aurait besoin de rénover les peintures des passages piétons
  • Et on pourrait même dans ces conditions élargir les routes afin de multiplier les chances de…non pardon de circuler plus rapidement et d’augmenter les flux de marchandises ( ah croissance quand tu nous tiens !...)
  • Et puis pendant qu’on y est : vous imaginez l’impact (pardon…) de telles mesures sur le secteur de la réparation automobile, voir de pompes funêbres ? Surtout si, c’est un garage qui se trouve de l’autre côté de la rue !
  • -Ce libelle n’est pas sérieux me direz-vous encore-
  • Non, je n’accuse pas Emmanuel Macron d’avoir eu ce type de pensée, mais qui peut prendre au sérieux l’idée que les chômeurs préfèrent rester dans leur situation que de « traverser la rue ? Est-il vraiment nécessaire de rappeler à la population française que le chômage (et ses conséquences) constituent une des toutes premières causes d’exclusion et de pauvreté ? En d’autres termes gagnera t-on la lutte contre le chômage en insultant et en stygmatisant en permanence les chômeurs ?
  • J’ai entendu dire, un jour, que la marche favorisait la réflexion, pour ma part je n’ai pas d’ordre à vous donner mais je me permettrais quand même de vous conseiller de bien marcher sur le trottoir, par les temps qui courent (décidément les mots...) çà me semble plus prudent…

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