je dois bien le reconnaitre : hier j'ai violé la loi et rompu le confinement auquel j'étais soumis ! Je me suis aventuré à pus d'un kilomètre de mon domicile et j'ai tellement aimé cela que je suis resté pendant plusieurs heures à l'extérieure ! Coupable donc !
Coupable, certes, mais surtout sidéré !
Sidéré parce qu'en quelque mètres j'ai changé d'univers et probablement aussi de sphère sociale et que je suis passé d'un monde ou les fenêtres étaient closes, les volets souvent fermés à un monde totalement ouvert ou les gens faisaient leur jogging, déjeunaient sur l'herbe et semblaient respirer le bonheur d'une après midi somme toute agréable !
Moi qui craignais d'avoir à faire à la maréchaussée dés que je sortirais, j'étais confronté maintenant à un monde de jogger et de vacanciers que je ne m'attendais pas à rencontrer à la frontière de Paris et surtout en plein confinement !
Et là je me suis encore dit que les inégalités sociales avaient bien des avantages pour les gens qui s'en sortaient.
Finalement à voir ce petit monde s'esbaudir dans tous les coins, j'ai à nouveau médité le bon vieil adage selon lequel :"il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade", mais surtout je me suis demandé si, par hasard on ne marchait pas sur la tête ?
En partant, en effet de la théorie admise selon laquelle il fallait à tout pris limiter "les interactions sociales" pour éviter l'extension de la pandémie, je me suis demandé s'il n'y avait pas un renversement bouleversant des valeurs et du respect social !
Alors qu'il était admis jusqu'à maintenant que les gens des cités étaient quasiment des délinquants "par nature", je voyais là, la bonne société française se pavaner sur les pelouses du bois de Vincennes (pourtant, parait il, interdit en ces temps de confinement) ou dans les rues de Saint Mandé sans qu'il soit pour le moins question de distanciation sociale ou de limitation de déplacements ou même de verbalisation !
Etonnant non ?
A l'aune de la société française, sans doute pas. Au fond, dans les premiers temps, c'est plutôt le contraire qui m'a étonné.
Mais au delà de cela ce qui me choque profondément c'est la brutalité d'une réalité sociale qui met à disposition des uns parcs de loisir et espaces verts (sans contrôle ni limite apparente) et laissent les autres enfermés dans le béton des tours avec l'injonction de ne pas en sortir bien sûr!
Aux vernis le bénéfice généreux des investissements publics de divertissement (le bois de Vincennes appartient à la ville de Paris) aux prolos l'horizon morne et sans fin d'un périphérique indépassable, en principe, en ces temps de confinement.
Mais vous enfoncez encore des portes ouvertes cher amis, me direz vous en coeur !
Peut être, mais au moment où l'on parle d'indemnisation, de répartition des coûts, de réparation éventuelle des dommages liés à la crise, voir de "reconstruction", il serait bon aussi que l'on s'arrête encore une fois sur les pertes et bénéfices des uns et des autres !
Il serait bon que l'on distingue de manière un peu plus net ce qui aura été du domaine d'un confinement plutôt carcéral d'un coté et d'un confinement club Méd de l'autre.
Ne serait ce que lorsque l'on sera en position d'évaluer les coûts cachés de ce confinement (notamment en matière de santé mentale) ce sera sans doute un outil essentiel pour mieux prendre en charge ces victimes et les aider enfin à sortir de l'emmurement auquel on les a condamnées.
Ne l'oublions pas, la santé mentale est un enjeu de santé publique qui dépasse, et de loin, celui du corona virus. Faire le bilan de ce dernier sans y inclure toutes les victimes des "déraillements" collatéraux ou des angoisses insupportables, que le confinement aura généré, reviendrait à ignorer encore une fois la brutalité sociale de nos sociétés et marginaliserait encore un peu plus des populations qui n'en peuvent déjà plus de crier à l'aide !