C'est quand même étrange ce pays, la France ! Un pays où l'on conspue à longueur de journée le capital, les entrepreneurs requins, les boursicoteurs, mais où l'on tait la monstruosité de la situation immobilière !
Ah pour sûr, ils sont laids : les pas beaux qui licencient, les monstres qui affament le peuple en le privant de travail ! Les ACTIONNAIRES qui pillent le capital et qui s'en foutent plein les poches à force de dividende et de spéculations douteuses ! A en croire la presse, les badauds, monsieur Toutlemonde, la catastrophe, elle vient d'en haut, des grands bourgeois, des "réducteurs de têtes" qui officient au sein des grands groupes et licencient à tour de bras pour faire du bénèf, du fluzz quoi !
Tiens donc, et si on s'intéressait à la forêt (mince je n'ai pas pensé que c'était aussi le nom d'un grand groupe d'agences immobilières) plutot qu'à l'arbre ? Et si on se posait la question de savoir où passe chaque année 35 milliards d'euros (le budget dédié au logement ) alors que tant de gens éprouvent les pires difficultés à se loger ?
-"vous savez monsieur l'investissement immobilier c'est encore le meilleur moyen de vous assurer une retraite !"
Ben voyons, les voilà nos trente cinq petits milliards annuels ! Ils sont là bien logés eux, au chaud comme on dit, et sans risque s'il vous plait !
Ils ne servent pas à loger les gens, ils ne servent pas à donner du travail ou à créer des activités pérennes, non ils servent à préserver, à conforter la propriété immobilière, une propriété immobilière qui se porte trop bien en France !
-Vous avez besoin d'argent pour rénover ?
Pas de problème : on vous invente la prime Rénov !
-Vous avez besoin d'investir ?
Pas de problème, on vous offre un cadre fiscal et social bien plus privilégié que celui que l'on garantit au travail ! Vous vous épuisiez au boulot ? Nous, si vous votez pour nous bien sûr, on vous garantit que vous pourrez gagner votre vie en dormant !
Mieux, mieux encore, on vous offre une politique au petits oignons pour faire baisser les taux d'intérêts (oui ceux de la BCE !), afin que vous puissiez chaque année voir votre bien se valoriser sans effort, parfois même sans rénovation ! Qu'importe que le prix à payer de l'autre coté soit résumé dans une course effrénée à la productivité ! Qu'importe que les couts d'achats soient si élevés qu'ils hypothèquent bientôt les rénovations indispensables ! Qu'importe que tant de jeunes en quête d'indépendance rongent leur frein !
Oui, oui les actionnaires sont des monstres ! Enfin c'est ce qu'on dit...
Mais que doit on penser de ces gens, pas si peu nombreux qui ont "investi" dans les années 1990/2000 dans la pierre et qui, bon an mal an, ont amassé en euros courants des sommes plus que conséquentes, exonérées, elles, d'impôts et de charges ? ! Que doit on penser de ces millionnaires à bas bruit qui "ne souhaitent pas que l'on modifie la structure économique et sociale de leur petit entre-soi ? Que doit on penser d'un pays qui se plaint que l'on ne travaille pas assez mais qui montre par tous les bouts que ce n'est pas par le travail, et surtout par le travail peu qualifié que l'on a une chance de gagner sa vie ?
Racisme ?
Rationalité économique ?
Ségrégation sociale ?
Que doit on penser de ces gens, pas si peu nombreux, non plus, qui aujourd'hui foutent littéralement leurs locataires dehors, parce que c'est plus rentable de louer à la journée ou à la semaine à RB' haine bi ?
C'est vrai, je l'ai déjà dit dans une chronique il y a longtemps, "les pauvres çà sent mauvais, et çà coute" ("le bruit et les odeurs" JC). Et d'ailleurs j'ai connu une petite ville où l'on remplaçait les commerces alimentaires par des agences immobilières, la preuve que...
Mais que dire de plus ?
Transformons nos villes en déserts ! En Olympiades éternelles ! Mieux faisons en, à l'instar de Venise, des musées vitrifiés, ripolinés, des façades vides, déshumanisées, que l'on paiera bientôt 5000€ la nuit ! A moi le Collélysée ! Oh oui, transformons nos immeubles et nos villes en désert, (çà permettra aux touristes de faire la grâce matinée) et laissons aux ilotes les tentes éparses qui jonchent encore les rues !
Sinon qui, oui, qui donc nous livrera nos repas Délivrenous ?
Oui le fric et le désert pour seul horizon ! Enfin, peut être, nous apercevrons nous alors que la "propriété c'est du vol", parce qu'en finançiarisant le logement, elle aura réduit nos villes et nos villages en conservatoires d'images désuètes, et que nous n'aurons plus les moyens de revenir en arrière !
Au voleur !!!