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Billet de blog 20 décembre 2018

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La ruketanou !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que notre président et son Premier semblent faire acte de contrition à la veille de Noel, en renonçant à une grande partie de leur projets politiques, une part des propos tenus par notre Chef de l’Etat continue néanmoins de m’interroger, dans la mesure où les mots sont souvent lourds de sens et peuvent coûter, à eux seuls, la place éminente que certains occupent.

Tenez prenez par exemple le mot « rue » : cette rue, en effet, qu’il suffisait de traverser pour trouver un job, reste pour moi un mystère et surtout un véritable problème qui dépasse, et de loin, la simple problématique de l’emploi.

Vous savez bien, cher lecteurs, qu’il se passe plein de choses dans la rue, surtout en ville bien sûr. La rue c’est à la fois le lieu de circulation des marchandises et des hommes mais c’est aussi l’endroit où ils reçoivent parfois une éducation, et conçoivent aussi des comportements peu amen d’être répandus dans les milieux économiques normaux. La rue : c’est aussi, parfois le lieu du deal, de la magouille, et de toute manière c’est l’endroit où se développe un langage très particulier, peu en usage dans la sphère de l’économie. Bref, la rue c’est peut-être la Mecque du commerce, mais c’est aussi et surtout en France : le lieu de la révolte, de la colère et en dernier lieu celui de la révolution. N’en doutons pas une seconde : c’est parce que le peuple est dans la rue que les députés du Tiers finissent pas adopter l’Egalité civile, la liberté (notamment du commerce)et j’allais l’oublier L’EGALITE DEVANT L’IMPOT !

Bref la rue c’est le désordre, le chaos…La guerre ?

Etait-ce donc de cette rue là dont parlait E Macron ?

Je ne pense pas et sans doute que pour « faire simple », pour en paraitre issus justement E Macron, s’est, comme d’autres avant lui, paré du langage du peuple, pour faire croire qu’il en était proche.

S’est il rendu compte, après coup, ce que ce parti pris avait de vexatoire ? 

Il est probable que non, et vu le nombre de gaffes assez énormes que celui-ci a pu prononcer à l’encontre du peuple, il n’est pas impossible qu’il ne se soit pas aperçu  du fait que ce peuple avait une haute conscience de lui-même et de son histoire. Contrairement à une doxa largement répandue, il est en effet probable que « la plèbe » actuelle est moins illettrée, moins ignorante, que ne l’imagine notre  président, surtout en ce qui concerne Son Histoire, et porter atteinte à l’identité d’un groupe social, est souvent une des fautes les plus graves que l’on puisse commettre quand on est un responsable politique au combien éminent !

Mieux, il est certain que ce peuple possède aussi ses codes, sa méritocratie.

Allez contre, même si cette « élite apparait bien petite, au regard des hautes sphères que côtoie chaque jour un chef d’Etat, c’est comme attacher à ses bottes cette masse informe qui finit par vous empêcher de marcher !

Voilà donc un faux pas symbolique que le peuple n’est pas près de lui pardonner, et ce d’autant moins que, mine de rien : « traverser la rue » c’est aussi « changer de trottoir » avec toute la symbolique que çà entraine. Changer de trottoir, parler au patron, en acquérir les codes, le jargon, comment mieux symboliser la trahison, et une trahison qui ne s’assume pas, dans la mesure où « par le biais de ce stratagème on passe dans la haute ! On change d’étage !

Ah là là, il parait que nos dirigeants font appel le plus souvent à des spécialistes de la communication, mais si c’est le cas pourquoi ne s’entourent ils pas aussi d’historiens et de linguistes ! Pourquoi n’apprennent ils pas à parler avant de communiquer ? Chaque mot a des quantités de sens, il peut même parfois vouloir dire le contraire de que ce qu’il indiquait deux lignes plus haut en fonction du contexte dans lequel il est utilisé ! Savoir les « peser », les moduler, et avant tout les apprivoiser pour soit même, devrait être un exercice obligatoire pour tous ces êtres froids qui se veulent des « montres politiques ».   

E Macron, hélas, ne semble pas avoir saisi le poids des mots dans un cursus politique : il dirige comme on gère, bref il manque, semble-t-il, plus de cœur que de milliards (et il vient d’en faire la triste démonstration en cédant aux Gilets jaunes), et c’est en cela surtout qu’il apparaîtra dans l’histoire comme en rupture avec des Mitterrand ou des Chirac, qui ayant tous deux trahi leur électorat populaire, ont pourtant su se faire réélire triomphalement ! Faute de cœur, et malgré la sincérité de son action (ce dont je ne doute pas), E Macron passe déjà pour un des présidents les plus impopulaires de la V° république, et bientôt, un peu comme Valéry Giscard d’Estaing , il risque d’être rangé au rang de ces prophètes…inaudibles.

Peut il s'offrir (et la France avec lui) le risque d'une telle déroute ?

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