je sais que j'ai déjà publié un billet hier à ce sujet, mais, mais justement c'est parce que les contre exemples pullulent qu'il faut bien remettre en cause cette théorie du ruissellement. Et franchement si on a bien un contre exemple venant contrarier cette fine théorie, c'est bien dans l'immobilier qu'il faut le trouver.
Pensez : l'immobilier, après l'alimentation, est sans doute un des secteurs les plus cruciaux de la vie : pas d'habitat / Pas de survie !
Or s'il est quelque chose de choquant dans notre pays c'est bien la situation immobilière de la classe moyenne au regard des difficultés de logement que rencontrent les catégories populaires !
En effet, notre pays a transformé les petites maisons qui pullulent dans nos banlieues en bas de laine confortables pour les plus favorisés qui peuvent se dire propriétaires, tandis qu'il faut de plus en plus de temps...et de relations pour obtenir un toit, chez les plus modestes et les plus jeunes !
Si donc la théorie du ruissellement fonctionnait les propriétaires auraient dû "appeler les propriétaires" et nos enfants guidés par une dynamique générale de ruissellement seraient devenus propriétaires de plus en plus jeunes, et de manière de plus en plus importante !
Autrement dit, en mangeant de l'immobilier on aurait encore eu plus envie (et la possibilité) d'en manger !
Le désastre actuel, en matière de logement, démontre à quel point la richesse des grassouillets augmente de manière dramatique la pauvreté des exclus ! La richesse et l'enrichissement des propriétaires, qui alimente prétendument la croissance, provoque ainsi à chaque fois l'exclusion croissante des jeunes et des milieux modestes !
Dans ce secteur, l'absurde théorie du ruissellement fonctionne même à l'envers, puisque si l'on en croit les propriétaires installés "leur richesse n'est que théorique" dans la mesure où dans les secteurs tendus, on ne peut plus vendre sans avoir la certitude de pouvoir racheter !
Dommage !
Alors ?
Alors prenons garde.
Il n'y a pas, comme je l'ai démontré dans mon article précédent de rapport évident entre l'enrichissement de certains et l'enrichissement général ! Pire, le retour de la croissance risque de donner aux passagers de la 2CV, qui avance pourtant, la triste certitude qu'ils reculent lorsque la Porsh qui les doublera effacera littéralement leur existence !
Attention donc, ce retour de la croissance et surtout d'une éventuelle croissance forte paradoxalement présente un risque réellement majeur pour notre société !
La richesse, si elle n'alimente que les riches, si elle n'est pas accompagnée d'une réforme profonde des modalités de la répartition, ne servira qu'à alimenter la rancoeur et la contestation ! Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'à chaque printemps on voit ressurgir la contestation "jeune" (On compte chez eux 30% de chômeurs et peut être encore autant de pauvres )
Tiens : ceux là même qui sont exclus de l'immobilier ?
Cette pauvreté est certes contenue par la redistribution intergénérationnelle (quand elle existe), mais vers quelle société voulons nous aller ?
A quoi doit servir la croissance ?
Peut on tolérer que celle ci alimente et accroisse en retour la pauvreté ?
Quelle légitimité pourront conserver les propriétaires "enrichis" si le gap entre eux et le reste de la population ne cesse de croître ?
Aïe aïe, et si notre croissance servait plus, en fin de compte, à alimenter la colère qu'à faire ruisseler les richesses ?