Voilà c'est fait j'vous ai tout dit. J'ai vécu durant des années de ce que certains nommeront "la charité publique" et à leurs yeux justement j'apparaitrais sans doute comme un de ces parasites qu'ils dénoncent à longueur de propos !
Une fois fait ce constat désastreux je voudrais quand même rappeler quelques points qui me semblent important à propos de ce que les gens honnêtes appellent "parasites".
Premièrement d'après de nombreuses études faites dans le domaine : la moitié des sans emplois ne seraient pas rémunérés pas les Assedics et ne dépendraient en fait que du système de solidarité nationale. Autrement dit ,ils percevraient en moyenne de l'aide sociale RSA ou ASS (allocation de solidarité) quelque 500€/ mois soit quelque 16€/ jour !
Je vous le concède : une fortune !
Enfin, une fortune...
Une fortune si on ne va pas à la poste tous les deux jours pour envoyer des lettres de candidatures.
Une fortune si on ne se déplace jamais à un rendez vous en vue d'un entretien professionnel d'embauche, ou dans le cadre d'un contrôle de pole emploi !
Une fortune quand la voiture n'est jamais en panne ou que les fuites dans la maison n'ont pas encore provoqué des drames...
Oui, oui vraiment une fortune, je l'avoue : avec l'équivalent de ces 560€ d'aujourd'hui, j'allais tous les jours...manger au resto U (devinez pourquoi...). Je faisais de l'auto stop quotidiennement et préférais cette solution pour me rendre à Paris parce qu'elle me coutait quand même bien moins cher que le train !
Je vous le concède encore je nageais dans le bonheur et ce d'autant que j'étais hébergé... par mes parents !
Une aubaine !
Que demander de plus ?
Bah voilà je vais vous dire moi :
Au bout de trois mois qui en fait étaient des mois de convalescence, j'ai repris n'importe quel boulot.
Des cours à domicile, des vacations en magasin (animateur commercial, merchandiseur...), j'ai même, même accepté une mission d'agent de sécurité, un comble pour un p'tit gros !
En gros sur trois mois et demi j'ai gagné une véritable fortune : 3200 € (en équivalent aujourd'hui) !
Oui sauf qu'au bout de cette période j'ai reçu plusieurs notifications :
1 lettre de la CAF m'informant que je ne pouvais plus bénéficier du RMI ( j'étais devenu trop riche !)
2 une lettre des ASSEDICS m'informant que je n'avais pas assez travaillé pour bénéficier d'une allocation chômage !
Epuisé par le travail et l'opération grave que j'avais subie Cinq mois plus tôt, j'ai perdu mon emploi...ET MES RARES REVENUS (d'ailleurs assujettis comme n'importe quels salaires aux cotisations sociales !)
N'en doutez donc pas, je suis contre, mais alors absolument contre le "travail à tout prix" ! J'ose même croire qu'un jour saisie par la grâce notre humanité cessera de faire du travail l'alpha et l'oméga de la vie sociale ! Sur ce point, au moins, je ne crois pas du tout au macronisme, parce qu'à mon sens, il y a des choses qui sont encore plus humiliantes que le chômage : comme celle qui consiste par exemple à côtoyer des collègues qui pour le mème travail sont payés 30 à 60% plus que vous...Ou à travailler dans une ville qui ne vous offre aucune perspective en matière de logement ou d'intégration sociale !
Et puis sérieusement, au final, j'ai consulté aussi mes éventuels droits à la retraite et là, là encore, on me dit et redit : "vous n'avez pas assez travaillé"!
Bien sur que je n'ai pas assez travaillé ! Mais qu'aurais je dû faire dans une société qui ne voulait pas de moi alors même qu'on m'affirmait :" mais vous savez monsieur vous vous plaignez à raison, seulement hélas vous n'êtes pas le seul dans ce genre de situation !"
Oui, pas le seul, !
Nous avons un système social qui nous coutent des milliards et nous ne sommes pas en mesure d'assurer un minimum social décent à ceux qui ne peuvent pas ou plus travailler ! Nous avons un système social qui nous coutent des milliards et les plus faibles en sont éjectés !
Ils n'avaient qu'à payer leur écho au système me diront mes détracteurs, mais justement leur en a t-on donné l'occasion dans un pays qui s'est vécu de plus en plus sans usine, sans personnel, et bientôt même avec le télétravail, sans sièges sociaux ?
C'est ma faute, je le reconnais encore : sans emploi durant des années j'ai activement participé aux délocalisations !
C'est ma faute , je le reconnais encore : sans emploi durant des années j'ai activement participé à ruiner le système social !
C'est ma faute , je le reconnais enfin : par manque d'une vraie qualification et de capacités sans doute amoindries, je n'ai jamais réellement participé à l'effort national que notre président semble appeler de ses voeux...
Voilà donc, c'est ma faute, uniquement ma faute, et sans doute que beaucoup de gens pourraient écrire la même chose que moi ! Seulement voilà, en mon nom et en leur nom collectif, je demande aux gens intelligents ce qu'il aurait fallu faire, et au delà de ma petite chapelle, j'ai envie de les interpeler à ce sujet : que comptez vous faire lorsque les générations chômage vont durement vieillir et qu'elles ne seront plus capables de se maintenir dans la société du travail ?