Rien n'est moins sûr et j'irais presque jusqu'à dire qu'en matière de protection sociale : selon que vous serez riche et bien portant ou pauvre et malade...
On le sait aujourd'hui nous comptons nombre d'ayant droits et la thématique des droits acquis pose souvent problème. Peut on comme le disent certains observateurs considérer qu'il y a des gens qui ont des droits et qui de ce fait dépensent et d'autres eux, qui n'en ont pas ?
Dans un pays comme les Etats Unis où la sécurité sociale et la retraite dépendent étroitement de caisses privées, auxquelles chaque assuré cotise ou non, on peut penser que cette logique a du sens ! J'ai cotisé, j'ai des droits ! J'ai droit parce que pendant que des cigales supposées dépensaient tout leur argent, moi, je m'achetais ma retraite ou ma protection sociale. On notera d'ailleurs que tous les employés des Etats Unis n'ont pas de sécurité sociale et par conséquent ne cotisent pas, ce qui les fragilisent bien sûr, mais leur offre peut être plus qu'en France un accès à l'emploi !
Le problème, en effet, c'est qu'en France la cotisation est obligatoire. Dés qu'on a un travail ((légal j'entends) on doit cotiser, et ces cotisations ne sont ni le fruit de négociations individuelles, ni le choix du travailleur, ni même le choix de l'employeur. Ainsi peut on dire qu'en France, la cotisation est pratiquement indépendante du choix des individus !
Là encore il ne s'agit pas pour moi de contester ce fait mais de m'interroger :
Nos débats actuels sur les retraites laissent face à face deux camps : employeurs d'un coté / salariés de l'autre. Mais il oublie de nombreux paramètres : il oublie en particulier les non salariés et les précaires, mais aussi, si j'ose dire les salariés non nés qui cotiseront eux demain et paieront ou non les retraites de demain !
En quoi sommes nous donc garantis, aujourd'hui, que les salariés de demain ne remettront pas en cause notre modèle social ?
Si c'est le cas, et que des salariés moins nombreux exigent des conditions de redistribution plus strictes, que restera t-il de nos cotisations passées ?
...
La question vaut dors et déjà d'être posée parce qu'au fond le salariat n'est pas un modèle économique forcément pérenne ! Que se passera t-il si demain le salariat disparait ou simplement se raréfie ?
Plus de cotisation sociale : plus de redistribution...
Ridicule ma prospective ?
Mais voyons, il n'y a qu'à regarder vos lignes de caisses dans les magasins, il n'y a qu'à vous tourner vers tous ces "auto-entrepreneurs" qui peuplent désormais nos rues et crèvent de faim pour nous ramener nos courses à domicile !
Non salariés ou sans salariés les entreprises tournent, et jouent à : "qui paie le moins, gagne le plus"
Ainsi tout ce qui ne pouvait pas être automatisé a été externalisé ou délocalisé et ce au dépend de notre protection sociale ! Toutes les chaines de montage, hier symbole de l'exploitation de l'homme par l'homme, ont disparu, et désormais même nos femmes de ménage ne paient plus leur protection sociale à leur prix !
Le salariat meurt ou se meurt, comme on veut, mieux on l'exempte de charges sociale (au nom de sa protection ) et ce qui est certain c'est qu'il ne paie plus assez pour remplir les caisses à lui seul !
Aussi, nos ayant droits d'aujourd'hui sont ils encore protégés, et encore, mais ceux de demain ? Autrement dit : ceux qui cotisent aujourd'hui : quelles garanties, alors qu'on leur assène en permanence qu'il leur faudra demain travailler plus pour gagner moins ?
Autrement dit la protection sociale est elle rentable ?
Pas sûr
C'est d'autant moins sûr que cette protection sociale est accusée par tous les observateurs de chasser les plus fragiles du monde du travail. Le SMIC trop taxé, est trop souvent trop couteux pour les employeurs, alors même qu'il n'est pas attractif pour les salariés !
Pourquoi dans ces conditions aller travailler ?
La question vaut d'autant plus d'être posée que pour le coup les précaires sont quasiment assurés d'être les dindons de cette farce sociale ! Taxés dés la première heure ils voient disparaitre une bonne part de leurs salaires sans obtenir en échange la moindre garantie pour l'avenir ! Mieux, si l'engagement qu'ils prennent à aller travailler pour rien, leur sert de marche pied pour entrer enfin dans le monde du travail, ils pourront passer par perte et profit leur cotisations sociales passées qui ne leur ouvriront aucun droit à quoi que ce soit ! Ainsi le Monde pouvait titrer il y a quelques années déjà : "le travail ne protège plus forcément de la pauvreté ", on serait tenté de dire que "la protection sociale étouffe ceux qu'elle est censée protéger en priorité. et ne remplit plus son contrat de base : protéger le salarié de la naissance à la tombe " !
Bon, est ce que j'ai des solutions à ces problèmes ?
Je n'oserais pas les exposer ici, encore qu'à mon avis il est scandaleux que la protection sociale continue de ne reposer que sur les salaires, un phénomène qui participe à la disparition des salariés et à l'écrasement de la pyramide des salaires !
Cependant, je me permettrai d'attirer l'attention du public sur la vague de vieux pauvres qui va déferler sur notre pays ! Empêchés de travailler, exclus des entreprises parfois pendant des années, mal accompagnés pendant leur vie professionnelle, nombre de petites gens sont dors et déjà condamnés à la misère dans les années qui viennent du fait même des crises de l'emploi que nous avons traversées depuis les années 1970 ! En prétendant baser les droits sur le travail, nous avons oublié de garantir le travail pour tous...Or même en retournant vers l'emploi après quelques années "d'errance" les précaires feront une croix sur leur avenir !!
Que vont donc devenir tous ces gens, "une fois l'hivers venue" ?
La protection sociale oubliera t-elle ses enfants au risque du discrédit le plus total dans l'opinion ?
Il est plus que temps d'y réfléchir si l'on veut conserver quelque crédibilité au dialogue social tout en rassurant les cotisants futurs !