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Billet de blog 31 octobre 2025

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à propos d'égalité

Le ruissellement ment.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous vivons dans une drôle de société quand même. Une société qui prétend en permanence valoriser la valeur travail et qui affirme sa volonté de voir les gens travailler plus, alors même qu'elle s'acharne à  sacrifier le travail et en particulier le travail faiblement qualifié sur l'autel du capital ! 

Ainsi, s'il est courant d'affirmer que la réussite est le fruit du travail, nous vivons aujourd'hui dans une société d'héritiers et de rentiers, y compris au sein de la classe moyenne.  C'est connu depuis des décennies, en effet, les classes sociales ont une large tendance à se reproduire, et les patrimoines participent de plus en plus à l'élévation de la richesse individuelle, richesse qui se transmet de génération en génération (n'est ce pas madame Betencourt ?)  ! 

On peut déplorer ou justifier cet état de fait et qu'importe.

En revanche, ce qui me parait discutable, c'est l'impensable inégalité de ces revenus devant l'impôt et la protection sociale !

Je sais bien qu'en théorie plus on est riche plus les mécanismes de l'impôt progressif tendent à corriger l'accroissement des richesses. Cependant, lorsqu'on tient ce discours et qu'on affirme avec force la lourdeur de l'ISF et consort, on passe sous silence les recettes multiples et variées qui permettent d'éviter l'impôt, et même parfois les cotisations sociales. Ainsi, pour ne parler que d'un cas ancien que j'ai connu, mes grands parents assujettis à l'ISF ont réussi à effacer d'un simple trait de plume les cotisations sociales patronales qu'ils versaient au titre de l'emploi à domicile de leur gardien !  -cadeau !- Il s'agissait pourtant d'une dizaine de milliers d'euros par an, reportés sur...la collectivité !

Bah voyons.

Combien sont ils ainsi comme çà à utiliser toutes les failles du système  pour réduire la note, peut être même à demander des remboursements pour des trop perçus tout théoriques en fait ? 

Dans la discussion budgétaire qui s'éternise, les députés prennent ils le temps d'analyser avec soin ce qui ressort de l'absolue nécessité d'un coté, et ce qui constitue des effets d'aubaine insupportables de l'autre?

Qu'on accorde à la classe moyenne des crédit d'impôt pour l'achat d'une voiture neuve, alors même que l'automobile tend à massivement délocaliser ses usines est il judicieux ? Qu'on laisse l'ensemble de la population déduire de sa feuille d'impôt toute une série de dispositifs, d'avantage en tout genre et de frais hallucinants, est il encore justifié ? Qu'on paie sur fond public, la protection sociale de la femme de ménage de monsieur Tartenpion, est ce normal, et surtout en avons nous encore les moyens ?  

Bien sûr qu'à ce jeu là les mieux documentés, les mieux conseillés, sont toujours les grands gagnants.

Tout ceci pour dire quoi me demanderez vous ? 

Tout ceci pour dire que ma grand mère qui hurlait contre l'ISF avait sans doute tous les moyens à sa disposition pour en réduire, voir en annuler l'impact et que des gens comme BA les utilisent sans doute sans aucun complexe.

Et d'ailleurs sont ils les seuls ? 

A n'en pas douter, et au regard du développement du métier de conseiller fiscal, remplir sa feuille d'impôt, pour la classe moyenne, est encore un moyen de "gagner de l'argent" , un moyen bien plus rentable que celui consiste à aller pointer à l'usine tous les jours !

Alors oui, sans doute faut il travailler plus. Oui, sans doute faut il travailler plus longtemps pour équilibrer notre comptabilité nationale et permettre une très hypothétique croissance. Cependant, si on demande au monde du travail un certain nombre d'efforts, comment pourra t-on, en effet,  justifier cet évitement de l'impôt qui ne concerne pas, et de loin, que les plus aisés, et surtout pourra t-on continuer de passer sous silence toutes ces recettes qui aboutissent à annuler l'impact de la fiscalité ? 

Dans le débat public qui nous préoccupe tous, il est temps d'apporter un peu de transparence et de justice tant on nous démontre ces dernières années (à force de cadeaux en tout genre ) combien le ruissellement ment... Si dans toutes les niches il y a dit-on un chien, il faut se rappeler aussi que même lorsque celui ci aboie, la caravane passe. 

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