Or donc, Michèle Martin, complice et comparse de Marc Dutroux dans la terrible affaire du même nom, va probablement être l'objet d'une libération anticipée. Notez que ce n'est pas encore fait : l'avocat des familles victimes a introduit un recours à la Cour de Cassation.
Il s'agit, je pense, de garder la tête froide et ne pas tomber dans l'amalgame. Martin a eu une conduite abominable. Ce qu'elle a fait (et surtout peut-être ce qu'elle n'a pas fait) l'a privée à juste titre d'aucune circonstance atténuantes. Et pourtant, oui, j'ose le dire, sa culpabilité ne peut pas être confondue avec celle de Dutroux. Il y a une différence énorme entre le manque de courage d'une femme qui a préféré voir des enfants souffrir et mourir et la mise oeuvre sadique et narcissique d'un voleur d'enfants, pervers et narcissique. La Justice a condamné (et elle devait le faire) Michèle Martin a une très lourde peine.
Et pourtant, accepter cette mise en liberté anticipée est probablement le meilleur moyen de montrer que nous refusons l'amalgame entre Martin et Dutroux. Accepter cette mesure, c'est accepter que les choses horribles sont parfois commises par des gens dont l'action et les intentions sont différentes. Et faire passer cette femme d'une cellule de prison à la chambrette d'un couvent est probablement le signe dans lequel nous pouvoir exprimer notre refus de l'amalgame.
Je connais les soeurs clarisses de Malonne chez qui doit atterrir Michèle Martin. Leur vie est toute simple mais elles savent ce que "accueillir" veut dire. Elle n'ont certainement pas accepté d'héberger cette prisonnière sans avoir beaucoup réfléchi. Michèle Martin ne pourra pas y faire ce qu'elle veut, croyez-moi bien. Mais elle pourra donner ses cours d'Alphabétisation depuis le calme et le silence d'un lieu de prière plutôt que dans le tohu-bohu d'une prison. Oui, car cela aussi doit entrer en ligne de compte. Michèle Martin a accepté de mettre ses talents d'institutrice au service des plus pauvres et des plus rejetés. Chez Dutroux, ce choix est impensable...