L’évolution d’une grande partie des chrétiens en France me pousse à exprimer le regard que j’ai là-dessus.
Pour ces chrétiens, tout est permis désormais : traîner le pouvoir politique dans la boue, se faire intransigeant en matière d’éthique et de morale, exiger la démission du Président de la République… Soit ! Mais aussi : crier des slogans nazis au « Jour de Colère », monter en épingle chaque évènement qui peut être présenté comme de la « cathophobie », diaboliser tout ce qui n’est pas 100 % chrétien, faire croire aux ouailles qu’un grand complot franc-maçon se met en place et a comme but de nier les identités d’homme et de femme. Tout cela, bien entendu contre l’Eglise. Ce complot dont on ne connait jamais les membres et dont on se demande vraiment quel avantage il aurait de fondre les deux sexes en un seul travaille aussi dans les écoles, dans le Parlement et le Sénat, les associations, la presse… etc.
Cette haine m’est insupportable et je me suis demandé pourquoi en étions-nous arrivés là. Tout a commencé, il me semble, le jour de l’élection de François Hollande. Ce jour-là où la gauche reprenait le pouvoir a été comme le déclencheur d’une autorisation de haïr. Avec les encouragements explicites d’une partie de l’Episcopat Français et du clergé de l'Eglise de France, tout pouvait être dit et fait. Et l’on se permit de haïr. Haïr le pouvoir et ses représentants, haïr toute la gauche, haïr les homosexuels et ceux qui voulaient leur permettre un peu plus d’égalité en les faisant accéder au mariage. Haïr les ministres, haïr les réformes qu’ils mettent en place, haïr la police, haïr les gens de couleur, les opposants à l’Eglise, haïr les chrétiens « progressistes » (Je me demandais ce que cela voulait dire. J’ai trouvé : tout chrétien qui n’est pas comme eux). Haïr les agnostiques, les athées, les incroyants, les croyants d’autres religions. Les prêtres les accompagnants, ils avaient l’aval d’une autorité ecclésiastique et ils ne se sont privés de rien. Tout leur est permis.
Ces prêtres, ces évêques sont, aux yeux de beaucoup de chrétiens, coupables d’avoir créé et encouragé un climat d’intimidation permanente et généralisée. On s’exprime sur les réseaux sociaux, sur You Tube, dans la presse et même parfois dans les églises… Ils sont persuadés que l’ancien régime était mieux que la République et rêvent d’une Contre Révolution symbolisant leur rêve par un R inversé que l’on voit partout maintenant sur le net. On voit même l’impensable : des prêtres dont les prêches et les interventions n’ont plus rien de spirituel. Tout pour eux, et depuis des mois, se réduit à la création de ce climat de haine, épinglant chaque fait de l’actualité politique comme signe de renversement. Le Président est traîné dans la boue et ses ministres sont décrits comme ceux qui veulent détruire l’Eglise.
Descendre dans la rue est dès lors l’autorisation de tout se permettre. On invite donc n’importe qui et les enfants en premier lieu à ces Manifs « pour tous » où le désir secret est que chacune d’elle deviennent insurrection populaire.
Une de leurs caractéristiques est aussi de ne pas avoir beaucoup d’arguments. Mais rien ne les arrête : le permis de haïr fait suivre les arguments d’injures, d’insultes, de dérision ou d’attaques personnelles, sans que leurs prêtres ne disent rien. Ceux-ci d’ailleurs ne se privent pas de tomber eux aussi dans ces excès.
Ce gâchis ne pourra s’arrêter que si dans les chrétiens, un grand nombre décident de ne jamais haïr même si des autorités ecclésiastiques le permettent, de rester dans le respect et même l’amour, de ne jamais mettre une partie de l’humanité au ban de la société, d’oser prendre la parole pour dire « Non, je reste dans l’Amour », de rejoindre les chrétiens qui agissent pour une meilleure intégration des homosexuels dans leurs familles, qui ont décidé d’accompagner des mourants, qui viennent en aide aux jeunes filles enceintes en détresse, qui agissent dans leur vie de tous les jours avec charité, qui ne vocifèrent pas des slogans haineux mais qui parlent avec amour et respect, qui, en cas de tension, privilégient la prière et le dialogue plutôt que les manifestations de rue… Bref qui décident de vivre l’Evangile.
Je suis conscient que ce petit texte va provoquer peut-être des réactions très hostiles. Mais, en y réfléchissant, je trouverai cela très bien. Cela montrera à mes lecteurs ce dont je voulais parler.
"Père, pardonne-leur ; Ils ne savent pas ce qu'ils font." (Luc 23 : 34)