Amis Français, certains d'entre vous le savent : vous ne m'avez déçu qu'une seule fois dans ma vie de francophile : c'est le jour où vous avez porté Sarkozy au pouvoir. C'était une très grosse bêtise et vous l'avez payé bien cher et les conséquences négatives de cette erreur fatale agissent encore aujourd'hui pour beaucoup d'entre vous.
Je croyais que ce n'était qu'une exception, cette errreur... que vous alliez en tirer les leçons... Et le fait de choisir une autre Président et une autre majorité parlementaire était pour moi le meilleur des signes... Comme je vous apréciais de l'avoir fait !
Mais voilà, depuis quelques semaines, mais de plus en plus fort, vous êtes en train de me décevoir une deuxième fois. Il s'agit de la façon dont se passe,chez vous, le débat sur le mariage pour tous. A mes yeux, c'est vraiment lamentable. Voilà une loi qui donne à une minorité de Français le droit de s'unir pour la vie devant le Maire sans rien enlever à tous ceux qui bénéficiaient de ce droit depuis la nuit des temps... Qu'ont-ils donc de moins, que perdent-ils, les Barjos, Guaino, Coppé avec le vote de cette loi.
Je vous reproche entre autres de ne pas être allé voir comment cela se passe à l'étranger. Chez nous, en Belgique, le débat parlementaire avant le vote de la loi a été d'une richesse inouïe et dans le respect le plus total. Les chefs de groupes avaient décidé de ne pas donner des consignes de votes à leurs élus. Chacun a donc voté d'après sa seule conscience. Les parlementaires chrétiens ont pu voter contre et ils ont reconnu leur "défaite" avec beaucoup d'humanité... Depuis, on marie les époux de même sexe comme les autres. Tous les couples homosexuels ne choisissent pas le mariage. Certains ont fait ou font ce qu'il faut pour avoir des enfants, d'autres pas. Et personne, en Belgique ou ailleurs, n'a demandé de se marier avec sa chèvre (suivez mon regard) ou avec sa poupée gonflable.
Ce que je dis sur la Belgique est vrai aussi dans tous les autres pays où le mariage pour tous a été voté. Vous semblez vous considérer au-dessus du lot, comme si les idées ou les questions naissant dans vos têtes n'avaient jamais éclos à l'étranger. Comme si vous étiez le premier, le seul, à poser les vraies questions et les vraies réponses... Pauvre de vous. Je reconnais chez vous habituellement un immense talent pour débattre et pour polémiquer. Mais ici, vraiment, vous battez les records dans le sens inverse... J'en suis vraiment très tristes.
J'en veux particulièrement aux chrétiens. Je peux le faire puisque je le suis. Dans l'Evangile, on ne dit rien, rien du tout de l'homosexualité. C'est un des domaines où le Christ laisse la parole à son Eglise. Et si l'Eglise dit que le mariage ne concerne que l'union d'une femme et d'un homme, elle n'a jamais demandé d'empêcher les non-chrétiens de donner une autre définition du mariage. Au contraire, elle dit explicitement de respecter les homosexuels et les non-croyants. Vous inventez un commandement de Dieu ou de l'Eglise qui n'existe pas.
Et puis, puisque apparemment vous découvrez enfin que descendre dans la rue est quelque chose de bien et d'enthousiasmant, pourquoi ne vous ai-je pas vu lors des manifestations "Don Quichotte" pour les sans abri ? ou celles qui protestaient pour ces dizaines de milliers de travailleurs réduits au chômage par des patrons inhumains ? Pourquoi ne vous-ai je pas vu exiger une augmentation du SMIG ?... etc. Pourtant, là, il y a un commandement de Dieu que l'Eglise n'a jamais renié qui est très explicite, non ? Je vous le rappelle : "Tout ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25 : 40) et celui qui a dit cela avait deux pères : un terrestre et un céleste. Il était né aussi dans le ventre d'une femme qui n'avait pas été fécondée "naturellement", non ?
J'ai honte que de voir ces soit-disants chrétiens qui prient dans la rue avec la haine au coeur. J'ai même envie de dégueuler quand je les vois.
S'il vous plaît, arrêtez ce jeu dangereux. Votez cette loi et vous verrez que rien de grave n'arrivera. Rien. Non rien.