C'est un article lu dans "Le Monde" la semaine dernière qui a donné le départ à cette petite réflexion. L'auteur de l'article, Jérôme Jaffré, y présente une nouvelle interprétation de l'action de M. Sarkozy depuis quelque temps. En gros, il dit ceci : Nicolas Sarkozy n'est pas un imbécile. Il sait qu'il est impopulaire et il sait que son attitude dans l'affaire Woerth, dans le démantèlement des camps de Roms et plus largement dans la question de l'insécurité, le rend plus impopulaire encore. Alors pourquoi continue-t-il à alimenter de la sorte son impopularité ? Et bien dit Jaffré, c'est bien simple. Sarkozy a les yeux fixés sur 2012. Et pour gagner un deuxième mandat présidentiel, il veut tenir compte de l'histoire. Il se rappelle en particulier des élections présidentielles de 1995 et de 2002. Les candidats Balladur et Jospin avaient, au départ, une belle tranche de popularité. Et pourtant, l'un comme l'autre ont été éliminés dès le premier tour. Par contre, Jacques Chirac, qui était avant la campagne électorale au plus bas de sa popularité a fini par être ré-élu. Son but n'est donc pas d'être populaire en permanence, mais de l'être au bon moment : la campagne de 2012.
En lisant cet article, je me suis rappelé quelque chose qui s'est passé ici au début des années 70. Un homme politique belge, M. Paul Vanden Boeynants, qui avait été ministre et même premier ministre du gouvernement belge a plusieurs reprises fut l'objet de poursuites judiciaires. A alors commencé pour ce brave homme un véritable Golgotha judiciaire : accusé de malversations multiples, de conflits d'intérêts, de fraude fiscales, il multipliait sa présence au Palais de Justice. Il fut condamné plusieurs fois. On aurait pu croire que tout cela diminuerait sa popularité... Et bien non, c'est tout le contraire qui s'y passait. Plus il était condamné, plus les sondages révélaient "l'estime" des Belges à son égard. Par la suite, d'autres affaires ont permis à d'autres politiciens belges condamnés de bénéficier de ce que l'on appelle maintenant ici l'effet Calimero du nom de ce petit canard, héros de dessins animés pour qui la vie était injuste en permanence et dont les plaintes attiraient le regard positif des spectateurs.
Vous voyez que les "calculs" de votre Président sont loin d'être nouveaux. Et de cet effet "Calimero", on a déjà les indices : Hier à Bruxelles, M. Sarkozy a très bien joué le "c'est injuste" pour justifier le choix de la France de démanteler les camps de Roms et de les expulser de l'hexagone. "Même la représentante d'un tout petit pays, le Luxembourg, est contre moi...." Comme si la taille d'un état limitait le droit de prendre la parole. On pourrait imaginer ce qui se passerait si on appliquait le même principe pour la taille des personnes plutôt que celle des pays. A ce moment-là, Sarkozy et son mètre 65 serait muet face à Mme Reding et son mètre 75.... Enfin, là je m'écarte du sujet.Il sera donc intéressant de voir comment votre Président va parvenir a augmenter la pitié à son égard pour pouvoir, grâce à elle, construire une victoire en 2012.
En attendant, amis français, je vous plains... Vos opinions sont sondées à un rythme effréné par l'Elysée... non pas pour en tenir compte, mais pour pouvoir formuler des promesses qui ne seront jamais tenues... Je rencontrerai plusieurs d'entre vous à la rencontre de Mediapart à Buoux. Je serai curieux de voir comment vous vivez tout cela.
TP
PS: Avez-vous vu la couverture du numéro du "Courrier International" ? Elle colle bien avec ce billet, non ?
