Pour eux, c'était inespéré. Enfoncés qu'ils sont dans l'ordre et la discipline, ils vivaient très mal de ne pouvoir enfin "se lâcher". Mais maintenant ! Maintenant, c'est différent... C'est d'abord Virginie (Je refuse de l'appeler par son pseudonyme : cette femme n'a rien de "populaire" ou de "people") qui leur a fait de l'oeuil. Ils se sont dit "un truc contre les homos : c'est géant !" Et puis, le curé leur a permis, les a encouragé, suivit du notaire, de l'UMP, de Christine Boutin, de l'évêque, de l'archevêque et même du Pape. Alors, ils sont tous venus et de toute la France. Enfin, disaient-ils, on peut se défouler... Et ils ont bâti leur action autour d'une chimère. Mais cela, ils étaient empêchés de le voir. Ils se sont laissé prendre par l'ambiance, curés en tête et députés UMP et FN sur les barricades. Depuis 68, ils en avaient envie et ils n'allaient pas raté l'occasion. Ils ont fait comme leur a montré la télé : les mêmes slogans détournés (car l'invention n'est vraiment pas leur fort), les mêmes méthodes (Facebook et Tweeter), les mêmes ennemis (les gendarmes)... Tout ce qu'il fallait pour enfin vivre l'euphorie d'une "révolution de droite" (euh... oui, je vous jure : ils l'ont dit !). Comme dans toutes les révolutions, il fallait des casseurs. Mais comme le gros de la manif, c'est des familles des beaux quartiers qui détestent se salir leurs vêtements, ils ont fait appel à la raquaille... Oh, ils ont été prudent : la racaille, on ne la montre pas à la manif... On les fait venir quand tout semble fini. Et quand cette racaille agit, on a soin de proposer aux jeunes de la manif une prière de rue autour de trois bougies...
Ce qu'ils ne savent pas, c'est comment tout cela va évoluer. C'est pourtant pas très difficile à comprendre. Le papa, la maman, Virginie, Christine B., le curé, le notaire, l'évêque et l'archevêque vont dire : "C'est fini. Il n'y a rien à voir ! circulez ! laissez travailler les politiques." Et ils le feront parce que dans leurs familles, dans leurs paroisses, dans leurs villes, dans leurs diocèses, il y a des chrétiens qui se bougent dans le sens inverse. Et personne ne pourra se passez d'eux. Ils le feront parce que les manifestations pour le mariage des homosexuels vont prendre de plus en plus d'ampleur et feront bien mieux qu'une pâle imitation de mai 68. Ils le feront parce que leur attitude, petit à petit, va provoquer un mouvement inverse de ce qu'ils voulaient. Des hommes, des femmes, des enfants peut-être descendront dans la rue parce que, simplement, "la haine y'en a marre".
Et chez eux, pendant les longues soirées d'hiver, ils pourront se raconter leur "révolution", l'embellir même et se plaindre encore et encore : tout fout le camp, il n'y a plus de morale.
Pour vous remercier d'avoir lu ce billet, j'ai un petit cadeau pour vous : rendez-vous ici et cliquez sur "play". Je serai avec vous le 5 mai à la Bastille.