Ce week-end, des "inconnus" ont tagué leurs slogans haineux sur le siège du PS à Lorient. Mme Taubira en est la cible manifeste.
Le lendemain, des "manifestants" de la MPT ont été "accueillir" Mme Taubira à Angers. Leurs slogans étaient du même type que les tags de Lorient. Une enfant d'une douzaine d'années a même été jusqu'à déclarer aux journalistes présents qu'elle avait "apporté une banane pour la guenon".
Les responsables de la MPT déclarent timidement qu'ils condamnent ces incidents. C'est un peu court. La Manif Pour Tous a été suscitée par des groupes clairement catholiques et défendue par beaucoup de responsables d'Eglise. Ces gens-là ne se sont pas tus pour applaudir les manifestants, pour créer avec eux des slogans, pour défiler avec eux quand ils le pouvaient. Ils ont salué le "courage des veilleurs". Ces prises de position de prêtres, d'évêques s'appuyaient sur ce qu'ils appelaient une "culture de la vie".
Mme Taubira n'est pas n'importe qui. Voilà une femme politique qui a une réelle culture, qui possède la poésie comme bagage, qui ose agir pour les droits de l'homme. Qui affiche sa couleur avec fierté et dignité. On peut être contre le Mariage pour Tous. On ne peut pas ignorer la sincérité et le courage de cette femme, sa profonde humanité, son souci de la paix (Aux quolibets des manifestants à Angers, elle répondait par une salutation).
Un opprobre public de cette ampleur est profondément injuste. Et face à cette injustice, l'Eglise catholique de France se devait de réagir. Elle a initié la Manif pour Tous. Elle se doit de dénoncer les débordements haineux. Or, depuis hier, c'est le silence. Un silence complice, assourdissant, cruel, sadique et cynique à la fois. Sur Tweeter, l'abbé Grosjean, si prompt à demander des comptes à chaque ministre socialiste ou écologiste s'abstenait bien de le faire avec ses ouailles de la Manif pour tous. Recevant plusieurs demandes personnelles de ma part, la goujaterie de son silence me fait très de mal. Il en est de même pour 2 ou 3 évêques que j'ai apostrophé explicitement sur Tweeter.
Le hasard des circonstances fait que ce week-end, dans toutes les églises du monde, on entendait la parabole du Pharisien et du Publicain (Luc 18 : 9-14). Ce passage commence ainsi :
"Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et méprisaient les autres"
Et Jésus de fustiger l'hypocrisie de ces hommes. Ils prient, ils font des offrandes et jeûnent, mais leur suffisance anéantissent tous leurs efforts. On ne peut pas croire et laisser croire qu'on peut à la fois espérer le Royaume de Dieu et être méprisant pour l'humanité de quelqu'un. Il n'y a pas moyen de passer à côté de cette conclusion : " Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé"
Dans chaque église, les prêtres ont conclu cette lecture par une homélie qui est censée dire aux chrétiens comment vivre ce passage de la Bonne Nouvelle dans leur vie quotidienne... Que d'hypocrisie à ce moment-là. Quel est le prêtre qui a osé dire que des fidèles, qui avaient suivi son appel à manifester, ont dépassé les bornes et sont tombés dans l'innommable ?
Je voudrais que les chrétiens se lèvent, osent dirent à leurs prêtres, à leurs évêques qu'ils manquent de courage et de cohérence, qu'on attend d'eux des signaux forts, que l'Amour dont on parle dans l'Evangile, ce n'est pas facultatif, c'est quelque chose de radical qu'il faut essayer de vivre concrètement encore et encore.
Je sais bien que tous les prêtres ne sont pas à mettre dans le même sac, qu'ils sont nombreux à désapprouver ce silence, à désapprouver même la Manif Pour Tous. Mais les autres sont nombreux, très nombreux, comme une armée de chrétiens de demi-mesure qui chantent : "il faut aimer, mais parfois, il faut haïr"... ils étaient tous là à applaudir le Pape qui disait cette lapalissade : "Le rôle d'un député c'est de faire des lois et parfois en abroger" mais que font-ils de ce message pressent et réputé du Pape François pour que nous quittions notre petite atmosphère bien-pensante de nos paroisses pour aller à la « périphérie de la foi » ? Quand qu'on verra-t-on ce formidable mouvement auquel le pape nous invite ?
