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Billet de blog 10 décembre 2016

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Dadaocapitalisme

La Fondation Vuitton veut faire passer l'art moderne pour de l'art contemporain alors qu'ils sont sur les monts les plus éloignés. Retour sur un processus de légitimation.

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Illustration 1
Portrait de Jacques Derrida 1997 © Thierry Briault et Monique Stobienia


Telle une réponse à notre dénonciation (le bâtiment de Gehry méritant mieux que l'art contemporain), et à la Nouvelle École de Puteaux, comme pour nous faire mentir : cette exposition est 100% peinture. Duchamp, Dada, les surréalistes en sont absents.
Suzanne Pagé, la commissaire de l'exposition "Les clefs d'une passion", à la Fondation Vuitton, tient un discours de présentation absolument consensuel: elle parle de "lignes", une ligne "expressionniste subjective" très explicite selon elle, (il y a notamment un peintre allemand tout à fait méconnu d'avant 14), une ligne contemplative (Rothko, Mondrian), une ligne "popiste", cette ligne aurait à voir avec la culture populaire, la ville, le sport, les médias (Delaunay, Léger), une ligne musique-son (Matisse mais aussi un Kandinsky encore proche de l'aquarelle). Ce sont en général "des lignes plus sensibles que conceptuelles", elles "renvoient à la collection d'art contemporain" comme étant "des lignes structurales". Mais ces œuvres ont encore une autre caractéristique importante. En effet : "Cassant les règles de l'époque, la provocation est payante, c'est cette provocation qui les a définitivement imposés comme référence, qui perdure, finalement", "aussi bien le cri de Munch qui a dit cela une fois pour toute, je crois, et en cassant toutes les règles stylistiques de l'époque, toutes les lignes " , et aussi Giacometti, cette "ligne dans l'espace qui définit la solitude définitive de l'être dans le monde" ...
Monet, il y en a ici (les Nymphéas de la ligne contemplative) participe de la provocation et de la transgression, certainement.
Avec cette analyse, Delaunay et Léger deviennent des précurseurs du pop art. Car rien n'est défini picturalement. Nous avons affaire à un discours totalement extérieur à l'histoire des formes, à la vie de la peinture. C'est sans doute le but de l'opération: faire disparaître le processus et le geste réfléchi de l'anti-peinture, celui qu'auront accompli Duchamp et les arts conceptuels, mais en se passant de leur coupure encore trop visible. L'opération d'indifférenciation entre les maîtres de la modernité et l'art contemporain sera marquée au fond par l'anecdote. Qu'est-ce que l'anecdote en art? On croit le savoir.
Dans un film d'Eric Rohmer, Les rendez-vous de Paris, il y a un peintre qui nous parle de l'anecdote: "Je suis pour l'anecdote en peinture, mais pas trop précise". L'anecdote, oui, expression habituelle des peintres de la modernité: il faut toujours être contre l'anecdote puisqu'elle est synonyme de non-peinture. Mais l'anecdote où commence-t-elle? Un enseignant, un artiste, parle bien sûr de l'aspect anecdotique du traitement apporté à certains détails, et même dans l'exécution d'une peinture en général, ceci le plus souvent à l'adresse des élèves, des apprentis peintres, ou encore pour éclairer le jugement d'un collectionneur. C'est l'exact opposé de ce qui est "peint". Le mot est souvent utilisé par les modernes. Dans le même film un couple s'arrête devant l'entrée du Bateau lavoir, où vécurent les cubistes, - et aussi les surréalistes ajoute la jeune femme. Mais non lui répond son ami, c'est le lieu des cubistes; et des surréalistes persiste la fille. Les surréalistes ont pu se donner rendez-vous ici, mais c'est tout. Et Max Jacob? Max Jacob n'est pas surréaliste, si insiste-t-elle. Rohmer choisit donc le poète chrétien, et annule la différence tranchée entre cubisme et surréalisme, d'autant qu'il n'a pas l'air de trop distinguer non plus le poète et les peintres, mais Jacob peignait un peu, alors... L'anecdote donc. Ce qui gâche le tableau, mais aussi ce qui se sépare de la peinture, c'est le sujet comme tel. En un mot toute la "non-peinture". Soit : un mot, un texte dans le tableau, un signe culturel « pop », un contexte, une époque. Une signification, le sens, même. A la fin du film, le peintre qui s'était perdu dans des séductions oiseuses, se remet à son chevalet et conclut en retouchant son tableau: "finalement je n'ai pas perdu ma journée". Rohmer pose ainsi très bien le problème. Bonnard disait : "Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre la peinture vivante". Peindre la vie, c'est l'anecdote. Les "lignes" de l'exposition Pagé. Ce sont aussi tous les autres arts dans la peinture, la colonisant. L'art contemporain que nous voulons désaffilier de la peinture et de la sculpture, recevra cet autre nom, après celui d'art conceptuel: l'art anecdotique.
Nous reprenons les catégories de l'exposition "Les clés d'une passion", car nous nous sommes trompé, il faut aussi compléter le savoureux classement: en réalité "L'expressionniste subjectif" inclut Giacometti, qui représente un des sommets de l'art du XXème siècle, surtout avec ses peintures d'ailleurs, bien plus que ses sculptures, selon nous, mais rangé avec une peintre expressionniste assez fade, une découverte, semble-t-il, une certaine Hélène Schjerfbeck; à quoi on ajoutera le Cri de Munch, et certains cris et nus de Francis Bacon, contemporains des papes qu'il a reniés par la suite, à juste titre. "La contemplation" réunit Monet, Mondrian, Malévitch, Kupka et Bonnard, mais aussi plus étrange le Picasso du début des années 30. Le "popisme" associe Léger, Delaunay et... Picabia! car le pop nous dit-on existait déjà, ah! Voilà. "La musique/son" regroupe Matisse, sa Danse en ronde, la Tristesse du roi, Severini, et Kandinsky, tourbillon liquide... Simple association thématique, assez confuse. Merveilleux classement anecdotique, voilà. Donc visant à noyer le poisson de l'anti-peinture. Un professeur de philosophie m'a dit un jour qu'il ne fallait pas jeter le bébé avec l'eau du bain de l'art contemporain. Etrange formule. Mais sait-on seulement dans quel état se trouve le bébé: si c'est la peinture, il n'est plus qu'un cadavre décomposé; ou une poupée en plastique. Les "lignes structurales" d'une collection. Il faut bien ordonner la collection disparate du propriétaire : pop, néo-dadaïste, conceptuelle, écran, installation, et peintures alibis. "La première séquence de l’exposition, expressionnisme subjectif, renvoie aux questionnements de tout un chacun quant à la vie, la mort, l’angoisse et la solitude." La seconde séquence, contemplative, montre la méditation face à la nature, l'hédonisme et l'abstraction, etc. D'un côté l'angoisse, d'un autre l'âge d'or, ou encore le subjectivisme, ou bien le popisme. "Ne tomber jamais dans la littérature" disait Cézanne à un ami peintre. Mais les regardeurs qui ne sont pas des percevants de la peinture pure, versent toujours dans la thématique, le littéraire, le sémantisme. Faire son cinéma, son ekphrasis - en peinture. Il faut absolument désaffilier l'art contemporain de la peinture, qui est un art entièrement différent. Il faut toujours montrer cela: Les clés d'une trahison passionnée de la modernité. Et l'amour de l'art chez les collectionneurs à l'ère du art flipping.
On ne va pas se quitter sans faire un petit détour par la sulfureuse exposition du Petit Palais sur les bas-fonds du Baroque, où l'on montre nombre de peintures caravagesques. Il s'agit non plus de la Rome de l'Église mais de la Rome transgressive, la Rome des bas-fonds. On nous présente tout cela, comme étant essentiellement un art de la provocation, un art de la transgression. La taverne souvent représentée, est un lieu mal famé, la peinture et les peintres s'y réclament de Bacchus, et font des tableaux vivants. Tout un programme.
Vélasquez et Rembrandt en semblent bien éloignés. Rubens ignore tout cela. Soyons sérieux. Et Frans Hals qui fit à peine le voyage d'Amsterdam se contenta de peindre les repas des guildes, les milices bourgeoises de son temps, et son alcoolisme le conduisit seulement au pays des Régentes d'un l'Hospice des vieillards à Haarlem, pour continuer à pratiquer sa peinture pure.
Vélasquez lui, n'aurait pas été influencé par Caravage, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, et ses bodegones, ou natures mortes dans la cuisine, avec les domestiques portraiturés, font figure d'auberge espagnole, le nom "bodegon" signifiant dépôt d'alimentation, cave à vin et taverne: chez Vélasquez tout se passe comme si les lectures diverses de la peinture s'y trouvaient dénoncées comme autant de projection des savoirs non picturaux: auberge espagnole de tous les systèmes d'interprétations. Anecdote.
Comme avec les séquences linéaires de chez Vuitton, on a la section "Portraits de Marges", "Désordres et Violences", "Le souffle de Bacchus", "Les Bentvueghels [oiseaux de bande] et la bohème des peintres"."La taverne mélancolique : méditer les plaisirs",  "Vices, plaisirs et passions ", etc. La scénographie est jolie, signée d'un grand homme de théâtre, et tout cela n'est pas grave puisqu'il n'y a aucun chef-d'œuvre. Sauf quelque copie d'antique en plâtre, tel le Torse du Belvédère. De quoi nous faire réfléchir sur la célèbre catégorie du "baroque", notion suspecte et souvent fourre-tout. Rubens, Bernin, Borromini, baroques, à la bonne heure. Une musique baroque, de Monteverdi à Haendel, oui, sans doute. Des poètes, Gongora, Cavalier Marin, sans doute encore. Un théâtre, une gestelle et une déclamation baroques, sans doute. Mais Vélasquez, Rembrandt, Vermeer, rien n'est moins sûr. Gongora peint par Vélasquez : sans gongorisme. En peinture, les catégories de Wölfflin gardent toute leur pertinence. Car Rubens, ce sont des masses en mouvement, la chair et les corps y témoignent de la même énergie, de la même prolifération. Mais l'exposition est intéressante, car fort instructive et des plus amusantes. En plus de nous offrir une découverte, la confrérie de ces artistes du nord placée sous le signe de Bacchus, Bentvueghels, une confrérie avec ses rites d'initiation, les surnoms donnés aux initiés, « mouche à bière », leurs déplacements jusqu'à une église paléochrétienne que l'on prenait pour un ancien temple de Bacchus, Santa Costanza, on a aussi le geste de la « fica », la figue, évoquant le sexe de la femme, et la pénétration, et aussi doigt d'honneur de l'époque, représenté dans un portrait. Le tableau vivant de ces cérémonies, et les scènes orgiaques durant des nuits entières, concluaient le rite. Fica-anecdote. Elle peut donc être très prégnante. Si c'est de l'histoire, et de l'histoire de l'art, rien de grave. La carte de ces lieux à Rome, l'endroit où Caravage commit son crime. Cela ne mange pas de pain, bien sûr. Mais tout cela peut se muer, si la peinture manque. Et donner la mise en perspective Vuitton.
Vuitton enfin, la dissimulation et la confusion, mais je sais que beaucoup de visiteurs n'y verront que du feu, soit parce qu'ils partagent spontanément ce sens commun littéraire appliqué à la peinture, soit parce qu'ils ne voient pas malice dans ces expositions thématiques qui pullulent, intéressés qu'ils sont par la présence de quelques chefs-d'œuvre bien instrumentalisés ici. Mais juger vous-même de l'amalgame. Et imaginer après cela comment la peinture a pu être créée sans ces faux motifs et ces catégories extérieures. Et survivre.
Munch a écrit en note d'un de ses journaux, sur le Cri: « J'étais en train de marcher le long de la route avec deux amis - le soleil se couchait - soudain le ciel devint rouge sang – j'ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille - il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville - mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d'anxiété - et j'ai entendu un cri infini déchirer la Nature ». Parler peinture c'est autre chose. Le registre des lignes ondulantes qu'il a repris de Lautrec et de Van Gogh n'ont d'ailleurs pas besoin de cette anecdote hurlante, fut-elle panthéiste. Discours éthique de la création.
« Ainsi, dans une époque où ne peut plus exister d’art contemporain, il devient difficile de juger des arts classiques. Ici comme ailleurs, l’ignorance n’est produite que pour être exploitée. En même temps que se perdent ensemble le sens de l’histoire et le goût, on organise des réseaux de falsification. Il suffit de tenir les experts et les commissaires-priseurs, et c’est assez facile, pour tout faire passer puisque dans les affaires de cette nature, comme finalement dans les autres, c’est la vente qui authentifie toute valeur. Après, ce sont les collectionneurs ou les musées, notamment américains, qui, gorgés de faux, auront intérêt à en maintenir la bonne réputation, tout comme le Fonds Monétaire International maintient la fiction de la valeur positive des immenses dettes de cent nations.  » Guy Debord, Commentaires à la société du spectacle
L'art moderne et l'art contemporain, ne doivent absolument plus se distinguer, les créateurs de formes plastiques et les créateurs d'art conceptuel doivent se relayer, il n'y a plus de rupture. Il n'y a plus de peinture.
Démonstration: Extrait du Dossier de presse. « X — Communiqué Troisième accrochage de la Collection La Fondation Louis Vuitton expose une nouvelle présentation de sa Collection autour des lignes popiste et musique/son à partir du 2 juin 2015 Troisième phase du programme inaugural de présentation de la Collection, l’Accrochage 3 réunira, en écho avec l’exposition «Les Clefs d’une passion», un ensemble d’œuvres autour des lignes popiste et musique/son. Des œuvres d’artistes de générations et d’origines différentes seront exposées dans les salles du rez-de-chaussée et jusqu’au deuxième niveau. Le parcours se terminera sur la présentation prolongée des œuvres de Thomas Schütte et de la commande passée à Cerith Wyn Evans. Le premier axe, popiste, est centré sur des œuvres qui témoignent de l’intérêt porté par les artistes, depuis l’avènement de la société de consommation, aux objets et aux images véhiculés par la publicité, la télévision, le cinéma puis l’internet. Les artistes présentés sont: Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla, Jean-Michel Basquiat, Mohamed Bourouissa, Gilbert & George, Andreas Gursky, Bertrand Lavier, Adam McEwen, Michel Majerus, Christian Marclay, Philippe Parreno, Richard Prince, Sturtevant, Andy Warhol. Le second axe, musique/son propose des œuvres qui prennent la forme d’environnements, de sculptures sonores, de vidéos, où la musique symphonique, populaire, chorale ou instrumentale, est utilisée comme un matériau constitutif de l’œuvre. Les artistes présentés sont: Marina Abramović, Pilar Albarracín, Ziad Antar, Ulla von Brandenburg, John Cage, Rineke Dijkstra, Cyprien Gaillard, Douglas Gordon, Mark Leckey, Philippe Parreno, Jaan Toomik, Hannah Weinberger. Pendant l’été, l’accrochage sera complété par la présentation dans les salles laissées libres par l’exposition Les Clefs d’une passion, d’installations vidéo basées sur des sources musicales pop. Le second accrochage, présenté actuellement et jusqu’au 18 mai 2015, expose une sélection d’œuvres de la Collection, concentrée sur les lignes expressionniste et contemplative. Les artistes présentés sont: Wolfgang Tillmans, Isa Genzken, Ed Atkins, Annette Messager, Maurizio Cattelan, Alberto Giacometti et Rachel Harrison pour l’axe expressionniste et Sigmar Polke, Tacita Dean, Bas Jan Ader, Giuseppe Penone, Thomas Schütte, Mona Hatoum, Nam June Paik et Akram Zaatari pour l’axe contemplatif. »
Un colloque viendra théoriser tout cela. La machine est en place.
C'est Picasso qui doit être content, lui qui méprisait Duchamp mais craignait son influence sur les jeunes générations. Et Bacon lui, méprisait Warhol et le pop art. Pourtant nous le savons : la rupture de Giacometti avec André Breton était devenue nécessaire pour peindre à nouveau des portraits. Et Matisse ignorait absolument Dada et les surréalistes. Le « capitalisme littéraire » achève ainsi sa domination anti-plastique. Avec le paradigme du champ de foire. Le foirail Vuitton.
On adore ce genre d'artistes : Inge Mahn, élève de Beuys, qui voulait construire une tour en plâtre. « Peu importe que cela soit plastique. Et puis après qu'on me dise : Ah oui, c'est aussi plastique. » Des chaises disposées en cercle sur lesquelles se dressent des verres à pied que vient faire résonner une tige métallique : « Je crée une mélodie ». Mais : « Je me demande pourquoi l'art n'est pas compris. Je crois que c'est le concept d'art le problème. » « Moi aussi, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'est l'art, si je pouvais le dire, l'art serait fixé. L'art va toujours plus loin. » Emission Métropolis, Arte, 26/04/15.
Les esprits malins, philosophiques, nous feront remarquer que si nous nous reportons à l'étymologie du mot anecdote, les chose semblent se retourner : anecdote signifie littéralement inédit, non publié. Le glissement se fit dès l'antiquité, du sens premier « anecdotos » en grec, non publié, à des petites histoires horrifiantes, pleines d'affects et de sentiments, du croustillant, bien biographique, très littéraire, absolument non pictural. Blagues plaisantes, de l'art anecdotier. Quand l'anecdote devient le genre dominant, le thème même, l'enchaînement thématique : « popisme », « contemplation », « expressionnisme subjectif », etc., se prêtant à toutes les manipulations, par exemple à celle qui voudrait nous faire croire que l'art contemporain s'inscrit dans l'histoire de la peinture pure. Passion des expositions thématiques.
Mais les champions de la continuité ont encore frappé. Cette fois-ci à Versailles. On fait dans l'installation pérenne au milieu des jardins de Versailles où le fameux bosquet du théâtre d'eau, disparu, loin d'être restituer, laisse désormais la place à une fontaine de l'art contemporain : une série d'asticots ou de vers emperlés. Signé de l'artiste si sensible qui avait déjà affublé les abords de la Comédie française avec une bouche de métro couverte de boules de noël. Mais cet art conceptuel de la babiole lumineuse s'installe désormais à Versailles. Comble de l'argument maintenant connu de la simple « continuité », de la « référence », ces colliers de vers ont été dessinés d'après un manuscrit restituant les pas et les mouvements de danse d'un ballet de l'époque, un graphisme chorégraphique qui fut ainsi une source d'inspiration. Il faut toujours s'intéresser aux pouvoirs et processus de légitimation.
J'aurais personnellement choisi le Jardin d'acclimatation où se trouve justement la Fondation Vuitton. La fête à neuneu, passion des surréalistes.
Enfin on dispose d'une belle application du procédé que nous dénonçons avec une énième présentation des collections du musée d'art moderne de Beaubourg. Les « pluralités modernes », on l'aura compris, redistribue les cartes du jeu de Tarot dadaïsto-surréaliste. Tout cela permettant aussi que les historiens d'art s'exposent, la thématisation anecdotique participe d'ailleurs du même phénomène.

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