Une expo emblématique qui se résume par ce chef-d'oeuvre d'art contemporain avant l'heure, même si un peu cucul la praline: Le diptyque satirique. www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/anonyme1/anonyme1_notice.html
Sur le principe assumé du maraboutdeficelle, il s'agit en fait d'une énième expo de légitimation de l'art contemporain que l'on mêle à l'histoire de l'art, le tout présenté comme un immense cabinet de curiosité, cabinet de curiosité devenu matrice de sensibilité artistique, bien sûr, où rien ne dépasse, petit format obligatoire, nivellement des grands, et images "interdites" à tous les étages: "Parlons d'art contemporain simplement avec les mots: vie, mort, amour", nous dit Jean-Hubert Martin, le curateur. Des crânes, du sexe et des blasphèmes: que demande le peuple? Amusez-vous bien.
La Saint-Martin était une grande fête païenne, l'équivalent d'Halloween mais en plus solaire, célébrée le 11 novembre: fête gauloise de Samin, de la nouvelle année, saint Martin, le saint français lui-même n'échappe pas au paganisme:
"Une légende veut que les fleurs se soient mises à éclore en plein novembre, au passage de son corps sur la Loire entre Candes et Tours. Ce phénomène étonnant donnera naissance à l’expression "été de la Saint-Martin"", expression équivalente à l'été indien.
Et on y mange du crottin.
"Selon la légende, en effet, saint Martin portant la bonne parole sur les côtes flamandes, aurait perdu son âne parti brouter ailleurs, alors qu’il tentait d’évangéliser les pêcheurs d'un petit village, futur Dunkerque. À la nuit tombée, les enfants du pays se mettant à sa recherche, avec force lanternes, l'ont retrouvé dans les dunes, en train de manger des chardons et des oyats. Pour les remercier, saint Martin a transformé toutes les petites crottes de l’âne en brioches à la forme particulière, que l'on appelle folard (Voolaeren, et flamand occidental), ou craquandoules." Les flamands fêtent ainsi la Saint-Martin.
Le tourangeau Descartes a fait des rêves célèbres de fantômes et de rosicruciens, à la Saint-Martin.
La légende du crâne de Descartes figure à l'exposition Carambolages, bien sûr, crâne sur lequel un livre rocambolesque a été écrit il y a quelques années.
Voilà donc la légende dans la terre de mes ancêtres tourangeaux.
Le pélérinage de saint-Martin à Tours a été longtemps le plus important. La Saint-Martin fut également la fête la plus importante de France.
Le mot chapelle vient de là quand même: la cape, le manteau que le saint aurait partagé avec un pauvre, c'est le plus connu.
Donc l'esprit cadavre exquis de cette exposition, en fait "très harmonieuse", puisqu'analogique, en association libre, "ça me rappelle", moi il me rappelle la Saint-Martin, ce travail de légitimation avouée de l'art contemporain, sous cape, en contrebande dans l'histoire de l'art, cette exposition surréaliste où s'organise l'oubli de la création de formes, et la négation de la plastique, choisissant volontairement des pièces mineures, pour éviter l'effet chef d'œuvre, pauvre petite statue Dogon à clous, médiocre crâne surmodelé du Moyen Sépique, le contraire de l'exposition Malraux à la Fondation Maeght qui réunissait des chef d'œuvres du monde entier. Surnagent deux belles pièces: une aquarelle de Dürer presque invisible, et un Géricault.
Il y a une peinture abstraite d' Hergé placée à côté d'une peinture abstraite du conceptuel du Frigot, Lavier, Hergé l'emporte, plus sensible... Par contre: trois aquarelles: Hitler, Roosevelt, Churchill, match nul... ou petit avantage Hitler, mieux construit!
On le redit
Deux œuvres surnagent vraiment, un Géricault, étude de nu poussée d'après un modèle noir, et un Dürer, une aquarelle de tête de cerf... mais ils ne sont pas là pour se distinguer.
Car les œuvres sont volontairement choisies comme mineures (faible petite statue Dogon à clous, et médiocre crâne surmodelé océanien, on l'a dit). Il faut vérifier sur place l'effet yaudepoêle et toi le à matelas, l'analogie et la métonymie à l'infini.
Placé sous le patronage de Aby Warburg, qui ouvre l'exposition, le fameux Atlas de la nymphette en survivance des images, une Nadja à travers les âges, "plasticienne", un rituel du serpent Hopi, Mnémosyme anti-plastique pour analogies infinies et éternellement en dehors des inventions plastiques, des grands registres formelles, négation du jamais vu. Pathos de l'expressivité codée, sémantisme imagien.
Cucul la praline: Je t'avais dit de ne pas regarder. "Penser à ne pas voir" disait Derrida. Et j'ajouterai pour les théories auberges espagnoles de l'art: Penser à ne pas lire.
Billet de blog 10 décembre 2016
Exposition Carambolages au Grand Palais: A la Saint-Martin on mange du crottin.
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