Le scandale des poulets rôtis aura encore été un très bon signe : quand on n’a rien à dire plastiquement on fait de la surenchère sémantique, on en rajoute dans « l’expressivisme », le sens souffrant et hurlant et surtout l’expression des causes sensibles partout dans le monde. Ici la cause animale s’est retournée contre l’artiste, semble-t-il. Chouchou de l’État, sur lequel Cixous a écrit. Elle dit d’ailleurs que cet artiste nous oblige à voir ce qu’on ne veut pas voir. Mais il n’y a rien à voir, picturalement ou sculpturalement. C’est un art pompier, codé, que ce soit pour ses sculptures, ou pour ses dessins, qui jouent, avec le fusain, à l’expression d’une prétendue violence. La violence qu’il donne à voir, et trop bien voir, c’est qu’il n’a aucun propos plastique, et qu’il occupe la place comme tous les Aï Weiwei et Banksy du monde. Je veux bien considérer son art comme une imagerie d’agitation, mais bien loin de l’art moderne. Je le vois comme la partie faussement noire de l’art contemporain qui en traîne beaucoup des artistes de ce genre-là depuis que le mauvais genre est devenu la loi du genre et même la loi du mélange des genres. L’autre partie est Jeff Koons, « irénique », qui rend au monde les beaux readymade qu’il a reçu, selon lui. Nous sommes loin de ce que voulait nous dire un Nicolas de Stael, il voulait rendre à mille coups le coup reçu, mais en peinture, pas en boxeur, en couleur, pas en journaliste. Nous ne sommes pas dans le même monde. Le dadaocapitalisme depuis Hans Haacke au moins et la majorité du body art, animent les palais publics et font « les fous du roi de la pacotille », « maintenant que l’art est mort » disait Guy Debord.
Derrida distinguait la violence et la brutalité. Il ne rejettait pas la violence dans l’argumention ou la discussion, mais la brutalité : le fait dogmatique notamment. Adel Abdessemed nous oblige à voir la violence du monde dit Cixous, c’est une farce. Mais il y a quelque chose de dogmatique à se servir du malheur du monde pour nous asséner un condensé à faire pleurer Margot.
Il vient de retirer sa vidéo.
Il pleurniche : « Je veux que l'on revienne à l'art! Pour moi, aujourd'hui, cette attaque en règle par des militants qui n'ont pas vu mon travail et le jugent quand même, est à double sens. En tant qu'artiste, c'est un peu la Nuit de Cristal. La censure qui empêche de dire et qui décide comment on peut et doit dire. Qu'aura-t-on le droit de dire et de montrer, demain? En tant qu'artiste pourtant, c'est aussi un triomphe. Puisqu'une œuvre fictive, simulée et symbolique, suffit à créer la tempête.» Il fanfaronne.
Pleurnich’art, se déconstruit. L'horrifiant se déconstruit. Merci Adel.