Au début, j’ai l’impression d’être retourné à l’époque médiévale. Les deux adversaires vont s’affronter à l’épée. Il va y a voir du sang. Ca doit être pour une histoire de terre, d’impaire ou de mère. A tous les coups Charlemagne a déconné avec la fille de Perceval ou de Lancelot et l’heure de la vérité à sonné. « rendez vous à 16h à la Griotte ». C’est chevaleresque, les deux apiculteurs sont en vérité deux sublimes combattants qui s’affrontent en duel pour une histoire de dignité et de panache à coup sur. Sans coup bas.
Ils arrivent sur la scène du combat. Dans mes souvenirs, la tenue était plutôt en féraille, lourde, ample, alors je ne comprends pas cette tenue seyante, blanche, presque sexy. Mais pourquoi pas. Toujours face à face c’est la base d’un duel à cette époque. Je ne vois pas les chevaux mais ils doivent être rangés sur le côté. Sur une même ligne, pied gauche devant, le droit derrière, ou l’inverse. Pour être chevalier faut avoir le bon profil. Ils avancent, reculent, piquent, un bras presque tendu l’autre replié derrière pour l’équilibre. Rarement leurs appuis ne se croisent. Dans leur tenue blanche angélique, leur précision est diabolique. Petit bémol pour le gars qui a aiguisé les épées, c’est quoi ce travail de sarrasins ? Après presque 10 touches chacun, les deux esthètes sont toujours debout pour sabrer ! Je suis au Moyen Age et j y suis bien. Ma femme débarque, me conseille d’aller me coucher, je la pousse dans ses retranchements, « du vin, servante, que j’pisse à foison ! ».
L’eau minérale se mélange à l’alcool dans mon estomac et dans ma tête les époques s’entremêlent mais je veux garder mon cap médiéval. Devant moi, les duettistes ont changé. Toujours la même tenue mais plus la même arme. Je me dis que quelqu’un s’est rendu compte que les premières n’étaient que peu acérées et qu’enfin on va voir un vrai duel à l’ancienne. Mais non. La lame pique, touche, effleure, et les deux sont sur leur deux jambes. Pas une goutte de sang. Etrange. Ca fait un peu tâche. Ils ont dû se mettre d’accord. Pas de rouge sur du blanc. Moi je me ressers un verre de rosé.
Il y a quand même ces points rouges qui s’allument parfois. Je reprends une gorgée d’eau de source. C’est quoi cette histoire ?! Il y a un arbitre ! Et comme la lame, il est pointilleux le monsieur. Je pensais que c’était la mort qui marquait les points. Mais les chevaliers ont discuté, autour d’une table ronde, ils ont revu les règles du combat. Mourir c’est un peu abrupt comme concept. Maintenant les chevaliers marquent des points. Les règles changent selon l’arme. Là c’est du sabre, alors tu marques uniquement si tu touches avec la pointe de la lame, si t’as fait le premier pas, ou si tu contres en premier, entre 14h et 14h27, si tu fais du 38, que t’as pris une douche avant-hier, que ton beau frère est astigmate et que tu es taureau ascendant oursin. » Décidément, c’est à n’y rien comprendre.
Peu à peu, les molécules d’H2O prennent le pas sur les particules de Côte de Provence. J y vois clair et net. Lancelot et Perceval sont en réalité deux superbes sportives, fleurettistes, escrimeuses, championne du monde par équipe. L’esprit est toujours chevaleresque, le duel magnifique à n’en pas douter.
Je change de chaîne, BFM TV me raconte l’info en continue. Là aussi on y parle de duel. Enfin, de bagarre. A trois contre un. Dans le dos. Un pleutre, proche du monarque de droit banquier Emmanuel Macron, a frappé un gueux, défendu par la classe politique, le monarque invective du haut de son immunité « qu’ils viennent me chercher », l’affaire a tenté d’être étouffée. Les duels n’en sont pas. Les forces sont inégales. Coups bas, coups dans le dos, coûte que coûte. Les costumes ont changé, la méthode est sans panache.
Vite, de l’escrime et du rosé !