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Billet de blog 22 octobre 2024

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À Besançon, une radio menacée par des néo-nazis que la police protège

Emma Audrey est journaliste et grand reporter à radio BIP, un média indépendant à Besançon. À trois heures du matin ce mardi, elle a publié un message où elle raconte être obligée de faire des rondes en pleine nuit pour protéger sa rédaction. Alors j'ai cherché à comprendre.

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Illustration 1
Carte de presse d'Emma Audrey

« Je suis vraiment désolée, écrit Emma Audrey. Ma page Twitter est devenue vraiment gore, à l'image de ce monde qui a basculé complètement dans la pire sauvagerie. Des enfants, des femmes, des hommes ... toutes et tous tués, torturés, déchiquetés. Horreur sur horreur ... Mais comment c'est possible ? »

Emma Audrey enquête sur les droits humains. Et tant mieux si radio BIP diffuse ses reportages. Pendant le mouvement des Gilets Jaunes, elle a témoigné pour avoir assisté à des violences policières absolument gratuites contre un jeune manifestant. Plus tard, en 2023, elle a interviewé des manifestants qui dénonçaient ces mêmes violences policières, de plus en plus fréquentes à Besançon. Ces derniers mois, Emma Audrey tente d'alerter sur les assassinats ciblés de civils et de journalistes qui semblent devenus une sale habitude de l'armée turque au Kurdistan irakien, dans la région de Souleymane.

Emma Audrey fait son travail de journaliste avec obstination. Tant mieux pour nous tous. Alors pourquoi fait-elle des rondes en pleine nuit, «pour protéger sa rédaction» ?
Parce que depuis le mois de mai, des croix gammées et des menaces sont taguées sur les locaux de radio BIP et que cette nuit, la porte de la rédaction a été fracturée à coups de pieds par des individus armés de gants coqués. Et depuis mai, la police de Besançon n'a pas daigné se déplacer, ne serait-ce que pour enregistrer les graffitis.
Autant dire qu'à Besançon, la police protège fraternellement les groupuscules d'extrême-droite qui veulent terroriser des journalistes d'investigation. C'est plutôt cohérent avec les positions du syndicat Alliance Police Nationale, qui est majoritaire dans les commissariats du pays des droits de l'homme. 

Alors il nous faut raconter, et relayer encore ce qui se banalise et qui transforme nos existences en enfer. Le travail d'Emma Audrey et de la radio qui l'emploie mérite d'être protégé de la haine que des ministres, des députés, un président de la République apparemment atteint et des influenceurs dégénérés n'ont pas cessé d'attiser. Si nous voulons une presse libre, il va falloir apprendre à protéger nos médias de la violence qui les a pris pour cibles.

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