
Mâkhi Xenakis a étudié les archives de la Pitié Salpêtrière dont elle a tiré un livre Les folles d’enfer de la Salpêtrière (Actes Sud, 2004). Y sont racontés, relevés minutieusement l'enfermement, le traitement, les sévices subis par des dizaines de milliers de femmes au fil des siècles.
Après les bûchers du moyen-âge, mendiantes, rebelles, folles, criminelles, orphelines, filles de joie, sorcières, indigentes, vieilles, fillettes, toutes celles que l'on voulait soustraire au regard de la société sont enfermées à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière - de Louis XIV jusqu'à Charcot qui y développera ses théories de la folie attribuée aux femmes (l'hystérie).
Dénoncées, internées par dénonciations, lettres de cachet, avec la complicité omniprésente de l'Eglise... ces femmes ont été condamnées au pire : travailler et prier du matin au soir, entassées dans des dortoirs insalubres, puants... violées, fouettées, attachées, traitées comme des bêtes sauvages, marquées au fer rouge de la fleur de lys ou du V de "voleuse", les oreilles coupées, pour les plus récalcitrantes.
Théroigne de Méricourt, une féministe trop en avance sur ses contemporains, est conviée au spectacle et y exhorte les "citoyennes"* à former des listes d'amazones, à prendre aussi les armes en des bataillons de femmes, à concurrencer les hommes tout-puissants et cruels. Elle sera enfermée à la Pitié pour y mourir après 23 ans d'affreuses souffrances. Un univers concentrationnaire spécial femmes a été imaginé "par la bonté de nos Rois", pour plus de 100 000 femmes - comme à Ravensbrück ou Auschwitz....
Leurs prisons : le Refuge, les Basses-loges, la Force, les Communs... cachots et autres lieux de supplices, de travail forcé... Elles seront les cobayes de "médecins" tortionnaires violents et vicieux qui expérimenteront leurs délires sur ces corps captifs, décharnés, affamés. Mariées aussi de force pour aller peupler les colonies. De toute la France, des familles venaient les voir le dimanche comme des bêtes derrière les grilles. Tristes et lamentables figurantes aussi de nuits libertines organisées par les mères supérieures où se presse le tout-Paris.
Les fantômes de ces hordes de femmes en guenilles ont été convoqués pour nous raconter ce matrimoine caché.
Un portrait glaçant où se nichent des touches d'humour et de beauté. Récits de femmes "en hommage à ce continent noir, des robes blanches, beiges" ont été conçues par Janice Szczypawka. "Des chapeaux fous ont été crochetés par Patricia Dallio. Et c'est la corde au cou que les spectatrices-eurs sont emporté.e.s, dans les abysses de la Salpêtrière".
Le 9 avril, une journée folle : deux déambulations à 10h30 et à 14h30.
En présence de l'auteure Mâkhis Xenakis
Rencontres, lectures, librairie et bal participatif à 20h30.
A l'Espace Saint-Pierremont à Mancieulles (54790)
Regards des participantes sur le projet
Anne-Margrit Leclerc assisté de Hervé Lang, de la Compagnie du Jarnisy ont dès janvier 2020, mis en place un parcours d’expérimentation et de création.
Musique : Patricia Dallio (Compagnie sound track) - Costumes et regard artistique : Janice Szczypawka (Compagnie Kruk)
Regard chorégraphique : Lucile Guin - Chant : Mylène Willaume - Lumières : Angèle Biocalti - Son : Eric Seisak
Avec les amatrices et amateurs du territoire : Sylvie Barre, Annie Camut, Sophie Chevriaux, Isabelle Claude, Dominique Colson, Chantal Gobert, Danielle Lambert, Aldjia Moulai, Maryvonne Rousseau, Lysiane Savoyant, Athéna Seyed Esmaïl, Alexandre Stefani, Doris, Stoeckel, Yves Storper, Patricia Szafranski, Marie-Claire Urbanski Parisot et Michèle Vic.
Plus d'informations et contact pour les folles d'enfer
Un spectacle déconseillé au moins de 13 ans
* droit des votes de tous les hommes (dit universel) est acquis lors de la révolution de 1848. Celui des femmes par un décret de 1944...
