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Billet de blog 30 août 2008

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Habit de fête.

Récemment un magazine sur la France néerlandais publiait plusieurs témoignages de personnes vivant depuis plus longtemps en France qu’ils n’avaient vécu jadis aux Pays-Bas. Plus de la moitié de leurs vies.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Récemment un magazine sur la France néerlandais publiait plusieurs témoignages de personnes vivant depuis plus longtemps en France qu’ils n’avaient vécu jadis aux Pays-Bas. Plus de la moitié de leurs vies.

Frappante était la solitude qui émanait de ces histoires. Les personnages semblaient isolés par leur distance avec la culture et la langue française. Ils ou elles semblaient échoués. Même après tant d’années. Leurs histoires étaient celles de vies subies, de figures imposées, de vécus quasi tristes.

J’ai éprouvé un sentiment de malaise. Cela aurait pu être mon histoire. Certains débuts de ces histoires me rappelaient mon arrivée en France il y a plus de 30 ans. Décidée, jeune, j’arrivais dans l’aventure française de Belle et Sébastien, Thierry la Fronde, Sagan, Beauvoir, Sartre, quelques 8 ans après 68. Quittant tout, j’allais « jouer à devenir Française». Sans savoir combien de temps j’allais aimer ça. Sans idée sur l’avenir. Fille d’artiste, donc invulnérable, je saurais vivre d’air et d’eau fraîche.

Mon histoire que je ne vous livrerai pas d’avantage ici, était tout autre bien sur. Elle fut composée de jolies histoires, de belles aventures, de rencontres, de chagrins, galères et désillusions, semblables à ceux vécus par tous et chacun resté dans son pays natal.

Il y a toute fois une grande différence avec les personnages du magazine néerlandais : Ce pays, mon pays d’adoption (que j’ai adopté) n’est pas resté plat. Au fur et à mesure que les années ont passé, un relief est apparu. J’ai assimilé naturellement un passé qui s’étend au-delà du jour de mon arrivée. Aujourd’hui la culture et la société française m’apparaissent en 3D et me sont plus familières que la culture et le passé de mon pays d’origine. Comme pour l’enfant qui entend les histoires des grandes personnes sur la vie d’avant lui, j’ai entendu ce pays me parler d’une France d’avant moi. Cette assimilation naturelle de la culture est passée par l’apprentissage d’une langue qui me joua des tours et m’interdit d’être pendant de longues années. Aujourd’hui encore chaque phrase écrite est un défi. Mais aussi un bonheur quand les mots s’organisent naturellement et me procurent le plaisir de pouvoir me balader dans la langue comme habillée par un bel habit de fête dont je suis la couturière qui continuera avec un bonheur secret à apporter ses ajustements et ses retouches.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.