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Billet de blog 2 juillet 2023

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Le sable et l'écume

L’art est modeste dans son pouvoir de changer le monde, mais il a sa place pour rendre à l’esprit humain dignité et espoir, ou tout au moins redonner en un instant fugitif, au corps et à l’âme, la jouissance de la vie qui va et nous traverse. C’est en tout cas un but qu’humblement on vise à chaque fois.

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Le sable et l’écume …

Dernier jour de juin … C’est la veille de la première session de travail de mon nouveau spectacle et nouveau disque… Je règle mes instruments de musique et de travail, le bouzouq, la guitare, le ‘oud… Je prends le train demain matin pour retrouver en région parisienne trois artistes et camarades… les nouvelles qui viennent du monde sont brûlantes et souvent tristes … Je pense en particulier ce soir à Nahel, et à sa maman que j’ai écoutée aujourd’hui avec respect et fraternité… Comment partager ce bonheur d’étrenner mon nouveau répertoire, ce nouveau projet qui est un bébé pour moi, alors que la société est si violemment secouée?

Lors de la présentation de cette nouvelle aventure, j’écrivais:

Nos mondes et nos vies, nos rêves et nos luttes, il y a tant à dire que seule une musique libre et radicale peut exprimer.

« Les grains de sable et l’écume ont dessiné sur sa peau tendre la carte d’un monde en feu… »

Et je me souviens: Il y a des années, nous jouions en Palestine, à Gaza, et l’après-midi, l’armée israélienne venue du ciel tira soudain sur une voiture, tuant tous ses passagers. La tension était douloureuse. Le concert eu finalement lieu malgré tout mais nous nous demandions à quoi pouvait servir notre musique dans une telle situation, face à une telle injustice qui s’étalait tout au long de la vie des gens qui vivaient là. Cependant la salle fut comble, des familles au complet, femmes, hommes et enfants. Après le concert, le public monta sur scène nous embrasser et le maire de Gaza City fit une déclaration disant que là où les hommes politiques échouaient, nous avions réussi: Pendant deux heures, ils et elles s’étaient échappés de cette prison qu’est Gaza et avaient voyagé bien loin de ce destin infernal.

L’art est modeste dans son pouvoir de changer le monde, mais il a sa place pour rendre à l’esprit humain dignité et espoir, ou tout au moins redonner en un instant fugitif, au corps et à l’âme, la jouissance de la vie qui va et nous traverse. C’est en tout cas un but qu’humblement on vise à chaque fois qu’on compose, improvise, joue devant un public. Parfois on échoue … et parfois un pont invisible mais solide se crée entre nos vies solitaires et je crois encore que ma place est là, enjambant la rivière, comme celle du couvreur l'est sur les toits de nos maisons.

Alors, les jours à venir, je partagerai les prémices de cette nouvelle aventure, tout en étant attentif au monde qui va autour de nous.

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