Togola (avatar)

Togola

Journaliste-communicant, blogueur, philosophe et ecrivain.

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mai 2024

Togola (avatar)

Togola

Journaliste-communicant, blogueur, philosophe et ecrivain.

Abonné·e de Mediapart

Vérité en Péril : comment préserver l'intégrité de l'information à l'ère numérique

L'intégrité de l'information constitue la pierre angulaire de la communication et du journalisme. Ce concept englobe non seulement l'exactitude et la fiabilité des données communiquées, mais aussi la cohérence avec laquelle ces informations sont présentées.

Togola (avatar)

Togola

Journaliste-communicant, blogueur, philosophe et ecrivain.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'intégrité de l'information constitue la pierre angulaire de la communication et du journalisme. Ce concept englobe non seulement l'exactitude et la fiabilité des données communiquées, mais aussi la cohérence avec laquelle ces informations sont présentées. En effet, dans un contexte médiatique où les informations fusent de toutes parts, la capacité à présenter des faits vérifiés et cohérents est essentielle pour établir et préserver la confiance du public.

Bill Kovach[1], un chercheur renommé dans le domaine des médias, souligne l'importance capitale de l'intégrité dans le domaine de l’information en expliquant que sans intégrité, le journalisme ne peut ni gagner ni maintenir la confiance du public. Il met ainsi en lumière le lien indissociable entre la crédibilité journalistique et son engagement envers l'exactitude factuelle. La confiance du public est rapidement érodée lorsque les médias dévient de cette norme d'intégrité, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses sur leur légitimité et leur efficacité en tant qu'entités informatives.

Dans un rapport, la Commission Culture, de l’éducation et des médias du Conseil européen déplore que « l’intégrité rédactionnelle et l’indépendance des médias sont aujourd’hui menacées par la chute importante des recettes des médias traditionnels, ainsi que par des menaces croissantes venant de la criminalité organisée, du terrorisme, des conflits armés et des dérives autoritaires dans certains États [2]», comme nous pouvons le constater dans des pays du sahel comme au Mali, au Niger ou encore au Burkina Faso où des régimes militaires tiennent d’une main de fer le pouvoir politique tout en évinçant les partis politiques et exerçant un pouvoir de répression sur les journalistes. Des médias français, tels que France 24, RFI, Le Monde ou encore panafricain comme Jeune Afrique.  

Dans notre ère numérique, où les plateformes de médias sociaux et les canaux d'information en ligne facilitent la diffusion rapide et parfois virale de l'information, le risque de propagation de fausses nouvelles est élevé. Ces fausses nouvelles ne se contentent pas de semer la confusion ; elles peuvent également influencer l'opinion publique et les processus politiques de manière significative et parfois dangereuse. L'intégrité de l'information devient donc un enjeu crucial, non seulement pour les professionnels des médias mais aussi pour la société dans son ensemble.

Dans son rapport, le Commission Culture, de l’éducation et des médias du Conseil européen, il est indiqué que les professionnels des médias « doivent respecter des normes éditoriales exigeantes et adopter des codes de conduite visant à promouvoir des principes éthiques essentiels, tels que la vérité, l’exactitude, l’indépendance, l’équité, l’impartialité, la responsabilité. Ils devraient établir de solides mécanismes d’autorégulation et agir plus efficacement pour empêcher la diffusion de fausses informations et la propagande[3] ».

Le maintien de cette intégrité implique une vigilance constante de la part des journalistes et des médias. Ils doivent s'assurer que tous les faits sont soigneusement vérifiés avant publication, que les sources sont fiables et que l'information est présentée de manière transparente. De plus, il est crucial que les médias s'abstiennent de tout biais ou manipulation qui pourrait altérer la perception publique de l'information.

L'intégrité de l'information n'est pas simplement une bonne pratique journalistique, mais un impératif éthique et professionnel qui garantit que le journalisme reste une source fiable et respectée pour éclairer le public. Sans cette intégrité, la fondation même sur laquelle repose le journalisme s'effrite, laissant place à la méfiance et au scepticisme qui peuvent compromettre le tissu démocratique de la société.

Véracité et exactitude des données

La véracité des informations représente un pilier fondamental du journalisme, une discipline qui doit sa pertinence et sa nécessité à la capacité de fournir des faits fiables et non faussés. Comme le soulignent Bill Kovach et Tom Rosenstiel dans leur ouvrage de référence, Principes du journalisme, « la première obligation du journalisme est le respect de la vérité [4]». Ce principe de base suggère qu’au-delà de la simple transmission d'informations, le journalisme a le devoir profond de rechercher la vérité et de la restituer avec la plus grande précision possible.

Ce devoir envers la vérité nécessite un engagement constant pour la vérification rigoureuse des faits et une représentation précise des événements. Cela implique une démarche méthodique où chaque information, avant d’être diffusée, doit être scrutée minutieusement pour sa véracité. Les journalistes doivent s'assurer que les données recueillies sont à la fois exactes et complètes, ce qui permet de construire une image fidèle de la réalité à communiquer au public.

Cette démarche est essentielle dans un monde où l'information est omniprésente et où les fausses nouvelles peuvent se propager avec une facilité déconcertante via les plateformes numériques. L'engagement envers la véracité sauvegarde l'intégrité du journalisme et renforce la confiance que le public lui accorde. Sans cette confiance, le journalisme perdrait son rôle de gardien de la démocratie, incapable de remplir sa mission qui est d'informer, d'éduquer et de surveiller les pouvoirs en place.

En pratique, cela signifie que les journalistes doivent toujours questionner leurs sources, croiser les informations, et éviter les pièges de la facilité ou de la précipitation qui pourraient compromettre la qualité de l'information. La vérification des faits devient alors une discipline en soi, un impératif catégorique pour quiconque se consacre à l'acte de rapporter les nouvelles.

Ainsi, affirmer que la première obligation du journalisme est le respect de la vérité n'est pas simplement une norme éthique, mais aussi une exigence pratique et essentielle pour assurer la pertinence et l'efficacité de cette profession dans son rôle d'informateur et de médiateur dans la société.

Transparence et divulgation des sources

La transparence des sources d'information est devenue une composante essentielle de la crédibilité journalistique, particulièrement dans le contexte du journalisme numérique où les informations circulent rapidement et largement. David Weinberger encapsule cette exigence en affirmant que « la transparence est la nouvelle objectivité[5] ». Cette déclaration met en lumière un tournant dans la pratique journalistique, soulignant que la clarté sur l'origine des informations et les méthodologies employées pour leur collecte est désormais au cœur de la confiance que le public accorde aux médias.

Dans l'ère numérique, où chaque consommateur d'information peut également être un producteur, la véracité des contenus peut souvent être mise en doute. Les journalistes doivent donc aller au-delà de la simple présentation des faits ; ils doivent aussi exposer comment et où ils ont obtenu ces informations. Cette transparence permet aux lecteurs de comprendre le contexte dans lequel l'information a été recueillie et de juger par eux-mêmes de sa fiabilité.

Informer le public sur les sources implique de dévoiler non seulement l'identité de ces sources, lorsque cela ne met pas en danger leur sécurité ou celle de leurs proches, mais également de préciser les motivations potentielles des sources ou pourquoi certaines informations ont été anonymisées. Cela inclut aussi la clarification des méthodes utilisées pour recueillir et vérifier les informations, qu'il s'agisse d'entrevues, de recherches documentaires ou de l'utilisation de données.

En adoptant cette démarche, les médias ne se contentent pas de livrer une information, ils invitent le public à participer à un processus ouvert et réfléchi de compréhension des faits. Cette approche renforce la confiance et permet aux consommateurs de l'information de développer une compréhension plus critique des nouvelles qu'ils reçoivent. C'est pourquoi la transparence ne se limite pas à être une question de responsabilité ; elle est également un moyen puissant d'engagement public.

Ainsi, lorsque Weinberger fait de la transparence la « nouvelle objectivité », il souligne un changement paradigmatique dans la perception de l'objectivité dans les médias. Ce n'est plus simplement l'impartialité du journaliste qui est au premier plan, mais sa capacité à être ouvert sur son processus de travail. Ce changement est crucial pour s'adapter à un paysage médiatique où le scepticisme et le contrôle de l'information sont omniprésents.

Cette transition vers plus de transparence peut être vue comme une évolution nécessaire pour maintenir la pertinence et la confiance dans le journalisme à l'ère numérique, offrant ainsi aux citoyens les outils pour non seulement recevoir de l'information mais aussi pour évaluer son intégrité.

Désinformation et fausses nouvelles

La désinformation représente aujourd'hui l'un des plus grands défis pour l'intégrité de l'information dans notre société hyperconnectée. Comme le souligne Claire Wardle de First Draft, la désinformation se propage plus vite que jamais via les réseaux sociaux[6], un phénomène exacerbé par la vitesse et la portée de ces plateformes. Ce constat alarmant met en évidence la nécessité impérieuse pour les acteurs du domaine de l'information de développer des stratégies efficaces pour contrer cette propagation.

Les réseaux sociaux, avec leur capacité à diffuser rapidement de grandes quantités d'informations à un public mondial, sont devenus des vecteurs puissants pour la diffusion de fausses nouvelles. La nature souvent sensationnelle de la désinformation lui confère un avantage viral sur les vérités moins spectaculaires, exploitant les biais cognitifs et émotionnels des utilisateurs pour engendrer clics et partages.

Face à ce défi, il est crucial de mettre en œuvre des stratégies robustes qui comprennent non seulement la vérification des faits et la sensibilisation du public mais aussi le développement de technologies avancées pour détecter et signaler la désinformation. Les plateformes de réseaux sociaux elles-mêmes ont un rôle majeur à jouer en ajustant leurs algorithmes pour réduire la visibilité du contenu mensonger et en offrant des outils qui aident les utilisateurs à évaluer la fiabilité des informations qu'ils rencontrent.

En outre, la collaboration entre les organisations de fact-checking, les médias traditionnels et les experts en technologie est essentielle pour créer une réponse coordonnée et efficace. La formation continue et les programmes éducatifs peuvent également équiper les citoyens avec les compétences nécessaires pour critiquer et questionner les informations reçues.

C'est également une question de responsabilité civique de la part des utilisateurs des médias sociaux, qui doivent être vigilants et sceptiques quant aux sources des informations qu'ils consomment et partagent. La sensibilisation et l'éducation aux médias sont des composantes clés de cette lutte, permettant à chacun de devenir un participant actif et informé dans la préservation de la vérité.

Pressions commerciales et politiques

Les médias, jouant un rôle crucial dans la formation de l'opinion publique, sont régulièrement soumis à diverses formes de pressions qui peuvent menacer l'intégrité journalistique. Noam Chomsky et Edward Herman dans son ouvrage influent La fabrication du consentement[7], explore en profondeur comment les structures économiques et les intérêts financiers exercent une influence substantielle sur les pratiques journalistiques, souvent au détriment de l'exactitude et de l'impartialité des informations relayées.

Selon Chomsky et Edward Herman, les médias ne fonctionnent pas en vase clos mais sont intégrés dans des systèmes économiques où les forces du marché et les intérêts commerciaux prédominent. Ces structures économiques peuvent influencer de manière significative le contenu des nouvelles, la sélection des sujets, et même le ton des reportages. Les organisations de presse, en tant qu'entités commerciales cherchant à réaliser des profits, peuvent parfois privilégier des informations qui attirent de grandes audiences ou satisfont les préférences de leurs annonceurs et actionnaires plutôt que de s'attacher à la rigueur journalistique.

Ce phénomène peut conduire à une forme de censure subtile, où certains sujets sensibles ou critiques envers les puissants intérêts économiques sont sous-représentés ou présentés d'une manière qui en atténue l'impact. Chomsky et Herman arguent que ce biais systémique n'est pas toujours le résultat d'une manipulation délibérée, mais peut émerger des contraintes opérationnelles et des affiliations économiques des médias.

La compréhension de ce contexte est cruciale pour le public afin de maintenir un esprit critique vis-à-vis des informations consommées. Cela souligne également l'importance pour les journalistes et les rédactions de s'efforcer de maintenir une indépendance éditoriale, en résistant aux pressions externes qui pourraient fausser leur reportage. Des mesures telles que la mise en place de chartes éditoriales claires, l'investissement dans le journalisme d'investigation et la transparence quant aux sources de financement sont vitales pour préserver l'intégrité journalistique.

L'analyse de Chomsky et de Herman nous rappelle que la préservation de l'intégrité journalistique est un combat constant contre les influences extérieures qui menacent la qualité et l'indépendance de l'information, des enjeux essentiels pour une démocratie saine et informée.

Fact-checking et vérification des sources 

La vérification des faits est devenue une pratique fondamentale dans le journalisme moderne, essentielle pour combattre la désinformation et maintenir l'intégrité de l'information. Lucas Graves, dans son ouvrage « Deciding What’s True [8]», met en lumière le rôle crucial que jouent les fact-checkers dans le paysage médiatique actuel, où les fausses nouvelles et les informations erronées se répandent avec une rapidité alarmante.

Les fact-checkers, ou vérificateurs de faits, constituent une première ligne de défense contre la propagation de la désinformation. Ils se chargent de vérifier systématiquement les affirmations faites par les personnalités politiques et les médias, employant des méthodes rigoureuses pour évaluer l'exactitude des déclarations et des reportages. Cette tâche exige une grande précision et une méthodologie stricte pour démêler les faits des opinions ou des interprétations erronées.

Le travail des fact-checkers ne se limite pas simplement à identifier les faussetés ; il s'agit aussi d'évaluer le contexte, les sources et les preuves qui étayent les affirmations. En fournissant des analyses nuancées et détaillées, ils aident à construire une base solide pour un discours public informé et fiable. Cela contribue non seulement à élever le niveau de débat public mais aussi à renforcer la confiance envers les médias, ce qui est essentiel dans une société où l'information est omniprésente.

Cependant, le défi reste considérable. Dans un monde où l'information peut être diffusée globalement en quelques secondes via les réseaux sociaux, la capacité des fact-checkers à suivre le rythme de la désinformation est constamment mise à l'épreuve. De plus, la vérification des faits en elle-même peut être perçue comme controversée ou partisane, particulièrement dans des environnements politiques polarisés où les faits eux-mêmes sont souvent sujets à dispute.

Le rôle des fact-checkers, tel que décrit par Lucas Graves, est indispensable pour garantir que les informations qui atteignent le public soient non seulement intéressantes mais aussi fondées sur des preuves solides. Leur travail soutient les principes de transparence et de responsabilité qui sont vitaux pour le journalisme d'investigation et pour toute forme de communication publique visant l'intégrité et la fiabilité. Leur contribution est essentielle pour aider la société à naviguer dans un océan d'informations, souvent turbulent, en quête de vérité et de clarté.

Technologies et outils d’aide à la vérification

Les technologies modernes, notamment l'intelligence artificielle, jouent un rôle de plus en plus crucial dans la détection des fausses nouvelles, révolutionnant ainsi les méthodes traditionnelles de vérification des faits dans les salles de rédaction. Emily Bell, une figure éminente du Tow Center for Digital Journalism, souligne l'importance croissante de ces outils numériques, qui deviennent de plus des indispensables dans les salles de rédaction modernes.

L'utilisation de l'intelligence artificielle pour identifier et contrer les fausses nouvelles représente un tournant majeur dans la lutte contre la désinformation. Ces technologies permettent d'analyser de grandes quantités de données à une vitesse et avec une précision que les humains seuls ne pourraient atteindre. Des algorithmes sophistiqués peuvent scanner des textes, des images et même des vidéos pour y détecter des signes de manipulation ou des incohérences qui pourraient indiquer une information fallacieuse.

Ces outils numériques de vérification des faits ne se contentent pas de filtrer les informations ; ils assistent également les journalistes en fournissant des analyses contextuelles et en suggérant des sources fiables pour une vérification plus approfondie. Cette capacité à rapidement trier et valider l'information permet aux salles de rédaction de réagir plus efficacement face à la propagation virale de fausses nouvelles, surtout sur les plateformes de réseaux sociaux où la vitesse de diffusion est fulgurante.

Cependant, malgré leurs nombreux avantages, l'adoption de ces technologies pose également des défis éthiques et pratiques. La dépendance à l'égard des outils numériques soulève des questions sur la transparence des algorithmes utilisés et leur impartialité. De plus, la complexité des fausses nouvelles d'aujourd'hui, souvent entremêlées avec des demi-vérités ou des faits sortis de leur contexte, rend leur détection par IA plus difficile et nécessite une supervision humaine continue.

Cas de manipulation de l’information

L’analyse de la désinformation lors des élections américaines de 2016 a révélé comment les médias sociaux peuvent être exploités pour influencer l’opinion publique de manière significative. Cet événement marquant a mis en évidence les méthodes sophistiquées utilisées pour diffuser de fausses informations, soulignant ainsi l'importance cruciale d'une vigilance accrue et de l'adoption de pratiques de vérification rigoureuses par les plateformes et les utilisateurs.

La désinformation, souvent propagée par des comptes automatisés ou coordonnés, a joué un rôle prépondérant dans le façonnement des perceptions politiques pendant ces élections. Des campagnes de désinformation ciblées ont manipulé les débats publics, en amplifiant des théories conspirationnistes et en exacerbant les divisions sociales. Cette tactique a non seulement semé la confusion parmi les électeurs mais a également sapé la confiance dans le processus démocratique.

Face à ces défis, la nécessité d'une vigilance accrue devient évidente. Les plateformes de médias sociaux, en tant qu'acteurs dominants dans l'espace de l'information, portent une responsabilité particulière. Elles doivent améliorer leurs mécanismes de détection et de suppression des contenus fallacieux, en développant des technologies avancées et en collaborant étroitement avec les vérificateurs de faits. De plus, la transparence dans ces processus est vitale pour rétablir et maintenir la confiance du public.

Les pratiques de vérification rigoureuses sont également essentielles. Les médias, les institutions académiques et les citoyens eux-mêmes doivent être équipés pour identifier et dénoncer la désinformation. Cela inclut l'éducation aux médias et à l'information, qui peut équiper les individus avec les compétences critiques nécessaires pour naviguer dans le paysage médiatique complexe et souvent trompeur d'aujourd'hui.

L'expérience des élections de 2016 sert donc d'avertissement sévère : sans une vigilance et des pratiques de vérification renforcées, la désinformation reste une menace persistante, capable de déstabiliser les sociétés et d'influencer indûment les processus politiques. Elle appelle à un engagement continu pour défendre l'intégrité de l'information, pilier fondamental de la démocratie.

Rôle des organisations et régulateurs

Les organisations journalistiques, telles que la Society of Professional Journalists (SPJ), jouent un rôle crucial dans la définition des normes éthiques du journalisme. Elles établissent des codes de conduite qui servent de guide aux professionnels de l'information dans leur pratique quotidienne. Selon la SPJ, ces codes insistent sur des valeurs fondamentales telles que l’honnêteté, le fair-play, et le courage dans la collecte et la diffusion des informations. Ces principes sont essentiels pour assurer que les journalistes non seulement respectent leur devoir envers le public, mais agissent aussi en gardiens de la vérité et de la démocratie.

L’honnêteté, dans ce contexte, implique une représentation fidèle des faits, sans distorsion ni manipulation. C'est un engagement à dire la vérité, même lorsque cela peut être inconfortable ou défavorable. Le fair-play, quant à lui, se rapporte à l’équité et à l’impartialité dans le reportage, garantissant que toutes les parties impliquées dans une histoire sont justement représentées sans préjugés. Enfin, le courage est indispensable pour traiter des sujets difficiles, enquêter sur des questions controversées, et défendre la liberté de la presse, surtout dans des circonstances où elle pourrait être menacée.

Ces codes de conduite ne sont pas simplement des idéaux théoriques, mais des engagements pratiques qui influencent la manière dont les nouvelles sont rapportées. Ils aident à construire et à maintenir la confiance du public dans les médias, essentielle à une société informée. Dans un monde où l'information est facilement accessible mais souvent inexacte ou trompeuse, le rôle des journalistes guidés par de tels principes devient encore plus crucial.

Ainsi, l'adhésion à ces standards éthiques est un défi constant mais nécessaire pour les journalistes, leur permettant de naviguer dans un paysage médiatique complexe tout en servant au mieux les intérêts du public. L'application de ces codes de conduite est la pierre angulaire qui distingue les professionnels de la désinformation, assurant que le journalisme reste une force pour le bien commun.

L’intégrité de l’information est cruciale pour le journalisme et la communication, car elle assure la mission fondamentale d'informer le public de manière fiable et précise. Face aux défis croissants posés par la désinformation et les pressions externes, il est impératif que les médias renforcent continuellement leurs pratiques de vérification des faits et de transparence pour préserver et renforcer la confiance du public. Comme le souligne Katharine Viner, une approche rigoureuse et une adhésion sans faille à l'éthique journalistique sont indispensables pour répondre aux attentes du public.

L’intégrité de l’information va au-delà d'une simple pratique professionnelle ; elle constitue le pilier de la crédibilité de l'ensemble de l'industrie de la communication. À une époque de rapide évolution technologique et de changements dans les modes de consommation de l'information, les professionnels du secteur doivent être des gardiens vigilants de la vérité, capables de naviguer dans le paysage médiatique complexe du XXIe siècle. Avec des pratiques responsables et une éthique inébranlable, le journalisme peut continuer à jouer son rôle vital de quatrième pouvoir, indispensable à la santé démocratique de toute société.

[1] Bill Kovach est un journaliste américain renommé, connu pour son rôle en tant que directeur du bureau de Washington de The New York Times et éditeur de l'Atlanta Journal-Constitution.

[2] Rapport | Doc. 14526 | 09 avril 2018, La protection de l’intégrité rédactionnelle, [en ligne] https://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/Xref-XML2HTML-fr.asp?fileid=24556&lang=fr, consulté le 16 mai 2024.

[3] Idem

[4] Bill Kovach et Tom Rosenstiel, Principes du journalisme : Ce que les journalistes doivent savoir, ce que le public doit exiger, trad. de l’anglais (États-Unis) par Monique Berry et Baptiste Rinner, Nouveaux Horizons, Paris, 2023, p. 26.

[1] David Weinberger, « La transparence est la nouvelle objectivité, [en ligne] https://www.hyperorg.com/blogger/2009/07/19/transparency-is-the-new-objectivity/, consulté le 17 mai 2024.

[6] Claire Wardle, « Fake news, la complexité de la désinformation », [en ligne], « https://firstdraftnews.org/articles/fake-news-la-complexite-de-la-desinformation-2/ »., consulté le 17 mai 2024.

[7] Noam Chomsky et Edward Herman, La fabrication du consentement : de la propagande en démocratie, Agone, Paris, 2008.

[8] Lucas Graves, Deciding What’s True : The Rise of Political Fact-Checking in American Journalism, Columbia University Press, 2016, British.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.