Alors que sont désormais connus les résultats définitifs de ces élections législatives, nous tenons avant tout à exprimer notre soulagement : cette fois encore, le barrage a tenu, et le RN a échoué à prendre le pouvoir. Malgré l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, qui a pris le risque d’une dissolution au sortir d’élections européennes triomphales pour l’extrême-droite, malgré l’ignominie de bon nombre de ses principaux ministres, qui n’ont pas hésité à renvoyer dos-à-dos la FI et le RN, malgré la faillite morale complète d’une soi-disant “droite républicaine” parfaitement indiscernable de l’extrême-droite et qui assume désormais son alliance avec elle, le fascisme n’est pas passé.
Il faut à ce titre saluer l’engagement sans faille des militant·es et le sens des responsabilités des forces de gauche, qui n’ont pas hésité à se désister pour empêcher la victoire du RN, parfois au profit de candidat·es ayant activement participé à la destruction des conditions de vie de la population. Au contraire, par leur maintien au second tour, les candidates Ensemble Anne-Laurence Petel et Émilie Chandler ont permis l’élection à quelques centaines de voix près de député·es RN. Ces deux exemples illustrent ce qu’aura été le destin de la macronie dans ces élections : la défaite et le déshonneur.
Au-delà du soulagement légitime de voir le RN battu, nous nous félicitons également de la victoire du NFP, que nous avons appelé à soutenir dès le lendemain de sa constitution. Malgré l’intensité et l’ignominie de la campagne médiatique visant à diaboliser la FI et le NPA, et par association, l’intégralité de la gauche à travers l’accusation infamante d’antisémitisme, le premier groupe à l’Assemblée nationale sera constitué de député·es ayant été élu·es sur un programme de rupture claire avec les politiques mortifères menées sans interruption en France depuis des décennies.
Ce succès ne doit cependant pas nous conduire à négliger la gravité de la situation. Même s’il échoue à obtenir la majorité des député·es à l’Assemblée nationale, le RN augmente considérablement son nombre de sièges, passant de 89 à 143 député·es. Plus inquiétant encore, il recueille le plus grand nombre de voix, avec 32,05% des suffrages exprimés, contre 25,68% pour le NFP. La dynamique électorale de l’extrême-droite s’est par ailleurs accompagnée d’une explosion du nombre d’actes racistes ces dernières semaines, insultes, harcèlement, menaces de mort et de viol, ratonnades, etc.
Bien qu’ayant obtenu le plus grand nombre de député·es, le NFP reste loin de la majorité absolue. L’expérience de la NUPES témoigne par ailleurs que de telles unions sont susceptibles d’exploser sous la pression de forces centrifuges. L’instabilité consubstantielle à la division du champ politique en trois blocs peut ainsi conduire certain·es des membres du NFP à envisager d’autres alliances, au prix de l’abandon de certaines des mesures sur lesquelles iels ont été élu·es. Une nouvelle trahison des électeur·ices ne ferait qu'accroître le risque d’une accession ultérieure de l’extrême-droite au pouvoir. Partout dans le monde, c’est en effet la mise en œuvre par la gauche de politiques néolibérales qui a servi de combustible aux mouvements fascistes, en leur permettant d'apparaître comme la seule alternative à un système de plus en plus rejeté par la population. De ce point de vue, le retour sur la scène politique d’une figure comme François Hollande qui incarne de manière paroxystique les trahisons de la gauche doit nous conduire à la plus grande vigilance.
Ces élections auront démontré que l’ascension du fascisme est résistible. Désormais, pour le faire reculer, il est indispensable pour la gauche de repasser à l’offensive. L’extrême-droite se nourrit de la désespérance sociale, à laquelle elle oppose la fausse solution du contrat racial. Contre l’antienne néolibérale que des années de matraquage ont fini par imprimer dans l’esprit de bon nombre d’électeur·ices, la gauche doit faire la démonstration matérielle qu’il existe une alternative à l’ordre des choses.
Dans la mesure où le racisme constitue le cœur de l’adhésion d’une partie de la population au projet porté par le RN, nous réaffirmons par ailleurs la nécessité impérieuse pour notre camp d’affronter frontalement ces questions, en particulier celle de l’islamophobie. Là aussi, le rôle qu’aura joué une partie de la gauche dans sa légitimation, notamment à travers un dévoiement de la laïcité, aura été particulièrement mortifère. Choisir de ne pas évoquer ces questions au nom d’un prétendu apaisement constitue non seulement une faute politique, mais également une impasse stratégique.
Dans cette perspective, nous déplorons également les réticences de certains partenaires du NFP à ce que soit évoquée la question du génocide en cours à Gaza, au point de voir comme une provocation la simple présence de Rima Hassan sur une photo. Le fait que ce soit sur la question palestinienne que le PS, le PCF et EELV aient décidé de faire exploser la NUPES témoigne de son caractère névralgique pour les forces d’émancipation : tenir bon sur la Palestine, c’est tenir bon sur la nécessité d’une rupture avec l’ordre des choses.
Enfin, la multiplication des échéances électorales au cours du dernier mois ne doit pas nous amener à faire de l’élection une fin en soi, a fortiori lorsqu’elle n’accouche que d’une victoire partielle. En 2024 comme en 1936, les forces politiques doivent être accompagnées par un mouvement social de grande ampleur. L’inclusion dans le NFP d’acteurs syndicaux et associatifs constitue à ce titre une avancée par rapport à la NUPES. Dans l’avenir incertain qui s’ouvre devant nous, porteur de menaces comme d’espoirs, nous affirmons la nécessité de la lutte sur tous les fronts pour consolider une gauche de rupture, et notre détermination à y prendre part. Le meeting appelé ce mercredi 10 juillet par Paroles d’Honneur au Relais Pantin constitue une première étape dans cette démarche, et nous invitons les personnes se trouvant en région parisienne à nous y rejoindre.
Grand meeting politique au Relais Pantin, mercredi 10 juillet à 19h
61 rue Victor Hugo, 93500 Pantin
Métro: Eglise de Pantin
Pour plus d'infos:
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