80 ans de la rafle des enfants d’Izieu
Il y a 80 ans, 44 enfants et 7 adultes juifs cachés dans un refuge furent raflés et envoyés vers les camps d’extermination.
En 1942, Sabine Zlatin, résistante juive d’origine polonaise et infirmière de La Croix Rouge, travaille pour une maison d’enfants juifs à Palavas-les-Flots près de Montpellier.
Roger Fridrici, préfet de l'Hérault, prévient le sous-préfet de Belley dans l’Ain, Pierre Marcel Witzer de son souhait de protéger ces enfants alors que les rafles sont nombreuses dans cette région. Le sous-préfet lui propose la mise à disposition d’une maison de village dans le village d'Izieu au printemps 1943.
Elle fonde la Colonie d’enfants pour réfugiés juifs de l'Hérault, destinée à accueillir et sauver les enfants juifs de ce département.
En un an, une centaine de jeunes passeront par ce refuge. Ils y restent parfois quelques semaines, parfois plusieurs mois.
Fin 1943, alors que le village tombe sous l’occupation allemande, Sabine Zlatin fait tout pour disperser les enfants, consciente des risques de rafles qui pèsent sur le lieu.
Partie à Montpellier chercher un refuge plus sûr, elle apprend la triste nouvelle par un télégramme.
Le 6 avril 1944, un mois après la mutation du sous-préfet, une rafle est ordonnée par Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon.
44 enfants ainsi que sept adultes du personnel les encadrant furent transportés d’abord vers la prison de Montluc, puis vers le camp de Drancy avant d’être déportés vers les camps de Auschwitz-Birkenau et de Tallin en Estonie où deux adolescents sont fusillés.
Seuls survivent une adulte (Léa Feldblum) rescapée des camps, choisie par les nazis pour être un cobaye et subir des expériences, et un enfant (Léon Reifman) qui parvient à s’échapper par la fenêtre au moment de la rafle, avant d’être aidé par des villageois.
Le seul enfant non-juif, René Wucher sera finalement relâché.
Ils témoigneront plus tard au procès du criminel nazi Klaus Barbie.
Même si l’existence de ce refuge était du domaine public, des zones d’ombre demeurent quant à la dénonciation de ces enfants.
De nombreux soupçons concordent vers un certain Lucien Bourdon, originaire de la ville de Metz présent aux côtés de la Gestapo au moment de la rafle d’après les témoignages.
Le courage et la volonté de Sabine Zlatin et les justes qui l’ont aidé n’ont rien d’anecdotique.
Commémorer les victimes de cette rafle et se souvenir de la résistance face à la cruauté du nazisme a un sens politique.
Aujourd’hui encore, l’antisémitisme reste profondément structurel.
Les héritiers directs des régimes fascistes sont aux portes du pouvoir dans une partie de l’Europe et des idées racistes et xénophobes se diffusent avec l’appui d’un bloc libéral radicalisé et d’une partie conséquente des médias.
La résistance face à l’extrême-droite et ses idées doit s’organiser à toutes les échelles de la société.