Amsterdam : pogrom antisémite ou autodéfense populaire ?
Les scènes de violence qui ont accompagné la rencontre de football de ce jeudi 7 novembre à Amsterdam entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv ont provoqué un vif émoi. Une lecture erronée de ces événements a été immédiatement relayée par les médias mainstream et l’écrasante majorité du spectre politique français : les ultras du Maccabi auraient été attaqués “parce que Juifs”, si bien que la ville d’Amsterdam aurait été le théâtre d’une véritable “chasse aux Juif•ves”, voire d’un “pogrom”. Toutes les voix refusant d’accepter ce narratif ont été immédiatement taxées d’antisémitisme.
Dans ce contexte de confusion générale, il est pourtant essentiel de rappeler un certain nombre de faits, à commencer par les exactions dont se sont rendus coupables les ultras du Maccabi Tel-Aviv. Avant même le match, ils ont en effet déambulé dans les rues de la ville en entonnant des chants racistes et ouvertement génocidaires : “Laissons Tsahal gagner et niquer les Arabes. Il n’y a plus d’écoles à Gaza parce qu’il n’y a plus d’enfants”. Pendant le match, ils ont refusé de respecter la minute de silence dédiée aux victimes des inondations meurtrières de Valence, au prétexte du soutien de l’Espagne à la Palestine. Ils se sont par ailleurs livré à différents actes de violence physique : arrachages de drapeaux palestiniens, menaces et agressions de passant•es non-blanc•hes, passage à tabac d’un chauffeur de taxi d’origine marocaine, etc.
Ce type d’exactions n’est en réalité pas surprenant venant de groupes d’ultras qui revendiquent leur soutien indéfectible à Benyamin Netanyahou, et dont des membres participent fièrement aux menées génocidaires de l’armée israélienne à Gaza, certains soldats allant jusqu’à arborer sur leur uniforme les badges de leur groupe. En 2014, ils avaient du reste clairement exprimé leur refus de voir le moindre Arabe porter les couleurs de leur club. Le 7 mars dernier à Athènes, à l’occasion d’un match contre l’Olympiakos, ils avaient passé à tabac des non-blanc•hes et laissé pour mort un jeune homme arabe.
Bien loin de rappeler ces faits, la plupart des réactions publiques ont voulu imposer l’idée que les événements d’Amsterdam relevaient de violences antisémites de masse. Dans un tweet, Emmanuel Macron a ainsi évoqué “les heures les plus indignes de l’Histoire”, alors que le président du CRIF Yonathan Arfi a déclaré sur les antennes de LCI : “Je ne pensais plus voir ça depuis le 7 octobre, depuis la Shoah.” Malheureusement, cette lecture des événements a également été reprise par des personnalités de gauche ou prétendant l’être. Fabien Roussel a par exemple déclaré que les supporters avaient été lynchés parce que Juifs, et Olivier Faure a poussé l’ignominie jusqu’à souligner que ces attaques avaient eu lieu la veille de la date anniversaire de la Nuit de Cristal.
Il est malheureusement tout à fait possible que des actes antisémites aient été commis dans le cadre de la réponse apportée par des habitant•es d’Amsterdam aux exactions des ultras fascistes et génocidaires du Maccabi Tel-Aviv. De tels actes ne seraient naturellement pas excusables, et constitueraient une nouvelle preuve que les agissements des sionistes mettent en danger l’intégralité des Juif•ves à travers le monde, en contribuant à l’assimilation entre celleux-ci et l’Etat criminel israélien.
Il convient toutefois de rappeler une évidence : face à la violence de groupes fascistes, ouvertement racistes et génocidaires, la réponse est légitime et relève de l’autodéfense populaire, y compris lorsqu’elle est violente. Prétendre y voir une “chasse aux Juif•ves” ou un “pogrom” est non seulement faux et dangereux, mais également obscène. Ce relativisme est par ailleurs d’autant plus grave que celleux qui s’y livrent sont souvent les premiers à refuser l’utilisation du terme de génocide pour Gaza au prétexte que cela reviendrait à banaliser la Shoah.
En réalité, ces événements démontrent une nouvelle fois le caractère délétère du deux poids-deux mesures dont bénéficie Israël. Il est évident qu’au vu du génocide actuellement mené à Gaza, les équipes de ce pays auraient dû être exclues de l’ensemble des compétitions sportives internationales, comme l’ont été les clubs russes suite à l’invasion de l’Ukraine. Dans ce contexte, il est aisé d’imaginer que le match France-Israël du jeudi 14 novembre pourrait susciter de nouvelles violences. La responsabilité de l’Etat français, des instances internationales et de tous•tes celleux qui garantissent l’impunité israélienne serait alors totale.