Dans une interview donnée au Nouvel Obs à l’occasion de la sortie de son Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme, Jonas Pardo a tenu des propos sur Tsedek! que nous estimons diffamatoires envers notre collectif et symptomatiques d’une méthodologie bancale. Le Nouvel Obs a accepté de publier le droit de réponse qui suit:
Jonas Pardo prétend que le collectif Tsedek! fait de l’antisémitisme actuel un « fantasme. » Pourtant, une telle position n’a jamais été exprimée, ni par nous, ni par aucun de nos membres. Cette fausse affirmation ne vise donc pas à réfuter nos analyses sur la question de l’antisémitisme, mais plutôt à nous disqualifier en laissant cheminer l’idée que nous y serions complaisants. Elle se fonde sur un rapprochement grossier et abusif entre les polémiques qui ont émaillé les mouvements étudiants de solidarité avec le peuple palestinien et le viol à caractère antisémite d’une enfant juive de douze ans survenue à Courbevoie en juin dernier.
Plusieurs communiqués et publications du collectif Tsedek! ont alerté sur l’actualité de l’antisémitisme et la résurgences des actes antisémites. Face aux attaques de synagogues, aux agressions et viols antisémites, face aux dérives complotistes et à la montée de l’extrême-droite partout dans le monde, nous avons tenu un discours aussi clair que constant. Prétendre que nos analyses reviennent à valider les justifications des auteurs d’actes antisémites relève de la calomnie.
Nous revendiquons également une lecture politique de l’antisémitisme, qui nous permet de comprendre la corrélation observée entre les principaux pics d’actes antisémites et la politique israélienne à l’égard des Palestinien•nes. Il serait absurde de prétendre expliquer l’antisémitisme par l’unique facteur du conflit israélo-palestinien. Pour autant, nier l’impact du conflit dans la perception des Juif•ves dans le monde et la circulation de l’antisémitisme l’est également. Balayer cette réalité en affirmant que tout cela « n’a rien à voir avec Israël » témoigne à nos yeux d’un angle mort qui nous désarme au sens propre du terme dans la lutte contre l’antisémitisme.
C’est bien parce que nous considérons que l’antisémitisme n’est ni un reliquat du passé, ni une menace fantasmatique, mais bien un phénomène objectivable s’inscrivant dans une réalité matérielle qu’il nous paraît vital de mener ces discussions et de nous armer politiquement contre cette de forme de racisme profondément ancrée dans les rapports sociaux contemporains.