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Billet de blog 18 juin 2025

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Agression israélienne contre l’Iran

Les attaques lancées par Israël sur l’Iran marquent le franchissement d’une nouvelle étape dans l’embrasement généralisé de la région que le régime sioniste semble déterminé à provoquer.

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Agression israélienne contre l’Iran : l’urgence de s’opposer à la fuite en avant destructrice du régime sioniste.
Les attaques lancées par Israël sur l’Iran marquent le franchissement d’une nouvelle étape dans l’embrasement généralisé de la région que le régime sioniste semble déterminé à provoquer. Présentées par le gouvernement israélien comme des frappes préventives destinées à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, elles répondent en réalité à un objectif bien plus inquiétant : susciter une escalade et entraîner les États-Unis dans une guerre afin de mettre en œuvre un changement de régime à Téhéran. 

Depuis plusieurs décennies, Israël mène contre l’Iran une guerre indirecte faite d’assassinats ciblés, de cyberattaques, de sabotages et de frappes aériennes. Pour le régime sioniste – et particulièrement pour Netanyahou, qui a bâti depuis plus de 30 ans sa carrière politique sur la dénonciation de la “menace nucléaire iranienne” – l’Iran constitue l’ennemi absolu, le “Reich Islamique” comme le décrivait l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan.

La semaine dernière a constitué un point de bascule dans cette guerre : outre les attaques sur plusieurs sites nucléaires, Israël a bombardé des immeubles d’habitation pour atteindre des hauts gradés et des négociateurs de l’accord sur le nucléaire, provoquant des centaines de victimes civiles, présentées comme à son habitude par la propagande israélienne comme des “victimes collatérales”. Dans une seule frappe sur un immeuble résidentiel de Téhéran, plus de 60 personnes ont ainsi été tuées, dont près de 20 enfants. Un certain nombre de missiles iraniens envoyés en réponse à ces attaques ont franchi le système de défense israélien, et ont provoqué une vingtaine de mort·es. 

Il apparaît clairement qu’en réalité, l’agression israélienne ne vise pas à détruire le programme nucléaire iranien, mais bien à terroriser la population dans le but de la retourner contre son gouvernement. Des hôpitaux ont été touchés par des bombardements, et Donald Trump a averti les plus de 10 millions d’habitant·es de Téhéran via son compte truth social qu’ils et elles n’avaient que quelques heures pour fuir. Peu de temps auparavant, le bâtiment de la TV nationale avait été pris pour cible, contraignant une journaliste en plein direct à se mettre à l’abri. 

L’Iran se retrouve ainsi bombardé par un État qui commet un génocide, viole le droit international au vu et su de tous, possède illégalement l’arme nucléaire et refuse tout contrôle de l’AIEA. Un État qui depuis un an et demi a attaqué les populations du Liban, de la Syrie, de l’Irak, du Yémen, et dont les dirigeant·es sont animé·es par une idéologie messianique. Pourtant, la plupart des chancelleries européennes se sont empressées de réaffirmer le “droit d’Israël à se défendre”, au mépris du droit international le plus élémentaire, à commencer par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président de la République Emmanuel Macron, ainsi que l’écrasante majorité des responsables politiques français. 

Ce mantra est inlassablement répété sur tous les plateaux des médias mainstream, où les soutiens du régime sioniste justifient l’agression israélienne par la nature autoritaire et réactionnaire du régime de Téhéran, l’oppression des femmes iraniennes, la persécution des minorités, ou encore la répression brutale qu’il a mise en œuvre contre ses opposant·es. Il s’agit là de réalités indiscutables. Pour autant, il convient de rappeler aux soit-disant défenseur·euses des valeurs démocratiques que les bombes occidentales ont toujours lamentablement échoué à améliorer le sort des populations sur qui elles s’abattaient, que ce soit en Afghanistan, en Irak ou en Libye au cours des dernières décennies, ou dans toutes les régions du monde où l’Europe a prétendu exercer une mission civilisatrice par la domination coloniale. 

En dépit des rodomontades de ses dirigeant·es, la fuite en avant destructrice d’Israël est en réalité la conséquence de son affaiblissement. L’ampleur des atrocités commises dans le cadre du génocide à Gaza rend de plus en plus intenable le soutien inconditionnel des États occidentaux dont il a longtemps bénéficié. Sur le plan militaire, derrière ses prétentions à assurer par ses seuls moyens la “sécurité des Juif·ves” à travers le monde, la réalité est celle d’une dépendance complète aux États-Unis, que ce soit pour la poursuite du génocide à Gaza ou ses velléités de faire chuter le régime iranien. 

Alors que l’attention générale est entièrement tournée vers l’Iran, Israël accélère son nettoyage ethnique en bombardant le nord de Gaza, et adopte des lois entérinant l’annexion de toujours plus de territoires en Cisjordanie. La population de Gaza a besoin d’une intervention immédiate et sans entrave. Les tentatives pacifiques d’acheminer une aide humanitaire à travers la Flottile de la Liberté ou la marche internationale pour Gaza ont à nouveau mis en lumière la faillite morale complète des puissances occidentales et de leurs soutiens, à commencer par l’Égypte, qui a réprimé le convoi pourtant pacifique avec une violence considérable, et s’est par là-même rendue complice du génocide des Palestinien·nes. 

Pour penser clairement le désastre en cours et nous y opposer efficacement, il est impératif de lutter contre la confusion des discours véhiculés dans le champ public, qui font de cette guerre l’expression d’une lutte entre une civilisation judéo-chrétienne ouverte et démocratique, et un monde musulman arriéré et théocratique. Face au désastre, notre tâche de militant·es anti-impérialistes est claire : amplifier la campagne BDS, construire un front large contre la guerre, organiser ici et maintenant la solidarité internationale, imposer la fin de l’impunité d’Israël, afin de porter secours à une population martyre, et à terme, de rendre justice au peuple palestinien.

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