Manifestation féministe du 23 novembre : tirer les leçons d’un échec
Ce samedi 23 novembre à Paris avait lieu à l’appel de l’association féministe Nous Toutes la Manifestation contre les féminicides, les violences de genre, les violences sociales et d’Etat. En tant que co-signataire, Tsedek! y participait au sein du cortège féministe contre l’armement et le génocide en Palestine. Comme ils avaient déjà tenté de le faire à d’autres occasions, l’association sioniste Nous Vivrons et le collectif identitaire Némésis avaient chacun annoncé leur intention de se joindre au cortège. Lors de la déclaration de la manifestation en préfecture, Nous Toutes avait du reste explicitement affirmé son refus de voir ces deux organisations participer à l’événement.
Peu de temps après le début de la manifestation, ces deux groupuscules qui prétendent instrumentaliser les combats féministes au profit d'un agenda raciste, suprémaciste et réactionnaire, sont néanmoins arrivés à visage découvert et sous forte escorte policière. Ils ont alors commencé à défiler derrière la masse principale des manifestant•es en scandant des mots d’ordre ouvertement racistes.
Accompagnés de nos camarades du collectif Kessem, Juives féministes décoloniales, nous avons tenté de nous interposer afin d’éviter que ces groupes ne défilent au sein de la manifestation comme si de rien n’était. Pourtant, rapidement esseulé•es en raison de l’avancée du cortège principal, et faisant face à un important dispositif policier, nous avons dû nous contenter de scander des slogans hostiles sans pouvoir réellement entraver l’action de Nous Vivrons et de Némésis, qui ont ainsi pu suivre la manifestation tout du long.
Disons le clairement : le fait qu’un groupuscule ouvertement raciste comme Némésis et une organisation qui affiche son soutien indéfectible à l’Etat génocidaire israélien comme Nous Vivrons puissent tranquillement défiler dans le cadre d’une manifestation féministe dans les rues de Paris constitue un échec inquiétant. Nous ne pouvons que témoigner de notre incompréhension de nous être retrouvé•es seul•es avec nos camarades de Kessem pour leur faire face, alors même qu’un cortège massif continuait tranquillement à suivre le parcours officiel, et que les mots d'ordre affichés de la manifestation comprenaient notamment l'antifascisme et le féminisme décolonial. Rappelons en outre que lors de la manifestation du 8 mars dernier organisée dans le cadre de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes, Nous Vivrons avait été expulsé du cortège manu militari, malgré la présence à ses côtés de miliciens violents du SPCJ.
Le fait que tel n’ait pas pu être le cas ce samedi 23 novembre s’explique à la fois par la nouveauté de la tactique employée par Nous Vivrons et Némésis (arrivée à visage découvert plutôt que l’infiltration discrète des cortèges que ces groupes avaient jusqu’alors privilégiée), le choix de la police d’imposer la participation d’organisations pourtant explicitement refusées par les organisatrices, mais également par l’affaiblissement du mouvement social, notamment en faveur de la Palestine.
Nous devons aujourd’hui tirer le bilan de cet échec pour éviter qu’il ne se reproduise à l’avenir. À nous qui savons que l’antifascisme exige davantage que de scander des slogans pour les photographes, il doit être une invitation à nous organiser plus efficacement, à nous coordonner davantage. Nous ne pouvons accepter de laisser la rue aux fascistes, aux sionistes, aux racistes. Cette manifestation doit servir de leçon à chaque organisation se revendiquant du camp de l’émancipation : face à une extrême-droite déterminée et qui bénéficie du soutien de plus en plus assumé de l’appareil répressif d’Etat, nous devons être prêt•es à répondre avec la plus grande fermeté.