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Les travailleurs et travailleuses, les familles, les retraités, les jeunes en font déjà les frais tandis que les entreprises et singulièrement les plus grosses se sont vu accorder des milliards sans aucune contreparties sociales.
Et voici que Bruno Le Maire est venu affirmer ce week-end que «l’État remboursera sa dette d’abord grâce au retour de la croissance, ensuite par une maîtrise de nos dépenses de fonctionnement et, enfin, par des réformes structurelles comme celle des retraites, qui doit être la priorité absolue. C’est une conviction forte ». La revoilà donc cette réforme qui n'avait en fait jamais été rayée de la « to do list » ou de l'agenda du quinquennat. La réforme des retraites fait aujourd’hui son retour car le gouvernement ne compte pas renoncer au projet phare d’Emmanuel Macron.
Elle n'a jamais été enterrée comme le Premier ministre, Jean Castex l'assurait début septembre : « Nous la ferons. […] Il n’est pas question de mettre la poussière sous le tapis au sujet des retraites ». Castex en avait remis une couche dans un discours lors du 75e anniversaire de la Sécurité sociale : « Nous devons conduire ce changement ». Bien en phase avec son patron qui en juillet rassurait les milieux libéraux et financiers leur promettant qu'il « il n’y (aurait) pas d’abandon » de son projet qu’il le juge toujours « juste ». Le contrepoint de l’intervention d’Elisabeth Borne, assurant que dans le contexte la priorité absolue était la question de la santé et de l’emploi démontre le fruit du rapport de force que nous avons construit.
Une partie de LREM et de la droite sont prêts à déterrer la hache de guerre alors même que le pays est plongé dans la plus grave crise que son système de protection sociale ait eu à assumer, et que flambent les plans sociaux. Alors que les comptes de la Sécurité sociale devraient afficher un déficit de 35,7 milliards d’euros en 2021, selon le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié jeudi dernier, certains sont tentés de profiter de la situation d'endettement liée au Covid pour justifier cette réforme. Un pari bien risqué alors que grâce à la mobilisation construite par la CGT, la réforme est massivement rejetée par les Français et par les cadres en particulier.
Le baromètre publié par la CGT des ingénieurs cadres et techniciens vient nous rappeler que les cadres y sont opposés à 54 %. Macron aura-t-il la folie de poursuivre sa furie réformatrice pour continuer à faire les poches d'une droite à qui il a déjà piqué tant de ses idées ? Non la réforme n'est pas morte comme sont venus le rappeler les sénateurs LR qui il y a deux semaines, lors de l’examen du projet du budget de Sécurité sociale, ont déposé un amendement suggérant de repousser progressivement l’âge légal de départ jusqu’à 63 ans en 2025. Ils veulent aller plus vite dans l’allongement de la durée de cotisation pour atteindre 43 annuités pour la génération née en 1965.
Pour les syndicats, il n'y a -pour ceux qui n'ont pas combattu cette réforme- aucune urgence à la remettre en route tant que la crise et ses urgences sociales ne seront pas derrière nous. Pour la CGT, demain comme hier cette réforme doit être combattue car elle est porteuse de lourds reculs sociaux. L'urgence n'est pas de faire payer le prix de la crise aux travailleurs en dégradant leur couverture sociale, leur assurance chômage et leurs droits à la retraite. Bien au contraire, il faut développer la protection sociale et mettre en sécurité les citoyens. Notre pays en a les moyens. Il a su les trouver alors qu'il relevait ses ruines en 1945. Il peut d'autant plus les trouver en partageant autrement les richesses que nous créons, même en période de crise.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT