
Il y avait là sans doute et avant tout la volonté de faire s'exprimer les colères et les attentes sociales qui ont été mises sous le boisseau par un second tour dont la seule finalité était d'éviter l'arrivée au pouvoir des fachos ripolinés et dédiabolisés. Il y avait dans les rues et dans les slogans l'envie de se rappeler au souvenir d'un Emmanuel Macron qui s'est dit « obligé » par le vote des Français, mais qui n'en fera rien. Dans un contexte économique très difficile, assombri par la guerre aux marches de l'Europe, quelque 210 000 personnes dans 250 manifestations ont rappelé leurs revendications et leur attachement aux valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité entre les peuples. Et ils ont clairement manifesté pour un changement de la politique économique et sociale.
Bien sûr les médias mainstream n'ont vu dans cette journée que le lancement de la campagne des législatives et un « troisième tour social ». Il faut quand même avoir une mémoire de poisson rouge ou une bonne dose de mauvaise foi pour ne pas se souvenir que tout le premier quinquennat Macron a été ponctué de mobilisations sociales, y compris aussitôt levées les restrictions de l'état d'urgence sanitaire. Les syndicats n'ont pas attendu le calendrier électoral pour manifester et ils peuvent même se féliciter d'avoir remis les urgences sociales au cœur de la campagne d'une présidentielle qui démarrait sous les seules thématiques de l'islamisme, l'insécurité, l'identité nationale et autres vieilles lunes d'extrême droite.
Il y a derrière cette vision médiatique (partagée aussi par certains politiques) l'idée d'un syndicalisme force d'appoint qui jouerait une partition politique. C'est évidemment une vision étriquée, biaisée.
Après une présidentielle décevante pour ceux, très nombreux, qui voulaient sanctionner la politique néo-libérale d’Emmanuel Macron et qui rejettent aussi le poison du lepenisme comme du zemmourisme, il serait évidemment heureux que les prochaines échéances politiques permettent aux Français de choisir une autre politique économique, sociale industrielle, environnementale. Pour avoir enfin un autre choix que le pire ou le moins pire. L’aspiration légitime à l’unité des forces sociales doit pouvoir s’exprimer en juin prochain.
« Ce 1er mai renforce la CGT dans sa responsabilité pour imposer le progrès social avec les travailleurs dans l’unité la plus large possible face à la division, au rejet de l’autre, aux politiques libérales au service d’un capitalisme mondial mortifère » a affirmé la confédération dimanche soir. Elle entend « continuer à être offensive pour l’intérêt et les droits des travailleurs et les appelle à s’investir, à prendre leur avenir en main et à se syndiquer pour créer les conditions de la construction, de l’amplification et de la convergence des luttes. » Les batailles contre la retraite à 65 ans, pour l'augmentation des bas salaires, pour l'égalité effective entre les femmes et les hommes, pour le climat, pour l'emploi, pour le service public, pour la réduction du temps de travail à 32 heures doivent continuer d'être menées et doivent donc s'amplifier. C'est à cette condition que des changements profonds sont imaginables.
Dans ces batailles, l'organisation spécifique CGT de l'encadrement entend bien tenir toute sa place et se prépare à l'affrontement à venir sur les retraites en consacrant le 12 mai, les Rencontres d'Options à ce thème.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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