Agrandissement : Illustration 1
C'est une rentrée angoissée et douloureuse que vont devoir affronter les enseignants ce lundi 2 novembre, mais aussi les parents d'élèves qui ont appris du ministère de l'Éducation vendredi 30 octobre que le « principe est celui d’un accueil de tous les élèves, à tous les niveaux et sur l’ensemble du temps scolaire ».
Plus question donc, alors que le pays est à nouveau soumis à un confinement, de diviser les effectifs scolaires par deux et d’alterner la présence des élèves à l’école. Pourtant, flanqué du Jean Castex, Jean-Michel Blanquer avait annoncé en conférence de presse un protocole sanitaire « renforcé ». En fait de renfort et faute de moyens nouveaux depuis la rentrée, les dispositions sanitaires sont applicables « si possible ». Comme à la précédente rentrée de septembre, mais aussi comme lors du déconfinement, c'est une guerre de communication qui se joue pour éviter tous les sujets qui fâchent et notamment celui du manque d'effectifs enseignants et de personnels techniques, sanitaires et sociaux à l'école, au collège et au lycée.
« On n’attend pas d’un ministre qu’il nous dise d’ouvrir davantage les fenêtres ! Mais qu’il indique quels sont les moyens supplémentaires. Où sont les salles qui devaient être mises à disposition par les collectivités pour accueillir ces classes dédoublées ? Et le recrutement d’enseignants pour les accueillir ? » s'est insurgé le coprésident de la principale fédération de parents d'élèves, la FCPE.
Les doutes et la colère de la communauté éducative ont été exacerbés par les atermoiements et les revirements du ministère au sujet de l'hommage à Samuel Paty qui va se résumer finalement à une minute de silence à 11 heures précédée de la lecture de la lettre de Jean-Jaurès aux instituteurs et institutrices, écrite voici 140 ans. Comment cette communauté enseignante endeuillée et en proie aux questionnements peut-elle se satisfaire de ce « service minimum ». L'extrait qui en sera lu mériterait à lui seul des heures d'explications.
Quel sens peut avoir cette minute de silence si elle n'est pas précédée d'un travail de débat, d'explication avec les élèves, les parents ? On sait que pour Charlie, cette minute de silence a été une épreuve pour des enseignants confrontés au refus de certains élèves. Même le report de deux heures de la rentrée pour permettre aux enseignants de se réunir, leur a été refusé par Blanquer. Pas question de retarder les parents au travail. Car cette rentrée, incohérente et impréparée du point de vue sanitaire, tout comme celle du déconfinement ou celle de septembre, a d'abord pour objet de ne pas entraver l'activité économique et le retour des parents au travail.
Meurtris, endeuillés, mais en colère, les personnels de l'Éducation nationale ne vont pas se contenter des conditions calamiteuses de cette troisième reprise des cours sous Covid. Derrière les masques, les langues se délient et les appels à la grève lancés, notamment par la CGT Éduc'action, pour cette semaine du 2 novembre trouveront probablement un écho.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT