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Billet de blog 8 novembre 2021

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Et l'hôpital vint à manquer de bras

Le ministre de la Santé rendra une visite mardi 9 novembre au salon annuel de la Fédération hospitalière de France Santexpo. On pourrait attendre du docteur qu'il porte un diagnostic et surtout un remède à l'hémorragie qui frappe l'hôpital. Il serait temps !

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Depuis au moins deux décennies les personnels de santé, comme les forces syndicales alertent sur l'asphyxie budgétaire, l'embolisation des services d'urgence à la première grippe venue, la fermeture des établissements de proximité, l'hyper-concentration dans des plateaux techniques de taille régionale, la tarification à l'activité. Bref toutes ces pathologies qui ont amené l'Hôpital à l'os, alors qu’il y a deux ans commençait à frapper la pandémie.

Après toutes les alertes, les poussées de fièvre sociale, les femmes et les hommes de l'Hôpital sont en train de le quitter, la mort dans l'âme, épuisés de trop de travail, las de ne pas être reconnus dans leur rôle essentiel et pour leurs qualifications. Résultat, "un grand nombre d'emplois vacants" et "un pourcentage important de lits fermés" évalué à "environ 20%", a été annoncé par le Conseil scientifique dans un avis rendu au gouvernement début octobre. Tandis que la Fédération hospitalière estime que 6% des lits sont fermés faute de pouvoir être « armés », c'est-à-dire pourvus des moyens humains. L'Hôpital est malade, gravement touché par des années de restrictions. Et les 10 milliards du docteur Véran dispensés après le Ségur de la Santé n'endiguent pas la fuite des compétences et ne rattrapent pas les pertes de pouvoir d'achat subies depuis 15 ans par les fonctionnaires hospitaliers.

Les professions écartées du Ségur sont désormais elles aussi en proie à la fièvre revendicative. Les oubliés du Ségur tant dans le secteur médico-social qu'à l'Hôpital déroulent leurs cahiers revendicatifs qui portent autant sur les rémunérations que sur les statuts, diplômes et compétences : sage-femmes, infirmiers anesthésistes, manipulateurs radio, techniciens de laboratoire... Autant de professions qui ces dernières années ont déjà manifesté avant le Covid leurs exigences jamais entendues. Dès lors, comment ne pas comprendre le découragement des soignants ?

Il y a là une forme de violence sociale dont les néolibéraux qui nous gouvernent ne veulent pas prendre la mesure et s'accommodent trop facilement. Elle s'exerce essentiellement sur des femmes qualifiées puisqu’elles sont légion dans ces professions mal reconnues, mal payées, mal dotées qui subissent des conditions de travail pénibles. C'est un gâchis social et économique incommensurable. Le gouvernement dans une sorte de déni de réalité préfère n'y voir qu'une une décompensation post-Covid : après 20 mois de crise sanitaire, "les personnels de santé sont fatigués, il y a des démissions, des absences (...) qui aboutissent à des tensions et à des fermetures de certains lits", résume Jean Castex.

Et comme s'il fallait encore reporter aux calendes grecques les remèdes à cette crise majeure, le ministre de la Santé a commandé une étude « la plus exhaustive possible » sur cette hémorragie. Une étude... ça fait sérieux, ça ne mange pas de pain... et ça fait gagner quelques semaines. Mais ça ne doit pas faire oublier qu'en pleine pandémie, le gouvernement continue d'imposer des fermetures de lits qui viennent s'ajouter aux lits fermés faute de bras.

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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