
On sait qu'avant même la première salve de grève, la direction de l'entreprise proposait une prime de 150 euros à des cadres pour prendre les commandes de trains à la place des grévistes. Trahir ses intérêts objectifs de salariés, se couper de ses équipes en faisant le travail des cheminots grévistes pour un plat de lentilles ? Mettre un mouchoir sur ses revendications, ses préoccupations éthiques, ses conditions de travail, sur le mal travail, le temps d'une grève ? C'est à cela que Guillaume Pépy et la direction de l'entreprise exhortent les cadres.
Mais comme ça ne semble pas suffisamment bien prendre, alors dénonce la CGT Cheminots, « la DRH de la SNCF demande aux Directeurs d’établissement d’appliquer des mesures illégales afin de démobiliser les cheminots », mais de nombreux responsables refusent ces injonctions contraires à leur éthique. (…) De nombreux cadres, même s’ils ne s’inscrivent pas (encore) dans le mouvement social engagé, refusent de quitter leur poste de travail pour aller remplacer les grévistes ! « A-t-on le droit de m’envoyer en gare ? » demandent-ils, écrit la CGT Cheminots sur le site qu'elle a mis en ligne pour informer usagers et cheminots.
Ne reculant devant aucune démagogie, Guillaume Pépy exhorte même les cadres à enfiler les gilets rouges pour rejoindre en gare les cheminots non-grévistes qui « ont besoin d’être soutenus ». Un « beau geste » qui aux yeux du patron de la SNCF est plein de sens : « ce sont de belles histoires que ces rencontres entre les agents et des cadres de direction, et les gens du terrain sont contents ! » Ben voyons ! Oublié le management technocratique, foin des choix uniquement financiers... les dirigeant de l'entreprise sont à la peine, mis en difficulté par l’exaspération des agents, et ils en appellent à une « solidarité » perverse.
Dans une adresse aux cheminots en novembre dernier l'organisation syndicale spécifique de la CGT Cheminots (UFCM-CGT) affirmait : « les orientations prises par les premiers dirigeants de l’entreprise sont des décisions politiques de dérégulation et d’affaiblissement de la démocratie au nom d’une rigueur imposée par la finance. »
L'UFCM-CGT Cheminots appelait alors « les agents de maîtrise et cadres à se rapprocher et interpeller les organisations syndicales pour créer la convergence et l’unité du monde cheminot ». Ces convergences, cette unité, elles sont à l'œuvre aujourd'hui dans le mouvement en cours. Ce conflit pour préserver et développer le service public a besoin des cadres, agents de maîtrise cheminots.
Etre pleinement citoyen, pleinement cadre, pleinement cheminot aujourd'hui c'est refuser le plat de lentilles de Pépy, c'est résister, c'est proposer, c'est revendiquer...
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT