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Billet de blog 9 octobre 2017

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Saillies jupitériennes

« Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n'est pas loin de chez eux ». Une nouvelle fois, Emmanuel Macron s'est illustré par son mépris et sa morgue de classe lors de son déplacement en Corrèze.

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Il assume « sur le fond » ses propos tenus « dans une discussion officieuse » mercredi, mais reconnaît qu'il n'aurait pas utilisé le mot « bordel » dans un discours officiel, car c'est un « mot familier », ont indiqué jeudi ses proches.

Un mépris qui n'a pas laissé de marbre les éditorialistes : « Une fois le tour méprisant de la formule mis de côté (mais non absous), on peut discuter : formation et reconversion sont des moyens légitimes de lutter contre le chômage. S’il l’avait dit ainsi, point de polémique, écrit Laurent Joffrin, dans Libération, avant d'asséner : « Mais la forme compte ». Même Nicolas Beytout, estime dans L'Opinion, qu'Emmanuel Macron a « raison ». Mais « pourquoi le dire ainsi, avec ces mots-là ? Des mots qui fâchent, créent l’impression d’un mépris de classe », s'interroge-t-il. « Quand Jupiter est en visite, il est prié de causer comme Jupiter et non comme un charretier », s'exclame Dominique Jung, des Dernières Nouvelles d'Alsace. Pour ce dernier : « Le coup de gueule du chef de l’État brouille son message ». « Pire, il confirme cette image de banquier hors sol, déconnecté du terrain et des réalités sociales », s'inquiète Hubert Coudurier, du Télégramme. Maud Vergnol, dans l'Humanité, s'alarme de voir un président de la République ne plus « contrôler sa morgue » et de la « violence de ses attaques à l’égard des plus fragiles. » « Le président de la République a donné involontairement le fond de sa pensée. Elle donne prise à l'accusation « gouvernement des riches » », estime Patrice Chabanet, dans Le Journal de la Haute-Marne.


Sur le fond de la saillie présidentielle, la réplique des métallurgistes CGT et du syndicat CGT des fonderies d'Ussel est particulièrement instructive : « Ce n'est pas sérieux d'affirmer que des chaudronniers de GM&S peuvent remplacer au pied levé des fondeurs-mouleurs en venant toquer à la porte des Fonderies d'Ussel situées à plus de 200 km de La Souterraine ».

La FTM-CGT, le syndicat CGT des fonderies d'Ussel et plusieurs sections locales « condamnent les paroles irrespectueuses du président Macron » qui « au lieu de donner des leçons de morale aux salariés de GM&S qui luttent depuis des mois pour sauvegarder leur emploi, ferait mieux de prendre des cours d'histoire ». En effet, ce sont précisément « les structures de la CGT (qui) ont permis la sauvegarde » des fonderies d'Ussel, un « fleuron français » et « une des dernières fonderies d'aluminium françaises à effectuer du moulage sable nécessitant un haut niveau de professionnalisme », assurent-elles.


Un président ne devrait pas dire ça, c'est clair, mais on sait désormais qu'il ne s'agit pas de dérapages. Macron nous a habitués avant même d'être président à ces marques de mépris pour les plus faibles. « Je ne cèderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes », avait lancé le chef de l'État en déplacement à Athènes le 8 septembre après avoir affirmé le 24 août 2017 devant la communauté française de Bucarest que « la France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes ».

Tout aussi écœurants les propos macroniens du 29 juin dernier affirmant : « une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». Hélas, on n'a pas oublié la plaisanterie de Macron le 3 juin dernier sur les frêles embarcations de l'Océan indien sur lesquelles ont péri de nombreux migrants voulant rejoindre Mayotte: « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c'est différent », avait-il plaisanté. Macron devrait se méfier des micros à fourrure au bout des perches. Ils ne captent pas que le cynisme imbécile de ses propos, ils révèlent aussi un ADN de parvenu méprisant.

par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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