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Il a annoncé le 7 mars qu'il reprenait la proposition des organisations syndicales de passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats en matière d’égalité salariale, et d’y associer des sanctions si ces inégalités ne sont pas supprimées dans un délai de 3 ans. Ces annonces qui, c'est à noter, n'ont jamais fait partie des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, sont donc à mettre au crédit de la mobilisation, mais elles doivent surtout ne pas être prises pour argent comptant.
Le Premier ministre a annoncé l’ouverture d’une concertation de 4 à 8 semaines pour aboutir à des dispositions législatives. On espère que cette concertation sera autre chose qu'une série d'auditions en bilatérales se concluant par les arbitrages jupitériens et que le gouvernement annoncera quels moyens effectifs il entend mettre en face de ses annonces.
Quand Edouard Philippe annonce la multiplication par 4 des contrôles de l’Inspection du travail sur le respect de l'égalité salariale, on dit chiche ! C'est donc en filigrane l'annonce d'un renforcement des effectifs de l'Inspection du travail qui se sont effondrés de 20 % en 10 ans ? Il y en aurait bien besoin pour « marquer à la culotte » mais surtout sanctionner les 60 % des entreprises qui ne respectent pas l’obligation de négocier sur l’égalité professionnelle. Seules 0,2 % d’entre elles ont été sanctionnées, c'est dire si la volonté politique existe. On verra donc ce qu'il en est.
Quoi qu'il en soit, la CGT n'entend pas se contenter du seul cadrage opéré par le gouvernement qui compte ne s'attaquer qu'aux 9 % d'inégalités salariales inexpliquées et pas aux 26 % d'écart de salaires. L'annonce de la mise en place d’un logiciel pour calculer les écarts de salaires et évaluer les écarts inexpliqués est sans doute médiatiquement plaisante, mais elle est à côté de la plaque.
« Pas question que le logiciel se transforme en boite noire, en ardoise magique des inégalités salariales et professionnelles, permettant de passer de 26 à 9 voire 0 % d’écart de salaire ! Ce n’est pas seulement à poste égal qu’il faut raisonner, il est nécessaire de prendre en compte les temps partiels, les inégalités cumulées sur la carrière, la dévalorisation des métiers à prédominance féminine et la part variable de la rémunération », a réagi le collectif Femmes-mixité de la CGT.
La question à laquelle Macron comme Hollande ou Sarkozy ne veulent pas s'affronter c'est la valeur du travail des femmes. On ne le dira jamais assez, la loi dit « à travail de valeur égal, salaire égal ». Elle ne se contente pas de la notion « travail égal, salaire égal » qui d'ailleurs ne vaut pas que pour les femmes.
Au nom de quoi en effet le BTS d'une femme dans un métier du service, du tertiaire aurait moins de valeur qu'un BTS d'un homme dans un métier en production industrielle ? Est-il acceptable que l'on continue à refuser à des professionnelles de santé (infirmières, sages-femmes, kinés, orthophonistes) la reconnaissance de leurs qualifications ?
Ne pas vouloir parler de la valeur du travail des femmes c'est continuer à offrir au patronat une main d'œuvre de plus en plus qualifiée sans qu'il soit contraint d'en payer le prix. C'est bien pourquoi Macron, Philippe et Pénicaud préfèrent raisonner à travail égal, salaire égal.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT