
Certes, les espoirs, les attentes raisonnables d'un élargissement de la mobilisation aux autres confédérations ont été quelque peu douchés le 9 octobre. Alors que la CGT et Solidaires ont proposé une action interprofessionnelle dès avant les vacances de la Toussaint, avec une suite envisageable pour mi-novembre, la CFDT et FO n'y sont pas favorables. Cette dernière juge que mobiliser avant la Toussaint n'est guère faisable. Pour la CFDT, les ordonnances ayant été adoptées, il s'agit surtout d'intervenir sur la rédaction des décrets d'application.
Aucune action commune nationale n'a donc pu être décidée. CGT, CFDT, FO, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires, Unef, UNL et FIDL ont décidé de se revoir le 24 octobre prochain pour faire le point sur l’ensemble des réformes du gouvernement : loi Travail, baisse des APL, hausse de la CSG, réformes à venir de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de la retraite à l'issue des rencontres avec l'exécutif.
A l'évidence ces positionnements ne sont pas le reflet des attentes de nombreux syndiqués et militants des organisations qui n'ont pas encore fait le choix de se joindre au mouvement. Dans le pays, le refus des ordonnances persiste et s'ancre aussi profondément que lors de la mobilisation contre première la loi Travail.
Nos concitoyens contestent de plus en plus ces ordonnances. Ainsi, près des deux tiers (65 %) des personnes interrogées à l’occasion d’un sondage (Harris Interactive pour LCP) publié lundi 9 octobre s'y déclarent opposées. Elles étaient 58 % selon le précédent sondage du même institut publié le 1er septembre. 63 % (+9 %) estiment que cette réforme va détériorer leurs conditions de travail, et 76 % (+5 %) qu’elle va réduire les capacités d’action des syndicats. Seuls 29 % des sondés croient encore qu’elle va permettre de réduire le chômage (–2 %).
Il existe une réelle disponibilité pour agir et la responsabilité des syndicats est d'offrir un cadre unitaire pour permettre à cette contestation de grandir pour exiger un Code du Travail du 21ème siècle. Ce sondage Harris montre aussi que les citoyens soutiennent davantage les grèves et les manifestations contre les ordonnances. C'est le cas de près de six Français sur dix (57 %, soit quatre points de plus qu'un mois plus tôt).
En attendant cette nouvelle intersyndicale, qui pourrait déboucher sur une journée d’action mi-novembre, la CGT pour sa part poursuit donc la mobilisation le 19 octobre avec Solidaires et les organisations de jeunesse. « Les ordonnances Macron ne sont pas derrière nous. Les routiers nous ont prouvé qu’on pouvait mettre en échec ces ordonnances. Ils ont gagné l’intégration des primes et indemnités dans le salaire de base », a expliqué Fabrice Angéi, pour la CGT à l'issue de l'intersyndicale.
Depuis, après les routiers, les dockers : la fédération CGT des Ports et Docks a obtenu que la convention collective du secteur ne puisse être remise en cause par des accords d'entreprise après l'entrée en vigueur de la réforme du Code du Travail. Au terme de deux réunions avec des représentants des ministères des Transport, du Travail et les organisations patronales (UNIM et UPF), la CGT des Ports et Docks a obtenu un protocole d'accord actant le principe de faveur de la Convention collective nationale unifiée. « L’ensemble des stipulations en vigueur de la convention collective nationale unifiée +ports et manutention+ relatives au contrat de travail, conserve son caractère impératif, compte tenu des spécificités de la branche reconnues par la loi en 2008 puis en 2015 », a commenté le ministère des Transports.
Forte de ce succès, la CGT des Ports et Docks a décidé de « suspendre » une grève des heures supplémentaires engagée depuis le 2 octobre et lève son appel à 24 heures de grève ce lundi, mais elle maintient son mot d'ordre le 19 octobre pour « continuer le combat interprofessionnel » contre « les ordonnances de la loi Travail, véritable régression sociale ».
par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT