
C'est en effet tout sauf banal de voir toutes ces forces du mouvement social répondre à l'invitation initiale de la Fondation Copernic et d'Attac pour réaffirmer leur soutien aux luttes sociales, tenter de faire reculer le gouvernement et présenter leurs alternatives. « C’est une mobilisation historique, a souligné Willy Pelletier de la Fondation Copernic. Ce que Macron détruit c’est une forme de civilisation. Cette marée populaire va dire à Macron : Les noces du fric et des coups de trique c’est terminé ! »
L’inventaire des motifs de cette mobilisation donne la mesure des chantiers de réformes que l’exécutif et le Medef ont entamé à marche forcée, poursuivant et aggravant des réformes antérieures telle que celle du Code du Travail : « politique d'austérité, destruction des droits des salarié.es, introduction de la sélection à l'entrée de l'université, casse des services publics, aggravation du sort des sans-emplois, réorganisation aggravant les inégalités en matière d'accès à la justice, réforme fiscale favorable aux plus riches, loi répressive contre les migrant.es, priorité donnée au secret des affaires contre le droit à l'information, introduction de l'état d'urgence dans le droit commun, répression des mouvements sociaux et des jeunes des quartiers populaires, utilisation de l’égalité femmes-hommes comme simple outil de communication, sans moyens financiers, alors que les femmes sont les premières concernées par les régressions sociales… sans oublier une politique militariste au niveau international» : c'est bel et bien face à une urgence sociale absolue que notre pays et ses forces démocratiques, syndicales, associatives sont confrontées. Voilà des mois que se pose la question de la participation et de l’expression du plus grand nombre de citoyens au-delà de ceux qui peuvent participer aux mobilisations comme le feront ce mardi dans l'unité la plus large les fonctionnaires.
Face à cette urgence, à un gouvernement qui revendique sa légitimité à tout réformer au pas de charge, la grève « par procuration » n'est pas une réponse à la hauteur. Les marées populaires qui vont déferler dans tout le pays vont permettre à chacun de s'exprimer dans des manifestations festives, colorées et joyeuses.
Cette journée est en effet un OVNI car si des militants de partis et de syndicats se mêlent aux mêmes cortèges, il n'est pas de tradition qu'ils appellent ensemble à manifester. Evidemment nombre de commentateurs ne voient dans cette mobilisation qu’un attelage entre la CGT et la France Insoumise. La CGT a expliqué son implication dans cette journée en restant « fidèle à ses principes d'indépendance tout en favorisant l'expression du plus grand nombre de citoyens ».
L’appel des organisations est d’ailleurs explicite sur cette question, précisant : « dans le respect de nos champs d'interventions respectifs, nous voulons aller au-delà de toutes les mobilisations positives qui existent déjà et rassembler toutes les forces sociales, syndicales, associatives, politiques pour construire et réussir ensemble un grand rendez-vous citoyen ». Pour la CGT, « cet appel est complémentaire des autres mobilisations en cours, celles déjà programmées et celles à venir », notamment le conflit en cours à la SNCF, le mouvement dans les universités ou la journée de mobilisation de la fonction publique le 22 mai. « Il s’agit de rassembler la jeunesse, les retraités, les salariés en emploi et hors de l'emploi, les précaires ainsi que toutes celles et ceux qui, solidaires des luttes en cours, ne sont pas encore engagés dans l’action », explique la CGT dans un communiqué.
A en juger par le nombre de manifestations et de collectifs, cette marée risque bien de provoquer du tangage.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT