
Agrandissement : Illustration 1

Ils ont eu beau ces derniers jours s'en prendre à la CGT -et curieusement à elle seule ou presque- en l'accusant de tout refuser sans faire aucune proposition, rien n'y fait, les Français continuent de soutenir un mouvement auquel hélas beaucoup ne se sentent pas le droit ou la possibilité de participer.
Après 18 jours de grève, l'exécutif reste ferme et botte en touche vers les négociations avec les syndicats, lesquels sont sortis insatisfaits des bilatérales et de la multilatérale chez Edouard Philippe la semaine dernière. La trêve de Noël dans les transports qu'Emmanuel Macron a appelée de ses voeux n'aura donc pas lieu et le trafic RATP et SNCF restera très perturbé. Laurent Pietraszewski, le remplaçant au pied-lever de jean-Paul Delevoye a eu beau estimer dans le Journal du dimanche que les propositions mises sur la table à la SNCF et la RATP, « doivent permettre de reprendre le travail », rien n'y fait. Le nouveau secrétaire d'Etat aux Retraites écarte d'emblée certaines revendications des syndicats favorables à la réforme, sur la pénibilité ou la hausse des cotisations. Résultat, même les cheminots CFDT sont restés insensibles au souhait émis par Laurent Berger d'une trêve des confiseurs. Preuve si besoin des tensions internes à la centrale.
Cette séquence sociale appelle à se souvenir qu'il y a un an le même président refusait ostensiblement d'entendre la colère des Gilets jaunes. Les spécialistes autoproclamés du social et autres chiens de garde de la pensée libérale exonéraient l'exécutif en plaidant que le mouvement n'avait pas de tête, pas de représentants et des revendications floues.
Un an plus tard, face à un mouvement parfaitement identifié, animé par des syndicats, c'est la même surdité, les mêmes manœuvres de division, les mêmes éléments de langage qui tiennent lieu de réponse politique. Le mépris pour les organisations syndicales s'est encore illustré jeudi dernier à Matignon où les organisations syndicales « représentatives » (ayant obtenu plus de 8% aux élections professionnelles, c'est à dire la CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC) étaient invitées à une rencontre multilatérale. Mais l’Unsa, non-représentative mais favorable à un système de retraites par points était également conviée, contrairement à la FSU ou Solidaires, membres de l'intersyndicale en lutte contre le projet du gouvernement.
L'exécutif n'aime pas les syndicats, il le montre chaque jour. Confronté à cette contestation dure et puissante de sa politique le gouvernement fait montre d'un cynisme qui frise l'irresponsabilité. Il essaie de contourner la grève du secteur des transports en prenant un arrêté qui permet aux chauffeurs de transport routier de voyageurs de rouler 2 heures de plus par jour jusqu’au 24 décembre. Au mépris de la santé et de la sécurité de tous.
C'est bien Macron qui a choisi le calendrier de la réforme en pariant cyniquement que le blocage du dialogue social allait conduire au blocage du pays qui se retournerait contre les syndicats. Vieilles ficelles, politique d'un autre âge, cynisme de grand bourgeois qui n'hésite plus à noyer les colères sociales dans le rideau de fumée des éléments de langage et la fumée des lacrymogènes.
La grève se poursuit donc avec des séquences de mobilisation qui vont ponctuer les fêtes de fin d'année et une nouvelle journée de mobilisation et de grève est prévue par l'intersyndicale le 9 janvier prochain.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT