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Les mobilisations pour les salaires ne cessent de grandir dans une configuration de plus en plus unitaire dans l'industrie, le commerce, la distribution ou les services, dans les organismes de Sécurité sociale ou encore dans la fonction publique des trois versants. La grève du 13 janvier dans l'Éducation nationale a été d'une ampleur inédite, rassemblant tout l'arc syndical, toutes professions confondues, portant à la fois la question des moyens et celle des salaires. Et voilà que se profile la journée nationale interprofessionnelle du 27 janvier qui fera des salaires la revendication centrale.
Dans un contexte d'inflation qui s'annonce durable, il est inacceptable que les salaires ne suivent pas. Cela vaut naturellement pour les plus bas d'entre eux, comme pour les retraites et pensions, mais cela vaut aussi pour les cadres, ingénieurs, professions intermédiaires dont les salaires ont baissé depuis 20 ans.
C'est ce qu'affirme la CGT des ingénieurs, cadres et techs en s'appuyant sur les données de l'Insee. L'Ugict-CGT avance 4 bonnes raisons de se mobiliser le 27 janvier pour l'augmentation des salaires. « Le poids des primes dans le salaire, volatiles en fonction de la conjoncture économique, fragilise la rémunération des cadres et assimilés qui baisse dans les périodes de récession », assure l'organisation syndicale spécifique. « La sous-rémunération du travail qualifié induit en outre une désaffection vis-à-vis des métiers de la santé, de l’ingénierie et de la recherche ainsi qu’une fuite des cerveaux qui compromet la réponse aux besoins fondamentaux de la population. La revalorisation de la rémunération de la qualification est donc indispensable au bien commun. »
À cette colère sociale sur les salaires, la droite comme le gouvernement sont d'accord pour continuer à opposer le salaire net au salaire brut , quitte à assécher et détricoter le modèle de protection sociale de notre pays. Nous n'avons rien à gagner, tout au contraire, à cette multiplication des exonérations sociales qui siphonnent les comptes sociaux.
Dans ce contexte de forte ébullition sociale, le rapport d'Oxfam sur les inégalités mondiales, publié la semaine dernière, a apporté de l'eau au moulin des organisations syndicales qui ferraillent pour un autre partage de la richesse. On y apprend ainsi que les milliardaires français ont augmenté leur fortune de 86 % de mars 2020 à octobre 2021, tandis que 7 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire pour vivre, et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise. « Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires français, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français.e », insiste Oxfam.
Ce rapport met clairement en évidence que ces richesses accumulées sont le fruit d'une spoliation du capital sur le travail, d'un pillage des ressources publiques. On est très loin de la fumeuse théorie du ruissellement, déclinée par Emmanuel Macron sous le vocable des « premiers de cordée ». Le bilan de ce quinquennat est de ce point de vue une véritable catastrophe. Et non seulement les super-riches n'ont pas été affectés par la crise sanitaire, mais en plus ils en ont insolemment profité.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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