
Agrandissement : Illustration 1

Mais voilà que jeudi dernier le 12ème baromètre du Défenseur des droits vient encore enfoncer ce clou un tantinet rouillé. S'appuyant sur les réponses apportées par 1 000 personnes et plus de 33 000 syndiqué-es des huit principales organisations syndicales françaises (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, UNSA, FSU et Union syndicale Solidaires) cette enquête vient confirmer ce que l'on sait depuis longtemps : « près d’une personne active sur trois (29 %) et une personne syndiquée sur deux (52 %) considèrent que les discriminations syndicales se produisent souvent ou très souvent, ce qui fait de la discrimination syndicale au travail un phénomène perçu comme répandu. Un tiers également de la population active interrogée estime que la peur des représailles de la part de la direction est le facteur qui dissuade le plus les salariés de s’engager dans une activité syndicale. Plus de quatre actifs sur dix (4 2%) considèrent que l’exercice d’une activité syndicale représente un risque pour son emploi ou son évolution professionnelle, et près de sept sur dix (66 %) parmi les personnes syndiquées. »
Le constat n'est pas nouveau et comme le rappelle le Défenseur des droits, tous les 6 ans, la DARES donne à voir un état des lieux des relations sociales en entreprise et met en évidence des écarts de trajectoire professionnelle et de rémunération affectant les salarié.e.s syndiqué.e.s, en particulier titulaires d’un mandat de délégué.e syndical.e. Les faits sont donc parfaitement connus du ministère du Travail. Cette persistance des discriminations syndicales tout comme celles liées au genre ou aux origines en dit long sur l'hypocrisie, l'aveuglement des gouvernements successifs et leur complicité bienveillante avec un patronat qui parle d'autant mieux du dialogue social qu'il refuse de le pratiquer loyalement. Sanctions déguisées, placardisations, licenciements, carrières ralenties donnent hélas trop souvent aux militant.e.s des allures de sacrifié.e.s.
Et au sein même des organisations syndicales, si l'on sait se mobiliser pour défendre les militant.e.s on n'aime guère mettre en avant cette image de « martyrs » qui fait se détourner les salarié.e.s de la syndicalisation. La CGT a pris cette question en compte depuis plus de 20 ans en développant des outils et des pratiques juridiques comme la méthode Clerc (du nom du militant métallurgiste qui l'a conçue) reconnue par la Cour de Cassation pour combattre les discriminations en obtenant réparation. Elle sait aussi mobiliser pour accompagner et défendre ses militant.e.s.
Le Medef entend que les directions soient maîtresses chez elles. En détricotant le Code du Travail pour sécuriser les licenciements, ce gouvernement et le précédent lui ont offert toute latitude.
Que valent dès lors tous les discours politiquement corrects sur la trop faible syndicalisation des salarié.e.s français.e.s ? Que valent les poncifs sur la trop faible représentativité des organisations syndicales ? Surtout lorsqu'ils sont répétés à l'envi par des politiques de plus en plus mal élus dont les effectifs de partis n'arrivent pas à la hauteur d'une grosse fédération syndicale.
Au moment où les tensions sociales s’exacerbent, où le besoin se fait sentir de faire converger des luttes et des mobilisations qui mettent en cause les logiques libérales, la répression et la discrimination antisyndicale à l’entreprise ou dans les services publics sont l’autre face de la répression et la brutalité policière coutumières. On en a encore eu une navrante démonstration samedi dernier avec les gazages et les grenades lancées dans la foule pacifique venue en famille manifester pour le climat.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT