
Pour les scientifiques, c'est clair : l’émergence de ce variant est imputable au faible taux de vaccination. Seulement 24,1 % des Sud-africains sont vaccinés. Et les jeunes seraient parmi les plus touchés par le nouveau variant. Les événements se sont emballés : le 18 novembre, il y avait 46 cas pour 100 000 habitants. Samedi 27 novembre, les cas sont montés à 256 pour 100 000 habitants. Et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies juge « élevée la probabilité de nouvelles arrivées et contaminations (par Omicron) » en Europe. "Dans une situation où le variant Delta fait son retour dans l'Union européenne et l'Espace économique européen, l'impact de l'introduction et la possible propagation d'Omicron pourrait être très élevé", prédit l'agence.
Si le pire n'est jamais écrit, on est bien aujourd'hui dans une situation annoncée et redoutée depuis des mois. C'est-à-dire celle d'une pandémie contre laquelle les pays les plus riches accaparent les vaccins au détriment du sud de la planète et préservent jalousement les intérêts colossaux des grands laboratoires.
Souvenons-nous que le 5 mai dernier, Jo Biden fraîchement élu s'était fait remarquer en annonçant qu’il était favorable à la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid, donnant ainsi raison à la mobilisation internationale et à la campagne #pasdeprofitsurlapandémie relayée en France notamment par la CGT. Une levée des brevets demandée à l'Organisation mondiale du commerce par l'Inde et justement l'Afrique du Sud depuis octobre 2020. Elle s'était alors heurtée à l'opposition notamment de la France. Parmi les arguments spécieux et franchement post colonialistes, les grands labos avaient prétendu que ces pays seraient incapables de produire les vaccins même s’ils en avaient la recette. Se rangeant à leurs arguments, les dirigeants français défendaient - et défendent toujours - l'idée que la recherche a un coût qu'il faut financer par les profits engrangés.
Mais que pèsent ces considérations au regard des millions de morts ? Ces atermoiements coupables nous risquons de les payer tant que le nord n'aura pas compris que le sud ne peut rester à l'écart de la vaccination et que notre parapluie restera dérisoire si toute l'humanité n'est pas inoculée. Le sud doit continuer à se contenter du dispositif Covax dont les millions de doses annoncées ne sont rien en regard des besoins.
Décidément Emmanuel Macron aura failli aux responsabilités politiques de la France sur la scène internationale après qu'à l'intérieur il soit parti en guerre avec un sabre de bois contre une pandémie favorisée par l'accélération des échanges mondiaux.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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