Partout ou on se tourne on retrouve ce mal être qui gangrène les vies, des politiciens corrompus jusqu’à la moelle des os, des peuples asservis, dominés, la montée de la violence, l’homme semble désemparé, en quête d’un sens qui lui échappe alors qu’il est au seuil de son anéantissement. Cet homme crie, semblable au personnage du tableau de Munch, mais c’est un silence sanglant qui fait écho à ce cri.
Puis il y a les images sublimes du télescope James Webb. Les résonances de la beauté. Les résonances de l’infini. Le mystère est dévoilé. Et l’invitation à une possible sagesse.
Le cynique est conscient que ce ne sont pas quelques images, aussi belles soient-elles, aussi profondes soient-elles qui changeront quoi que ce soit à notre sort. La pandémie, qu’on croyait être salvatrice, a mis en lumière non les possibilités de la solidarité mais plutôt ces fossés qui séparent les hommes. Mais il faut espérer. Il faut s’imprégner de la sagesse de ces images.
Ces images servent à nous rappeler l’essentiel, que ce monde est infiniment beau, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer et que notre première exigence est de cultiver et de perpétuer le beau, que nous sommes des grains de sable dans le décor de l’infini, que notre immense vanité, notre goût de la possession sont ultimement des illusions, que le peu de temps qui nous est accordé doit être consacré à rendre la vie des autres moins pénible, que nous ne sommes rien mais en même temps tout puisque nous sommes les seuls à pouvoir appréhender cette beauté et ce que nous sommes ultimement.
Ces images s’effaceront de notre mémoire, on n’échappera pas au cycle de la violence et de ses défaites, nous sommes ainsi faits, avec de la poussière d'étoiles et le sang du sacrifice mais ces images demeureront dans les interstices de notre chair, les lumineuses du possible et du nécessaire, canevas de la beauté, indices d’un autre destin.
Umar Timol.