Le puissant cherche l’immortalité par l’entremise du pouvoir car qu’est-ce que le pouvoir sinon une tentative d’en finir avec la mort, de l’expulser du champ des possibles même si on la sait inéluctable. Dominer, conquérir, contrôler, être reconnu, être important, se perpétuer dans l’histoire, objectifier l’autre, enraciner dans l’autre, à tout prix, le désir de soi, exercer, jusqu’à ses limites, la volonté prométhéenne de la matière. Le puissant veut être un dieu et exige qu’on le vénère. Mais il ne l’est pas. Il ne peut l’être. Le pouvoir rend cette illusion possible. Observez-les attentivement. Les yeux surtout. Ce sont des gouffres dépourvus de lumière. La quête du puissant, ainsi, ne peut être jamais satisfaite car elle est vouée à l'échec. D’où sa violence, son immoralité et son machiavélisme, tous les coups sont permis puisqu’il doit assouvir un désir insatiable. Qu’importe. Il pliera le monde et les hommes à sa volonté totalitaire, il mentira, manipulera, trichera, volera, détruira les pauvres, les faibles, les démunis, il emprisonnera les opposants, lancera des guerres insensées, tuera, massacrera parce qu’il le veut et qu’il le peut. Qu’importe les conséquences. Il le veut et il le peut. Son fantasme ultime est celui d’un règne absolu, sur les autres ou peut-être qu’il peut se dispenser de la présence des autres, il se veut omniscient et omniprésent, celui qui dépossède les autres afin de posséder le monde.
Le puissant ne veut pas mourir mais il meurt à chaque instant. Et il entraîne les autres sur l’autel de son propre sacrifice. Il est une divinité qui ne peut être.
Umar Timol.