je ne pense plus à Gaza, je préfère les frasques de l'inutile, le concert de nos vanités, de nos quêtes médiocres et grandioses, je ne pense plus à Gaza, j'aime trop la vie et ses illusions, le doux bercement de nos rêves, je ne pense plus à Gaza car j'aime la légèreté de l'être, bonheur de lire, de voyager, d'être avec ceux qui me comblent, je ne pense plus à Gaza, je m'abandonne à la déraison de mes nuits, la vie est belle n'est-ce pas, je ne pense plus à Gaza, je préfère œuvrer à la transcendance des mots et des images, je vénère l'art, je ne pense plus à Gaza, je prie pour que nos destins se réalisent, Son amour est indéfectible
je ne pense plus à Gaza
car qui veut se regarder dans un gouffre
quand ce gouffre nous renvoie
l'image de ce que nous sommes, de ce que nous serons,
qui veut contempler son devenir,
sa chair devenue matière visqueuse,
qu'on affame, qu'on violente, qu'on annihile
qui veut se regarder dans ce gouffre, pas moi,
je ne pense plus à Gaza
mais Gaza est plus près de moi
qu'Il ne l'est de ma veine jugulaire
Umar Timol