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Billet de blog 2 août 2024

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Fère-en-Tardenois où vivait ma grand-mère catholique de gauche.

Ma grand-mère, couturière pauvre de l'Aisne, est morte en juin 2003 en craignant d'aller en enfer. Le fascisme la révulsait. Son catholicisme pasolinien était celui des pauvres.

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Pourquoi éprouvé-je du mépris pour les électeurs RN et pourquoi un reportage sur l'Aisne me conforte dans ce sentiment.
L'Aisne. J'y suis allé toute mon enfance et ma jeunesse, voir ma grand-mère. Elle vivait à Fère-en-Tardenois, bourgade désormais vérolée par le RN (même circonscription que Chacrise). Elle était couturière, elle était pauvre. Quand je venais, elle me faisait des repas à tomber et pourtant, comme toutes les cuisines populaires au monde, peu coûteux.
Petit, je l'accompagnais à la messe de minuit à Noël parce qu'elle était profondément catholique. Y avait des crucifix dans toutes les chambres de son appart en HLM dans une cité à l'écart d'une ville déjà à l'écart et périurbaine.
Ma grand-mère pensait que les sans-papiers avaient le visage du Christ. Elle a demandé qu'on lise à son enterrement le Magnificat, ce texte où Dieu "renverse les trônes des puissants et élève les humbles". Elle détestait le PC mais le maire PC d'un bourg voisin lui avait dit, elle me l'avait raconté, qu'elle était bien plus communiste que nombre de ses camarades.
Elle déplorait la baisse de fréquentation des églises et suggérait, très sérieusement, qu'on en donne aux musulmans qui, eux, étaient pieux.
Ma grand-mère détestait le FN (elle est morte en 2003) parce que Le Pen était un légionnaire de l'Antéchrist.
Je pense à elle en voyant ces pauvres gens lepénisés et je les méprise parce que je pense à elle. C'est l'angle de mon mépris. Si ces gens ne sont pas coupables, c'est ma grand-mère qui l'était.
Le point fondamental, en vérité, c'est qu'elle était fière d'être pauvre. C'est, comme pour Pasolini, ce qui me touche le plus dans le catholicisme, l'amour du dépouillement et la communauté des pauvres.
Pauvre est un grand mot. Dieu renversera les trônes des puissants.
Les lepénistes sont comme ce que dit Hugo de Thénardier, de mauvais pauvres.
C'est ma grand-mère ou eux. J'ai depuis longtemps fait mon choix. C'est à moi que peu avant sa mort, elle a donné le chapelet qu'elle tenait de sa mère.
(Texte écrit il y a un mois, dans l'entre-deux tours des Législatives. Le député de Fère est RN).

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